Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 104).

L.

EN HIVER.


N’écoute plus siffler la bise acariâtre.
La rue est morne et grise et les jardins sont morts.
Mais dans la chambre close et la tiédeur de l’âtre,
Voici le bon divan, endormeur des efforts.

Oh ! ne regarde plus ce jardin de Novembre,
Où le saule éploré tord ses longs cheveux roux !
Blotissons-nous, frileuse, au giron de la chambre,
Comme un enfant rêveur qu’on prend sur les genoux.

Dans les coussins moelleux j’invoque en vain le songe,
Lasse d’avoir lutté, le cœur endolori.
Et mon front palpitant de fièvre en vain se plonge
Dans le duvet câlin comme un doux cœur d’ami.

Mon cœur endolori, tu ne crois plus au rêve,
Tu ne sais plus rêver, car tu n’a plus d’espoir.
Ne vaudrait-il pas mieux aller mêler ta sève
Aux fleurs du cimetière écloses vers le soir ?