Odes et Poèmes (Laprade)/Le poème de l’arbre

Alphonse Lemerre, éditeur (Œuvres poétiques de Victor de Lapradep. 179-192).




LIVRE DEUXIÈME




I

LE POÈME DE L’ARBRE




I

À UN GRAND ARBRE


L’esprit calme des dieux habite dans les plantes.
Heureux est le grand arbre aux feuillages épais ;
Dans son corps large et sain la sève coule en paix,
Mais le sang se consume en nos veines brûlantes.

À la croupe du mont tu sièges comme un roi ;
Sur ce trône abrité, je t’aime et je t’envie ;
Je voudrais échanger ton être avec ma vie,
Et me dresser tranquille et sage comme toi.


Le vent n’effleure pas le sol où tu m’accueilles ;
L’orage y descendrait sans pouvoir t’ébranler ;
Sur tes plus hauts rameaux, que seuls on voit trembler,
Comme une eau lente, à peine il fait gémir tes feuilles.

L’aube, un instant, les touche avec son doigt vermeil ;
Sur tes obscurs réseaux semant sa lueur blanche,
La lune aux pieds d’argent descend de branche en branche
Et midi baigne en plein ton front dans le soleil.

L’éternelle Cybèle embrasse tes pieds fermes ;
Les secrets de son sein, tu les sens, tu les vois ;
Au commun réservoir en silence tu bois,
Enlacé dans ces flancs où dorment tous les germes.

Salut, toi qu’en naissant l’homme aurait adoré !
Notre âge, qui se rue aux lutte convulsives,
Te voyant immobile, a douté que tu vives,
Et ne reconnaît plus en toi d’hôte sacré.

Ah ! moi je sens qu’une âme est là sous ton écorce :
Tu n’as pas nos transports et nos désirs de feu,
Mais tu rêves, profond et serein comme un dieu,
Ton immobilité repose sur ta force.

Salut ! Un charme agit et s’échange entre nous.
Arbre, je suis peu fier de l’humaine nature ;
Un esprit revêtu d’écorce et de verdure
Me semble aussi puissant que le nôtre et plus doux.

Verse à flots sur mon front ton ombre qui m’apaise ;
Puisse mon sang dormir et mon corps s’affaisser ;

Que j’existe un moment sans vouloir ni penser :
La volonté me trouble, et la raison me pèse.

Je souffre du désir, orage intérieur ;
Mais tu ne connais, toi, ni l’espoir, ni le doute,
Et tu n’as su jamais ce que le plaisir coûte ;
Tu ne l’achètes pas au prix de la douleur.

Quand un beau jour commence et quand le mal fait trêve,
Les promesses du ciel ne valent pas l’oubli ;
Dieu même ne peut rien sur le temps accompli ;
Nul songe n’est si doux qu’un long sommeil sans rêve.

Le chêne a le repos, l’homme a la liberté…
Que ne puis-je en ce lieu prendre avec toi racines !
Obéir, sans penser, à des forces divines,
C’est être dieu soi-même, et c’est ta volupté.

Verse, ah ! verse dans moi tes fraîcheurs printanières,
Les bruits mélodieux des essaims et des nids,
Et le frissonnement des songes infinis ;
Pour ta sérénité je t’aime entre nos frères.

Si j’avais, comme toi, tout un mont pour soutien,
Si mes deux pieds trempaient dans la source des choses,
Si l’Aurore humectait mes cheveux de ses roses,
Si mon cœur recelait toute la paix du tien ;

Si j’étais un grand chêne avec ta sève pure,
Pour tous, ainsi que toi, bon, riche, hospitalier,
J’abriterais l’abeille et l’oiseau familier
Qui, sur ton front touffu, répandent le murmure ;


Mes feuilles verseraient l’oubli sacré du mal,
Le sommeil, à mes pieds, monterait de la mousse ;
Et là viendraient tous ceux que la cité repousse
Ecouter ce silence où parle l’idéal.

