Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 18-19).

XII.

SOIR DE LUNE.


Un soir de lune et d’autrefois,
Un soir lourd d’amour, dans les bois…

Comme une femme qui se pâme,
Une colombe roucoulait.
Je voulais te donner mon âme.
Suave et blanc comme du lait,
Le doux ciel amoureux coulait
Dans les frondaisons déjà noires.
Le vent faisait trembler des moires
Sur la fontaine, au fond du bois.
Nous étions pâles et sans voix.
— Tu ne sais plus, je me rappelle —
Ma bouche n’était plus rebelle
Et nos baisers longs et profonds
Nous faisaient chanceler d’ivresse.
Nos yeux d’extase et de caresse

Disaient comme la chair se fond,

Pour laisser l’âme unie à l’âme.
La brise gémissait d’amour comme une femme.

Ô toi qui ne te souviens plus
De nos longs baisers éperdus,
Tu ne sais plus que le vieux chêne,
Abritant mon coeur tout noyé
D’espoir en l’union prochaine,

Ce même été, fut foudroyé.