Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/2

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode II. — À LA JEUNESSE ROMAINE.


Que le robuste jeune homme, par une rude discipline, apprenne à subir sans se plaindre l’étroite pauvreté ; que, cavalier redoutable, il harcelle de sa lance les Parthes indomptés.

Qu’il vive toujours en plein air et au milieu des choses alarmantes. Que la femme du tyran ennemi, que la vierge fiancée, le regardant du haut des tours assiégées,

Soupire : — Hélas ! Puisse mon royal époux, ignorant les combats, éviter le choc de ce lion terrible qu’une fureur sanglante emporte à travers le carnage ! —

Il est doux et beau de mourir pour la patrie. La Mort poursuit le fuyard et n’épargne ni les jarrets, ni le dos timide d’une lâche jeunesse.

La Vertu ignore les honteux affronts, elle brille d’honneurs immaculés ; elle ne prend ni ne dépose les haches au gré du souffle populaire.

La Vertu, fermant le ciel à ceux qui ont mérité de ne point mourir, y monte par des voies inconnues ; elle fuit avec dédain, d’une aile rapide, les vulgaires multitudes et la terre fangeuse.

Une sûre récompense est aussi réservée au silence fidèle. J’interdirai à celui qui aura révélé les mystères de Cérès d’habiter sous les mêmes poutres et de monter sur la même nef fragile que moi.

Souvent Diespiter oublié joint l’innocent au coupable. Le Châtiment au pied boiteux abandonne rarement la trace du scélérat qui fuit.