Nouvelles diverses/6 septembre 1896

NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

La représentation de gala qui a eu lieu à l’Opéra impérial de Vienne à l’occasion de la visite des souverains russes et dont la Manon de Massenet avait fait les frais artistiques, a produit une impression tellement favorable sur Nicolas ii qu’il a envoyé aux fonctionnaires principaux de la surintendance générale, le baron Bezecny, le docteur Wlassack et le baron Päumann ainsi qu’au directeur, M. Jahn, et au premier kapellmeister, M. Richter, des décorations russes d’un grade élevé.

— Une nouvelle opérette intitulée le Guignol, paroles de M. Telheim, musique de M. Richard Haller, sera prochainement représentée à Vienne pour la première fois.

— Le préfet de police de Budapest a fait procéder à un recensement de toutes les bandes de musique qui existent dans la capitale hongroise. On a constaté l’existence de 130 bandes de Tziganes qui jouent dans les différents établissements de plaisir, restaurants, cafés, etc. ; le nombre de ces musiciens est de 997. En dehors des Tziganes il existe 32 bandes non militaires qui donnent un total de 216 musiciens, et 21 orchestres de dames, qui jouent principalement dans les cafés, comptant 154 artistes. On a aussi compté onze pianistes qui se font entendre dans différents établissements, et 22 musiciens de nationalité serbe qui se produisent sur le tambourin national. Les musiques militaires ne sont pas comprises dans cette statistique, mais elles jouent fréquemment dans plusieurs établissements et bals publics ; les musiciens qui se produisent à l’Exposition du millénaire n’ont pas été comptés non plus, car ils ne restent pas toujours à Budapest. On peut évaluer à deux mille le nombre de personnes qui gagnent leur pain à Budapest en faisant de la musique populaire. C’est un chiffre assez considérable pour une ville qui compte à peine un demi-million d’habitants.

— L’empereur Guillaume ii doit aller prochainement à la Porta westphalica, près Minden, en Wesphalie, pour voir le monument grandiose qu’on a érigé à son grand-père Guillaume Ier et à l’inauguration duquel il n’avait pu assister. À cette occasion, sept cents trompettes et trombones du pays exécuteront, dit-on, des fanfares en son honneur et tous les orphéonistes westphaliens se rassembleront pour chanter des chœurs. Est-ce que tous les habitants de ce pays, célèbre par ses jambons et par le pain bis qu’on nomme Pumpernickel, joueraient de la trompette ou du trombone ?

— Le chef d’orchestre Bilse, de Berlin, vient de célébrer le 80e anniversaire de sa naissance, et a reçu à cette occasion des félicitations innombrables. Sans être précisément « un virtuose de la baguette », pour nous servir d’une expression de Hans de Bülow, M. Bilse a le grand mérite d’avoir rendu populaire à Berlin les chefs-d’œuvre symphoniques, en organisant des concerts populaires où un orchestre assez nombreux jouait sous sa direction fort convenablement du Haydn, du Mozart, du Beethoven, du Schubert, du Mendelssohn et du Schumann. Le prix d’entrée variait entre 60 centimes et 1 fr. 25 c., et les ouvriers mêmes se payaient une ou deux fois par semaine le plaisir d’assister à un « concert Bilse. »

— Nos lecteurs se souviennent du projet que l’on a d’ériger un monument funéraire à J.-S. Bach dans la nouvelle église Saint-Jean à Leipzig. On annonce que le comité a déjà réuni à cet effet plus de 20.000 francs.

M. Wilhelm Speidel, directeur du Conservatoire de Stuttgard, fort connu en Allemagne comme compositeur populaire et comme pianiste, vient de célébrer le soixante-dixième anniversaire de sa naissance et a reçu à cette occasion des marques nombreuses de sympathie, surtout de la part des orphéons allemands, qui ont popularisé ses compositions.

M. Gianturco, ministre de l’instruction publique du royaume d’Italie, qui, nous avons eu occasion de le dire, est à la fois virtuose et compositeur et prend le plus grand intérêt aux choses artistiques, vient de décider la création d’une classe de plain-chant au Lycée musical de Sainte-Cécile, de Rome. Il a confié cette classe au professeur Filippo Mattoni, l’un des meilleurs chanteurs de la chapelle Giulia.

M. Bianchi, auteur d’un opéra intitulé Sarah, qui a déjà été joué avec succès, vient de terminer la partition d’un nouvel opéra en trois actes, Almanzor.