Nourri par la nature, au destin résignée,
Des esprits qu’elle aspire et qui la font rêver,
Sans trembler devant lui, comme sans le braver,
Du bûcheron divin j’attendrais la cognée.

1840.



II

LA MORT D’UN CHÊNE



I

Quand l’homme te frappa de sa lâche cognée,
Ô roi qu’hier le mont portait avec orgueil,
Mon âme, au premier coup, retentit indignée,
Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.

Un murmure éclata sous ses ombres paisibles :
J’entendis des sanglots et des bruits menaçants ;
Je vis errer des bois les hôtes invisibles,
Pour te défendre, hélas ! contre l’homme impuissants.

Tout un peuple effrayé partit de ton feuillage,
Et mille oiseaux chanteurs, troublés dans leurs amours,
Planèrent sur ton front, comme un pâle nuage,
Perçant de cris aigus tes gémissements sourds.


Le flot triste hésita dans l’urne des fontaines ;
Le haut du mont trembla sous les pins chancelants,
Et l’aquilon roula dans les gorges lointaines
L’écho des grands soupirs arrachés à tes flancs.

Ta chute laboura, comme un coup de tonnerre,
Un arpent tout entier sur le sol paternel ;
Et quand son sein meurtri reçut ton corps, la terre
Eut un rugissement terrible et solennel.

Car Cybèle t’aimait, toi l’aîné de ses chênes,
Comme un premier enfant que sa mère a nourri ;
Du plus pur de sa sève elle abreuvait tes veines,
Et son front se levait pour te faire un abri.

Elle entoura tes pieds d’un long tapis de mousse,
Où toujours en avril elle faisait germer
Pervenche et violette à l’odeur fraîche et douce,
Pour qu’on choisît ton ombre et qu’on y vînt aimer.

Toi, sur elle épanchant cette ombre et tes murmures,
Oh ! tu lui payais bien ton tribut filial !
Et chaque automne à flots versait tes feuilles mûres,
Comme un manteau d’hiver, sur le coteau natal.

La terre s’enivrait de ta large harmonie ;
Pour parler dans la brise, elle a créé les bois ;
Quand elle veut gémir d’une plainte infinie,
Des chênes et des pins elle emprunte la voix.

Cybèle t’amenait une immense famille ;
Chaque branche portait son nid ou son essaim :

Abeille, oiseaux, reptile, insecte qui fourmille,
Tous avaient la pâture et l’abri dans ton sein.

Ta chute a dispersé tout ce peuple sonore ;
Mille êtres avec toi tombent anéantis ;
A ta place, dans l’air, seuls voltigent encore
Quelques pauvres oiseaux qui cherchent leurs petits.

Tes rameaux ont broyé des troncs déjà robustes ;
Autour de toi la mort a fauché largement.
Tu gis sur un monceau de chênes et d’arbustes.
J’ai vu tes verts cheveux pâlir en un moment.

Et ton éternité pourtant me semblait sûre !
La terre te gardait des jours multipliés…
La sève afflue encor par l’horrible blessure
Qui dessécha le tronc séparé de ses pieds.

Oh ! ne prodigue plus la sève à ces racines,
Ne verse pas ton sang sur ce fils expiré,
Mère ! garde-le tout pour les plantes voisines :
Le chêne ne boit plus ce breuvage sacré.

Dis adieu, pauvre chêne, au printemps qui t’enivre.
Hier, il t’a paré de feuillages nouveaux ;
Tu ne sentiras plus ce bonheur de revivre.
Adieu les nids d’amour qui peuplaient tes rameaux.

Adieu les noirs essaims bourdonnant sur tes branches,
Le frisson de la feuille aux caresses du vent,
Adieu les frais tapis de mousse et de pervenches
Où le bruit des baisers t’a réjoui souvent.


