Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 265-266).

CIX.

MES LYS BLANCS.

Dans mon jardin j’avais des roses,
J’avais des lys et des lilas.
Mes pâles roses restaient closes
Et mes lilas ne fleuraient pas.

J’ai dédaigné les roses closes.
Pâle d’émoi, les doigts tremblants,
Pour mon idole aux yeux moroses
J’ai récolté les beaux lys blancs.

— « Je t’offre, ô dieu ! ma blanche offrande,
Les lys ont plu toujours aux dieux.
En récompense je demande
Le bleu sourire de tes yeux. »

Les yeux rêveurs, les lèvres closes,
Le dieu chéri n’a pas souri. —
Voici mûrir les pommes roses
Et les fleurs d’automne ont fleuri.


Laisse mourir mes fleurs d’automne,
Dahlia pourpre et souci d’or,
Au doux murmure monotone
De la forêt qui rêve encor.

Laisse mourir mes fruits d’automne,
Sous l’azur pur de tes yeux froids.
Ô dieu cruel ! je te les donne
Sans l’espérance d’autrefois.