Traduction par Jacques Mondot.
Poncelet (p. 12-16).
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        Ne promet
        Ny permet
Qu’on puisse conceuoir
De maint âge vn doux espoir,
        La nuict pasle
        Nous deualle
        Plein d’orgueil
        Et de dueil
        Au cercueil.
  Souz les antres de Pluton
Estant enclos le bouton
        Sans couleur,
        De la fleur
D’vne ieune saison,
En ceste triste maison
        L’estincelle
        Plus cruelle
        De l’Amant
        Languissant
        Va mourant.


À   P Y R R H A.
Que ceux là sont miserables, qui la
courtisent & luy font l’amour.

ODE V.

Qvel beau ietõ de mille odeurs sacrees
Tiré iadis de la race des Dieux
Aux lieux plus cois des antres gracieux
Vient assaillir vos beautés diaprees ?


Pirrha qui eſt pour qui la blonde treſſe
De vos cheueux pl° beaux qu’vn creſpe d’or
D’vn fil doré les enlaſſés encor
Pour de ſon cœur vous rendre domptereſſe ?

Combien de foys pourra il voir changee
Ta volonté qui te trompe & ſeduit,
Ta loyauté combien de fois la nuit
D’vn pleur cuiſant voudra rẽdre vengee ?

Combien de fois las ! verra il l’orage
Sifflant, bruyant, tout contraire a ſes vœux,
Quand quelquefois ton amour dangereux
Se veſtira d’vne poignante rage ?

Bien que ton œil, ton regard, & ta bouche,
Et la beauté qui te fait tant aymer
À ſon coſté ſoudain vienne allumer
Vn nouueau feu, ne te voyãt farouche

Et d’vn eſpoir te conceuant contẽte
De luy, ſans plus qui ſeul te veut ſeruir
Pour ton Amour iuſtement deſſervir
Le tout il met ſur toy de ſon attente.

Mais de te voir ſon œil inſatiable
N’ayant encor la falace éprouué
Du traiſtre archer (de ſes traits abreuué)
Dit : las amour que tu es variable.

L’aſtre qui luit ſur nous ny la Fortune
Ne peult d’enhault plus grands maux decocher
Deſſus celluy qui ne peult arracher
Son cœur du tien à tromper trop cõmune.


I’ay de Neptun’conſacré dans le Temple
De cẽt couleurs vn pourtrait cõpaſſé,
 Qui monſtre au vif le naufrage tracé
De mes Amours, qu’encor’chacun cõtemple.