Ô chêne, je comprends ta puissante agonie !
Dans sa paix, dans sa force, il est dur de mourir ;
A voir crouler ta tête, au printemps rajeunie,
Je devine, ô géant ! ce que tu dois souflrir.

Ainsi jusqu’à ses pieds l’homme t’a fait descendre ;
Son fer a dépecé les rameaux et le tronc ;
Cet être harmonieux sera fumée et cendre,
Et la terre et le vent se le partageront !

Mais n’est-il rien de toi qui subsiste et qui dure ?
Où s’en vont ces esprits d’écorce recouverts ?
Et n’est-il de vivant que l’immense nature,
Une au fond, mais s’ornant de mille aspects divers ?

Quel qu’il soit, cependant, ma voix bénit ton être
Pour le divin repos qu’à tes pieds j’ai goûté.
Dans un jeune univers, si tu dois y renaître,
Puisses-tu retrouver la force et la beauté !

Car j’ai pour les forêts des amours fraternelles ;
Poète vêtu d’ombre, et dans la paix rêvant,
Je vis avec lenteur, triste et calme ; et, comme elles,
Je porte haut ma tête, et chante au moindre vent.

Je crois le bien au fond de tout ce que j’ignore ;
J’espère malgré tout, mais nul bonheur humain :
Comme un chêne immobile, en mon repos sonore,
J’attends le jour de Dieu qui nous luira demain.

En moi de la forêt le calme s’insinue ;
De ses arbres sacrés, dans l’ombre enseveli,

J’apprends la patience aux hommes inconnue,
Et mon cœur apaisé vit d’espoir et d’oubli.

Mais l’homme fait la guerre aux forêts pacifiques ;
L’ombrage sur les monts recule chaque jour ;
Rien ne nous restera des asiles mystiques
Où l’âme va cueillir la pensée et l’amour.

Prends ton vol, ô mon cœur ! la terre n’a plus d’ombres
Et les oiseaux du ciel, les rêves infinis,
Les blanches visions qui cherchent les lieux sombres,
Bientôt n’auront plus d’arbre où déposer leurs nids.

La terre se dépouille et perd ses sanctuaires ;
On chasse des vallons ses hôtes merveilleux.
Les dieux aimaient des bois les temples séculaires,
La hache a fait tomber les chênes et les dieux.

Plus d’autels, plus d’ombrage et de paix abritée,
Plus de rites sacrés sous les grands dômes verts !
Nous léguons à nos fils la terre dévastée,
Car nos pères nous ont légué des cieux déserts.


II

Ainsi tu gémissais, poète, ami des chênes,
Toi qui gardes encor le culte des vieux jours.
Tu vois l’homme altéré sans ombre et sans fontaines….
Va ! l’antique Cybèle enfantera toujours !

Lève-toi ! c’est assez pleurer sur ce qui tombe ;
La lyre doit savoir prédire et consoler ;

Quand l’esprit te conduit sur le bord d’une tombe,
De vie et d’avenir c’est pour nous y parler.

Crains-tu de voir tarir la sève universelle,
Parce qu’un chêne est mort et qu’il était géant ?
Ô poète ! âme ardente, en qui l’amour ruisselle,
Organe de la vie, as-tu peur du néant ?

Va ! l’œil qui nous réchauffe a plus d’un jour à luire ;
Le grand semeur a bien des graines à semer.
La nature n’est pas lasse encor de produire :
Car, ton cœur le sait bien, Dieu n’est pas las d’aimer.

Tandis que tu gémis sur cet arbre en ruines,
Mille germes là-bas déposés secret.
Sous le regard de Dieu veillent dans ces collines,
Tout prêts à s’élancer en vivante forêt.

Nos fils pourront aimer et rêver sous leurs dômes,
Le poète adorer la nature et chanter ;
Dans l’ombreux labyrinthe où tu vois des fantômes,
Un idéal plus pur viendra les visiter.

