Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 52).

VII.

SOIR D’ÊTÊ.


Les parfums doux et lourds des sureaux et des roses
Alanguissent l’air moite, à l’ombre du noyer.
Dans le souffle odorant des corolles écloses
Je sens fondre ma force et mon cœur se noyer.

Sur le ciel blanc de lait la forêt semble noire.
Nulle brise n’émeut la lupine aux fleurs d’or,
Ondule dans les flots d’argent du seigle et moire,
Autour des cygnes lents, la fontaine qui dort.

Et j’étouffe en ce calme et j’aspire à l’orage
Que présagent les cris aigus des paons lointains,
Car en mon cœur amer que la douleur ravage
Se crispent les effrois des vides lendemains.

Et la torpeur de l’air et l’haleine des roses
Et des sureaux en fleur, sous le ciel tiède et lourd,
Exaspèrent mon cœur, dans la douceur des choses,
Et j’appelle à longs cris l’orage de l’amour.