— Un opéra inédit en un acte, intitulé Refugium peccatorum, paroles de M. Louis Jugand, musique de M. Antonio De Lorenzi Fabris, sera prochainement joué à Venise.

— Un nouvel opéra du compositeur napolitain Giannini, intitulé Ruit hora (L’heure s’envole), sera prochainement joué au théâtre de Portici, près Naples. Le jeune compositeur dirigera en personne la première.

— Au festival musical de Norwich on jouera pour la première fois un opéra inédit, Héro et Léandre, paroles de M. Arrigo Boito, le librettiste de Verdi, musique de M. Luigi Mancinelli, le chef d’orchestre bien connu. Cet ouvrage sera joué ensuite au théâtre Covent-Garden.

— On a donné au Savoy-Théâtre de Londre une nouvelle opérette intitulée Wheater or No, dont la musique a été écrite par M. Luald Selby sur un livret de MM. Adrian Rossa et W. Beach.

— Les artistes anglais n’ont véritablement pas de chance en ce moment. Nous apprenons en effet que pendant une représentation au Grand-Théâtre, à Croydon, une actrice a reçu dans la cuisse toute la charge d’un pistolet. Ce nouvel accident provient uniquement de la maladresse d’un acteur.

— Lors de son voyage en Angleterre, le vice-roi chinois Li-Hung-Tchang a été gratifié, à Dalmeny, d’un concert de musique écossaise. Toute une bande a joué les meilleurs pièces de son répertoire sur la cornemuse écossaise (bagpipe), et quelques douzaines de montagnards écossais dans leur costume, qui manque absolument de pantalon, ont dansé la célèbre danse nationale (Higgland fling), qui manque tout à fait de femmes. Le vieil homme d’État chinois a semblé beaucoup admirer les jambes nues des danseurs, mais les sons du bagpipe n’avaient pas précisément l’heur de lui plaire. À un grand seigneur écossais qui lui posait la question embarrassante : « Comment plaît à Votre Excellence notre musique nationale ? » le mandarin a répliqué avec un léger sourire : « Probablement autant qu’à Votre Seigneurie la musique chinoise ». De gustibus, etc.

— Une certaine agitation se fait actuellement remarquer en Angleterre tendant à la modification de la fameuse loi sur l’observation du repos dominical, The Lord’s Day Act, qui date de 1781. Cette loi a déjà occasionné beaucoup de procès au sujet des concerts et autres délassement musicaux qu’on donnait le dimanche, et les juges ont souvent interprété d’une manière contradictoire ses prescriptions. On désire donc un texte plus clair et plus large de la loi dominicale, car même les personnes qui croient, avec raison, que la bonne musique n’empêche pas la sanctification du dimanche, ne réclament pas l’abolition du Lord’s Day Act. Tout récemment on a ouvert, le dimanche, au public la Galerie nationale de Londres, et les travailleurs, qui n’avaient jamais pu voir les trésors d’art appartenant à la nation, ne pouvant pas les visiter les jours non fériés, profitent largement de cette aubaine. Ne doit-on pas rendre accessible aux humbles ouvriers les chefs-d’œuvre de la musique aussi bien que ceux de la peinture ? Au point de vue du repos dominical, qui est certes fort désirable, un bon concert classique vaut certainement la plupart des sermons qu’on débite dans les églises anglaises et est de beaucoup préférable aux distractions auxquelles les gens de condition modeste se livrent en Angleterre le dimanche, quand ils ne s’ennuient pas mortellement chez eux.

— On a fêté récemment, à Stockholm, le soixante-dixième anniversaire de la naissance de M. Ivar Hallstrœm, le compositeur suédois le plus populaire et l’auteur, dit-on, du premier opéra national. M. Hallstrœm a écrit d’ailleurs plusieurs ouvrages dramatiques : Hertig Magnus, dont le sujet était tiré d’un épisode de l’histoire de la Suède, et qui fut représenté au théâtre royal de Stockholm en 1867 : la Montagnarde enlevée, 1874 ; la Fiancée du gnome, opéra fantastique, 1875 ; les Vikings, 1877. On lui doit aussi quelques autres compostions de moindre importance.

— L’Opéra néerlandais de Rotterdam devra, cette saison, sa subvention à une loterie originale. Un comité vend 25.000 numéros au prix de deux francs. Les lots seront formés par cent titres d’abonnement pour la saison entière, et c’est le directeur qui touchera les 50.000 francs que cette loterie doit rapporter.