Croissez sur nos débris, croissez, forêts nouvelles !
Sur vos jeunes bourgeons nous verserons nos pleurs ;
D’avance je vous vois, plus fortes et plus belles,
Faire un plus doux ombrage à des hôtes meilleurs.

Vous n’abriterez plus de sanglants sacrifices ;
L’âge emporte les dieux ennemis de la paix.
Aux chants, aux jeux sacrés, vos séjours sont propices ;
Votre mousse aux loisirs offre des lits épais.


Ne penche plus ton front sur les choses qui meurent ;
Tourne au levant tes yeux, ton cœur à l’avenir.
Les arbres sont tombés, mais les germes demeurent ;
Tends sur ceux qui naîtront tes bras pour les bénir.

Poète aux longs regards, vois les races futures,
Vois ces bois merveilleux à l’horizon éclos ;
Dans ton sein prophétique écoute leurs murmures ;
Ecoute : au lieu d’un bruit de fer et de sanglots,

Sur des coteaux baignés par des clartés sereines,
Où des peuples joyeux semblent se reposer,
Sous les chênes émus, les hêtres et les frênes,
On dirait qu’on entend un immense baiser !

1842


III

LE BUCHERON


I

Le chêne aux flancs noueux dans l’herbe est couché mort,
Mais du vieux bûcheron c’est le dernier effort ;
Il pose sa cognée et s’accoude au long manche ;
Il se courbe, en soufflant, le pied sur une branche ;
Son morceau de pain noir est gagné pour demain ;
Et, s’essuyant le front du revers de la main :

« Triste et rude métier que de porter la hache !
À ce labeur de mort quel dieu m’a condamné ?

Sur tes plus beaux enfants j’ai frappé sans relâche,
Et je t’aime pourtant, forêt où je suis né !

« Ton ombre est mon pays ; j’y vieillis ; je sais l’âge
Des grands chênes épars sur les coteaux voisins.
Jamais je ne dormis dans les murs d’un village ;
Je ne cueillis jamais le blé ni les raisins.

« Ma mère me berça dans la mousse et l’écorce ;
J’ai, dans un nid pareil, vu dormir mes enfants ;
Et, comme moi jadis, fiers de leur jeune force,
Ils grimpaient, tout petits, sur l’arbre que je fends.

« J’ai compté de beaux jours, hélas ! et des jours sombres
Que savent tous ces bois, complices ou témoins ;
J’ai connu d’autres maux que la faim sous leurs ombres ;
Dans un corps endurci l’âme ne vit pas moins.

« Je la sens s’agiter sous le joug qui m’enchaîne ;
Et l’arbre, gémissant de mes coups assidus,
Parle au noir bûcheron qui fend le cœur du chêne
Comme aux pales rêveurs sur la mousse étendus.

« J’eus chez vous mon printemps, mes songes, mes chimères,
Arbres qui modérez le soleil et le vent !
J’ai versé sur vos pieds des larmes bien amères,
Mais pour moi votre miel a coulé bien souvent.

« J’entends parfois de loin monter la voix des villes,
Elle m’arrive en bruits douloureux et discords ;
J’aime mieux écouter ces feuillages mobiles
D’où pleut un frais sommeil sur l’âme et sur le corps.


« D’ailleurs, la voix qui siffle en traversant l’érable,
Le son calme et plaintif qui s’exhale du pin,
Ont un écho dans moi, profond, vague, ineffable
Dont j’écoute en tous lieux le murmure sans fin.

« Si j’ai vos bras noueux, vos cheveux longs et rudes,
J’ai mes chansons aussi, mes bruits graves et doux,
Et sur mon front ridé le vent des solitudes,
O chênes fraternels, frémit comme sur vous !

« En ennemi, pourtant, sur ces monts que j’outrage,
La hache en main, frappant tous mes hôtes chéris,
Liés en vifs faisceaux pour un sordide usage,
Des rameaux et des troncs j’entasse les débris.

