Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 258).

CIII.

VERS LA LANDE.


Viens, donne-moi la main, nous irons vers la lande,
Par la forêt mouillée où chante le coucou.
Les genêts sont parés de fleurs d’or en offrande,
La mousse est emperlée et l’air est moite et mou.

Il a plu — sur nos fronts, quand soupire la brise,
S’égoutte encor l’ondée en baptême de pleurs.
Vois s’ouvrir le sentier comme un portail d’église.
Voici la lande sombre et sans tapis de fleurs.

Sous le ciel blême et gris, sur la bruyère brune
S’en vont les blonds moutons, bêlant plaintivement.
Les mornes flaques d’eau stagnantes, blanc-de-lune,
Sont comme des yeux morts, au regard obsédant.

La lande me désole, ami, viens, je préfère
La forêt printanière où chante le coucou.
Allons sous la feuillée et dans l’ombre légère,
Ton regard dans mes yeux et ton bras à mon cou.