Odes (Horace, Séguier)/IV/15 - Louanges d’Auguste

Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 169-171).


XV

LOUANGES D'AUGUSTE



J’allais chanter Mars et les cités vaincues ;
Phébus, de son plectre alors m’intimidant :
      « Quoi ! dit-il, tes voiles exiguës
   Risquer la mer ? » — César, ton ascendant
Sur notre heureux sol ramena l’abondance ;
À notre Jovis il rendit ces drapeaux
      Dont le Parthe, en sa noire impudence,
   Ornait ses murs, et, dans un doux repos
Enfermant Janus, constamment il réprime
Les pas frauduleux hors des chemins battus ;
      En un mot, il a chassé le crime
   Et rappelé les antiques vertus,
Qui du nom latin, des familles itales,
Accrurent la force, et par qui fut porté,
      Du couchant aux mers orientales,
   L’éclat de Rome avec sa majesté.
Auguste debout, plus de guerres civiles
Ni de violence exilant tout loisir ;
      Plus de haine aiguisant dans nos villes
   Des fers d’épée infâmes à plaisir.


Non, les riverains du Danube, le Sère,
Le Gète vaillant les Sarmates hardis,
      Le Persan, déloyal adversaire,
   N’enfreindront pas les juliens édits.
Et nous, chaque jour de travail ou de fête,
Goûtant de Liber la joyeuse liqueur,
      (Aux grands dieux toute prière faite),
   Avec nos fils, nos matrones en chœur,
Nous dirons, au bruit des flûtes lydiennes,
Comme au bon vieux temps, les chefs pleins d’équité,
      Anchisès et les gloires troyennes,
   L’alme Vénus et sa postérité.