« Aussi mon âme est triste et j’ai le regard sombre ;
Destructeur des forêts, je me suis odieux ;
J’ai déjà dépouillé cent arpents de leur ombre ;
J’ai fait place aux humains ; pardonnez-moi, grands dieux !

« Mais c’est la pauvreté qui par moi vous profane,
Saints temples des forêts, arbres que j’aime en vain !
Pour mes fils affamés dans ma pauvre cabane,
Chaque arbre, hélas ! qui tombe est un morceau de pain.

« La pauvreté ! c’est elle avec qui ce fer lutte ;
Elle fait taire en moi ces choses que j’entends ;
C’est elle qui renverse, en pleurant sur sa chute,
Pour les besoins d’un jour, le chêne de cent ans.

« Heureux ! — si le bonheur visite un riche même,
Loin de cette ombre antique où parle un dieu caché, —

Heureux le laboureur, heureux celui qui sème
Et reçut des aïeux son champ tout défriché !

« Il ne récolte pas son pain du sacrilège ;
Tranquille en son labeur, ignorant mes combats,
Il n’a jamais sapé le toit qui le protège,
Ces vieilles amitiés qu’en frémissant j’abats.

« Adieu les troncs divins qu’un peuple immense habite,
Les abeilles et l’homme et les oiseaux du ciel,
Tours que le vent balance et dont le flanc palpite
Ruisselant de fraîcheur, d’harmonie et de miel !

« Il en reste un… marqué du sceau fatal du maître,
Mon plus cher souvenir… à frapper quelque jour.
Mon vieil hôte, du bois l’ornement et l’ancêtre
À lui de s’écrouler… Puis ce sera mon tour ! »


II

Frappe, ô vieux bûcheron, et détruis sans murmures :
Les anciennes forêts pour la hache sont mûres.
L’orage est, comme toi, terrible et bienfaisant.
Oui, votre office est rude et ton fer est pesant :
Car ces bois sont pour toi consacrés par des tombes,
Ces rameaux ont porté le nid de tes colombes,
Et ce chêne entouré d’un culte filial
Prêta sa mousse épaisse à ton lit nuptial.
Dans le vague sommeil où son ombre te plonge,
De tes jeunes saisons le rêve se prolonge.
Il est dur de saper et de jeter au feu
Les vieux piliers du temple où l’on a connu Dieu.

Mais des vallons obscurs et peuplés de fantômes
Aux ailes d’or du jour il faut ouvrir les dômes,
Pour qu’un soleil fécond fasse, en dardant sur eux,
Fuir de l’humide sol les esprits ténébreux,
Et, préparant les champs à des moissons prochaines,
Livre à des bras humains le royaume des chênes.
Dieu le veut ! les cités déplacent les forêts,
Et le désert souvent suit la cité de près.
Comme l’arbre, à son jour, quitte ou reprend sa feuille,
Quoi que fasse en ses flancs la ruche et qu’elle veuille,
Ainsi, docile au vent toujours prêt à souffler,
Le monde en ses saisons doit se renouveler.

Sur les coteaux ombreux pour qu’un peuple y fourmille,
Fais place avec la hache à ta jeune famille ;
Là, sous les cerisiers encor rouges de fruit,
Mille bruns moissonneurs souperont à grand bruit ;
De beaux enfants joufflus, rentrant le soir aux granges,
Passeront en chantant sur le char des vendanges,
Et les joyeux voisins viendront se convier
A rompre le pain blanc au pied de l’olivier,
Et tout ce peuple heureux des vastes métairies,
Uni pour le travail en douces confréries,
Célèbre en ses chansons l’ancêtre courageux
Qui de l’âge de fer vit les jours orageux,
Prépara le désert à la culture humaine,
Et, pour faire à ses fils un plus libre domaine,
Brava, tout en pleurant l’ombre qu’il adorait,
L’amour et la terreur de l’antique forêt.


1846.