Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 31-32).

XXII.

DIMANCHE.


Sous le portique enguirlandé d’aristoloches,
J’écoute les appels dominicaux des cloches.

Les feuillages touffus, dans le bois, presque noir,
Ont perdu leur vert clair, couleur de jeune espoir.

Drus et durs, découpés sur l’azur pur qui brille,
Ils n’ont plus leur gracile élan de jeunes filles.

Les blés sont déjà blonds et nul soufHe ne court
Dans les bois, las du ciel trop bleu, de l’air trop lourd.

Les lilas sont fanés et les blanches ombelles
Éclosent aux sureaux, ainsi que des ombrelles.

Un merle siffle un air très simple, un loriot
Module, monotone, un chant fait d’un seul mot.

Une enfant blonde passe, en robe rose et blanche.
Nous aurons un orage à la fin du dimanche.


Le parfum des sureaux, sous le ciel étouffant,
Me rappelle l’enfance, au jardin du couvent.

Un sureau fleurait doux, arbre ombreux et robuste,
Me troublait, m’enivrait de son odeur vénuste.

Je lui tendais les bras, j’appuyais à son tronc
Le rêve de bonheur palpitant sous mon front.

Oh ! l’odeur des sureaux ne veut pas que j’oublie
Celui qui me vola, pour la briser, ma vie.

Ô les sureaux en fleur ! ô mon cœur vide et lourd,
Si lourd de désespoir et si vide d’amour !

Oh ! dis — sur le gravier quel pas joyeux s’approche ?
J’écoute — Les oiseaux se sont tus et les cloches.

Si c’était lui ? Je l’ai rêvé… mais non, jamais
Mes yeux ne reverront celui que tant j’aimais.

Ce pas… il est passé. Mon rêve me bafoue.
Oh ! des pleurs pour laver ses baisers de ma joue !