Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 68).

XXII.

APRÈS L’ÉTÉ.


Mes yeux las ont perdu le don sacré des larmes,
Ma bouche a désappris le rire et le baiser,
Mon réveil est sans joie et mon rêve est sans charmes.
Je livre en vain mon cœur au vent pour l’apaiser.

Le fraîcheur des forêts ne calme pas mes fièvres,
La pâleur du ciel gris plane en vain sur mon cœur.
Et l’étang n’éteint pas les ardeurs de mes lèvres
Et rien ne guérira ma mortelle langueur.

Dans les parfums de phlox, de bruyère et de prunes,
Sous les pleurs de la pluie agonise l’été.
Et l’ombre de l’automne est sur les plaines brunes
Et ses pas doux et lents sur le sol velouté.

Le forêt semble un mur d’épais et noir feuillage,
Sur le gris blêmissant de l’horizon fermé.
Je cache dans mes mains l’émoi de mon visage.
Je pleure sur mon cœur qui ne fut pas aimé.