Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 185).

XLV.

LA NUIT TOMBE.


Le ciel hostile est blême et soudain la nuit tombe.
La main de la terreur s’abat sur mon épaule.
Le champ noir du labour a des sombreurs de tombe,
Je sens mon cœur trembler lorsqu’une fleur me frôle.

J’ai peur d’un autre pas que le mien sur la route
Et je crains les forêts massives que je longe
Et leur mystérieux murmure et je redoute
La solitude affreuse où ton dédain me plonge.

J’ai lu dans le ciel blême, ainsi que sur la porte
De l’Enfer, qu’il me faut laisser toute espérance.
J’entends gémir mon cœur, cet enfant que je porte,
Enfant triste et malade, alourdi de souffrance.

Et je sais que jamais, dans l’ombre où, faible femme,
J’entends pleurer mon cœur, éperdu comme un saule,
Jamais n’apaisera l’angoisse de mon âme
La main de mon amour tombant sur mon épaule.