Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 122-123).

IX.

CONSOLATION.


« Ô toi qui mis ma main dans la main de cet autre,
Pour qu’il me donnât le bonheur,
Pourquoi tes cheveux longs et ton beau front d’apôtre
Reviennent-ils hanter mon cœur ?

Je revois le bleu frais de tes joyeux yeux d’ange
Et ton sourire lumineux
Et ton haleine pure est comme un baume étrange
Sur la brûlure de mes yeux.

Tu parles à mon cœur, tout bas, de ta voix tendre,
Comme aux jours perdus à jamais.
Tu dis : — « Oh ! vois les bras qui vers toi vont se tendre,
Il t’aime comme je t’aimais.

« C’est moi qui l’ai voulu, vois, c’est moi qui le mène
Vers toi qui pleurais à genoux.
Après l’amour cruel et l’espérance vaine,
Voici l’amour fidèle et doux.


« Oh ! dans le clair azur où j’éployais mes ailes,
J’ai souffert de te voir souffrir.
Si ton cœur va se fondre en extases nouvelles,
Tu le dois à mon souvenir.

« Je me suis rappelé les marronniers d’automne,
Sur le chemin qui mène au bois,
Donnant leur floraison, dont le cœur mûr s’étonne,
Joyeux, pour la seconde fois.

« Je me suis rappelé ma floraison dernière
Et le bonheur de nos aveux
Et notre amour vibrant de joie et de lumière
Et j’ai béni tes doux yeux bleus.

« Chère âme, et c’est pourquoi mon image te hante,
Ce bel automne plein d’émoi.
Vois, pour ta soif d’amour le fruit mûr qui te tente,
Oh ! prends, je l’ai cueilli pour toi. »