Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 111-112).

II.

ESPOIR D’ENFANT.


— « Oh ! viens, mon bien-aimé, nous marierons nos âmes »,
Priais-je, ouvrant les bras pour enlacer l’ami.
Et mon cœur ingénu, d’où s’élancaient des flammes,
Palpitait d’espérance et tremblait d’infini.

J’étais l’enfant-poète, ivre d’un rêve étrange.
Quand le vent soulevait mes blonds cheveux bouclés,
Je me sentais frôler par les ailes d’un Ange,
Je voyais ses yeux d’or dans les cieux étoilés.

L’âme-sœur qu’invoquaient ma prière et mon rêve,
Toute ma vie en pleurs, je l’attendis en vain.
Depuis, dans mes cheveux, quand le vent les soulève,
Je ne sens plus frémir le mystère divin.

Plus d’un m’a dit : — « Je t’aime, oh ! voulons-nous ensemble
Aller reconquérir le paradis perdu ?
C’est moi ton âme-sœur, viens, mets ta main qui tremble
Dans ma main pour trouver le ciel qui nous est dû ! »


Mais ce n’était pas Lui. Je restai solitaire,
Le cœur déçu, les yeux en pleurs, l’âme en exil
Et n’espérant plus rien du ciel et de la terre.
Mais de ce cri d’enfant pourquoi me souvient-il ?

Après la mort du rêve et l’amour et ses drames
Et mes appels vers Dieu qui n’a pas répondu :
— « Oh ! viens, mon bien-aimé, nous marierons nos âmes
Et nous retrouverons le paradis perdu ! » ?