Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 40).

XXVIII.

JE DEVRAIS TE HAÏR…


Je devrais te haïr. — Tu pris dans l’arsenal
De ton esprit cruel des poignards et des flèches
Et des venins subtils empoisonnant les pêches
Que ta rancœur m’offrait pour me faire du mal.

Je devrais te haïr, mais non pas pour la haine,
Pour l’amour simple et doux un dieu créa mon cœur.
Au-delà du bonheur tué par ta rancœur
Plane mon âme blanche, immortelle et sereine.

Je devrais te haïr, mais je veux oublier
Le martyre subi pour évoquer les heures
De notre amour lointain, car je sens que tu pleures,
Comme pour l’oiseau mort sanglote un écolier.

Il a pris et tué tout un nid de mésanges,
Féroce, ivre d’orgueil, comptant les oiseaux morts,
Mais tout-à-coup son cœur est crispé de remords.
Il pleure, car il sait qu’il fait pleurer les Anges.