Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 173-174).

XXXVIII.

DIMANCHE PRINTANIER.


Je voudrais être
Une enfant pure de quinze ans
Qui rêve, blonde, à sa fenêtre,
Un clair dimanche de printemps,
Livrant aux baisers de la brise
Mes cheveux longs fleurant l’encens,
Car je reviendrais de l’église,
Sans voir les regards des passants.
Je garderais les lèvres closes,
Pour savourer le goût de roses
Qu’aurait mis l’hostie en mon cœur.
Et, profilant ma blancheur pure,
Sur le ciel doux qu’Avril azuré,
Je me sentirais fondre en mystique langueur.

Et, tout-à-coup, sous ma fenêtre
Tu passerais

Et je croirais te reconnaître,
Du fond d’un rêve où tu m’aimais.
Je laisserais tomber la rose,
Cueillie au treillis du balcon,
Et tu prendrais, joyeux et rose,
Mon premier don.
Tu baiserais la fleur éclose,
Mon cœur tressaillerait d’un bond.
Et je saurais que, dans l’église,
Mon doux amour pour mon Sauveur
M’ouvrait le cœur pour que m’élise
L’aimé qui donne le bonheur.
Tu baiserais mon âme éclose
Avec tes yeux fervents et bleus.
Je voilerais ma bouche rose
Avec les flots de mes cheveux.
Mais tu verrais fleurir mon âme
Et, dans mes yeux,
Tous mes aveux,
Comme, en un soir d’or et de flamme,
On voit des anges dans les cieux.