Nouvelles poésies (Van Hasselt)/Le Fourrier de l’hiver

Études rhythmiques
Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 296-298).


Le fourrier de l’hiver.





Der Herbstwind rüttelt die Bäume.
H. Heine.





Silence ! voilà que minuit va sonner.
La cloche nocturne on l’entend frissonner
Silence ! silence ! silence !

Voilà que Novembre, sa gaule à la main,
Voilà que Novembre se met en chemin.
Silence ! silence ! silence !


La bise qui siffle gémit sous les cieux.
Pourtant comme il va souriant et joyeux !
Silence ! silence ! silence !

Les airs sont remplis de sinistres abois.
Pourtant il traverse les champs et les bois.
Silence ! silence ! silence !

Enfers, avez-vous déchaîné vos démons ?
Pourtant il traverse la plaine et les monts.
Silence ! silence ! silence !

Il souffle les feuilles des arbres jaunis,
Et chasse, en passant, les oiseaux de leurs nids.
Silence ! silence ! silence !

Il brise les fleurs, les dernières. Gazons,
Il fauche vos herbes, vos pâles toisons.
Silence ! silence ! silence !

La nuit tout entière, sa gaule à la main,
Il va dévastant toute chose, et demain…
Silence ! silence ! silence !


Demain vous aurez disparu, feuille et fleurs,
Gazons émaillés de vos vives couleurs…
Silence ! silence ! silence !

Et vous, ô pinsons qui chantiez tout le jour,
Demain vos concerts finiront à leur tour.
Silence ! silence ! silence !

Hélas ! car Novembre est venu, le fourrier
Qui vient à l’hiver préparer son quartier.
Silence ! silence ! silence !



1 novembre 1857.