Ode en l’honneur du vin de Saint-Jean-de-Braye

ODE
EN L’HONNEUR DU VIN DE S.-JEAN-DE-BRAYE.



Séance du 26 avril 1822.


Accordons les honneurs suprêmes à l’excellente bouteille, présent du divin précurseur que ce territoire invoque sous trois noms différens.

Loin de nous, ô Bacchus ! père d’une joie insensée, ainsi que toi, Silène ; vous n’êtes que des divinités profanes et peu convenables à la pureté de notre doctrine.

Viens plutôt à mon secours, divin fabricateur de l’arche ! enseigne-moi les qualités de la plante qu’arrose la droite de la Loire pour l’honneur de ma patrie.

C’est de ce fleuve que nos vignes tirent leur gloire, c’est par lui que le nectar empourpré jaillit si brillant de nos pressoirs, dont le bruit joyeux fait retentir les collines.

Mais combien cette saveur ne sera-t-elle pas délicate ! De quelle sensation durable ne flattera-t-elle pas nos sens, lorsque le soleil, de sa roue annuelle, l’aura quatre fois adoucie ?

Alors le feu de la liqueur ni trop vive ni trop lente, par son agréable parfum, inspire à mes concitoyens des sentimens élevés, et une sagesse aimable.

En y portant les lèvres, quelle agréable erreur vient agiter mes sens ! je vois se présenter à ma vue les hommes célèbres que ma patrie a produits.

Je vous chanterai les premiers, cœurs magnanimes ; qui sous la bannière religieuse d’une vierge sauvâtes d’un joug étranger l’auguste trône de nos Rois.

Ta marches à côté d’eux, vertueux jurisconsulte, soutien la lumière du barreau, tu éclaires les détours de l’iniquité, et tu pèses au poids du sanctuaire nos devoirs et nos droits.

Auprès de lui s’avance l’illustre Petit ; même après sa mort il guérit le pauvre et dispense ses secours à ceux que pendant sa vie sa main bienfaisante a nourris.

Voilà le célèbre Péteau, qui consumait ses jours dans de doctes veilles : il soumit au calcul les siècles passés, et nous a peint les empires s’écroulant avec les mœurs.

Salut, ô Patrie si long-temps désirée ! ville célèbre, qui dans la science des lois a mérité les palmes de l’honneur ; toi dont le sol fertile remplit nos coupes d’une liqueur si agréable.

D’après ce dernier bienfait, le docte chœur qui honore le gymnase, célèbre à l’envi notre Roi et chante son auguste nom en élevant avec joie les verres retentissans.