Odes (Horace, Leconte de Lisle)/IV/12

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XII. — À VIRGILIUS.


Déjà les compagnons du printemps, les souffles de la Thracia qui apaisent la mer, gonflent les voiles, déjà les prés ne sont plus rigides, et les fleuves ne retentissent plus, grossis par la neige hivernale.

L’oiseau malheureux qui gémit et pleure sur Itys fait son nid, cet éternel opprobre de la maison Cécropiænne, car il s’est cruellement vengé des barbares désirs d’un roi.

Sur l’herbe molle, les gardiens des grasses brebis chantent, s’accompagnant de leurs flûtes, et charment le Dieu à qui plaisent les troupeaux et les noires collines de l’Arcadia.

La saison amène la soif, Virgilius ; mais si tu veux boire le vin de Calénum, il te faut, client des nobles jeunes hommes, l’acheter par du nard.

Une petite coquille de nard fera paraître le tonneau qui est couché dans les celliers de Sulpicius abondant en espérances nouvelles et très-efficace contre les soucis amers.

Si tu désires ces joies, viens promptement avec le prix convenu. Je ne veux pas t’abreuver pour rien de mes coupes, comme un riche dans sa maison pleine.

Ni retard, ni souci d’intérêt. Souviens-toi des sombres feux du bûcher, et, pendant que tu le peux, mêle une courte folie à ta sagesse. Il est doux de s’oublier par moment.