Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/19
Traduction Leconte de Lisle, 1873
Tu nous dis combien de temps il y a d’Inachus
à Codrus qui n’hésita point à mourir pour la
patrie, et la race d’Æacus et les guerres
combattues sous le saint Ilion ; mais le prix que nous
donnerons d’un tonneau de Chios, qui fera
chauffer l’eau, qui offrira sa maison, à quelle heure nous serons garantis d’un froid Pélignien, tu ne
le dis pas. — Enfant, verse promptement pour la
lune nouvelle, pour la nuit à sa moitié, pour l’augure Muréna ! Que les vins soient mêlés dans trois
ou neuf coupes. Le poëte enivré, qui aime les
Muses en nombre impair, demandera trois fois
trois coupes. Les Grâces, nues et les mains unies,
et qui craignent les querelles, défendent d’en boire
trois de plus. Il me plaît d’être ivre. Pourquoi le
souffle de la flûte de Bérécynthia cesse-t-il ? Pourquoi le chalumeau reste-t-il suspendu, muet, avec
la lyre ? Je hais les mains paresseuses. Répandez
des roses ! Que l’envieux Lycus entende le bruit de
notre ivresse, et notre voisine aussi, mal unie au
vieux Lycus ! Rhodé est nubile et te recherche,
Téléphus, beau de ton épaisse chevelure et semblable au clair Vespérus. Pour moi, l’amour de ma
Glycéra me consume.