Océan vers/Ô royauté pliant a la pois sous le faix !

XIII

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Ô royauté pliaxit à la fin sous le faix !
Epanouissement lugubre des forfaits !
Expiation formidable !

Tristan répercuté par Marat ! châtiment
Qui monte l’escalier des siècles lentement !
Noir paiement des dettes sans nombre !
Ah ! les pleurs ! le soupir qui dans la geôle éclôt,
La cruche d’eau mêlant son sanglot au sanglot
De la bouche qui boit dans l’ombre.

Oui, toute la clameur de vingt règnes de deuil,
La prison ne cédant son captif qu’au cercueil.
Dernier geôlier des monarchies,
La sombre voûte basse au fond des vieux manoirs.
Habituée à voir entrer des cheveux noirs
Et sortir des têtes blanchies.

Le grincement de dents sous le masque de fer,
L’affreux cachot profond d’où l’on entend l’enfer.
Les carcans, les chaînes, les grilles,
Les cris que sous l’amas des tours nous distinguons.
Le roulement horrible et monstrueux des gonds
Des cent portes des cent bastilles.

Le tumulte, pendant douze cents ans d’écrous,
De tous les cadenas et de tous les verrous
De toute la prison française.
Tout cet effrayant râle et tout ce désespoir
Sont dans le bruit que fit la clef du Temple un soir
En se fermant sur Louis seize.