M. Grau, le directeur du Métropolitan Opera-house de New-York et du théâtre Covent-Garden de Londres pendant la prochaine saison, est en train de compléter ses engagements d’artistes chanteurs. Or, plusieurs grands artistes internationaux, ayant appris qu’un des candidats à la présidence des États-Unis préconisait le monnayage libre de l’argent et redoutant les conséquences de cette mesure pour la valeur du dollar, ont renvoyé les contrats préparés en exigeant que les mots « en or » fussent ajoutés partout où il s’agissait du bienheureux dollar. Mille dollars en argent ne représentent en effet, au prix actuel du métal blanc, que cinq cents dollars en or, et à ce prix les rossignols ne veulent pas chanter à New-York, même s’ils appartiennent au sexe fort. Ce fait amusant prouve que les artistes modernes sont très ferrés sur l’économie politique ; on s’étonne même que certains États aux finances délabrées n’aient pas encore songé à donner le portefeuille des finances à un ex-fort ténor, ou, ce qui vaudrait peut-être mieux, à une ancienne chanteuse légère.

— Un journal américain publie une note d’après laquelle il prétend nous faire connaître les bénéfices que leurs tournées dans l’Amérique du Nord procurent à nos artistes européens. Selon ses calculs, M. Paderewski aurait empoché là-bas 1.400.000 francs, Mmes Calvé et Melba chacune un million, MM. Maurel et Plançon aussi un million, les frères de Reszké 1.250.000 francs, et ainsi de suite. À la suite de ces renseignements, notre confrère d’outre-Océan hasarde cette réflexion dont on ne saurait méconnaître la justesse : « Notre argent cessera d’aller dans la poche des artistes européens le jour où l’Amérique pourra produire des pianistes et des chanteurs d’égale valeur. » Parfaitement. Il ne s’agit que de savoir quand l’Amérique pourra fare da se.

— Il paraît que la fameuse « siffleuse » américaine dont on a tant parlé il y a une année environ, fait des élèves et des prosélytes. Un de nos confrères américains nous fait savoir qu’il devient de mode là-bas d’enseigner aux jeunes filles à siffler au lieu de chanter. Il raconte à ce sujet que récemment, à New-York, dans une cérémonie nuptiale, une douzaine de demoiselles d’honneur avait « sifflé » en perfection, avec un ensemble superbe et des nuances exquises, la Marche nuptiale de Mendelssohn. Voilà qui va bien, et qui donne une grande idée du goût musical des Américains — et des Américaines. À quand le prochain orchestre de siffleuses ?

— Les Américains en prennent à leur aise avec les chefs-d’œuvre, lorsque ceux-ci les gênent quelque peu. Il paraît que récemment, dans une ville des États-Unis, lors d’une exécution de la Symphonie avec chœurs de Beethoven dirigée par M. Théodore Thomas, le fameux chef d’orchestre dont la renommée est si grande au delà de l’Atlantique, on a joué la dernière partie… en la transposant un ton plus bas. Je ne doute pas que ce ne fût beaucoup plus commode pour les chanteurs : solistes ou choristes, mais c’est égal, le procédé est sans façon, et il serait curieux de savoir ce qu’en eût pensé Beethoven s’il eût pu croire qu’on le mît un jour en pratique !

— Antoine de Kontski, le doyen des pianistes vivants, dont nous avons annoncé la tournée artistique autour du monde, est arrivé en Australie et a donné à Melbourne une série de concerts avec un succès énorme. Il s’est rendu de là à Sydney, où il a annoncé plusieurs concerts. Nos lecteurs savent déjà que M. de Kontski a l’intention de donner quelques concerts à Paris au printemps prochain.

— Les nouvelles qu’on reçoit de la santé de M. Carlos Gomes sont loin d’être rassurantes sur l’état du compositeur. Le gouvernement brésilien, outre qu’il ne le laisse manquer de rien, a assigné une pension à ses fils ainsi qu’une dot à sa fille lorsque celle-ci jugera à propos de prendre un époux.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

À l’Opéra, c’est M. Noté qui a tenu le rôle d’Hamlet, mercredi dernier, en place de M. Renaud, indisposé. M. Noté, prévenu à la dernière heure seulement, sans une répétition, sans même un raccord, a chanté l’ouvrage d’Ambroise Thomas, et, par ses applaudissements, le public lui a montré qu’il s’était tiré de cette très lourde tâche tout à son avantage. Mlle Berthet, faisant sa rentrée dans Ophélie où elle s’est montrée charmante, et Mlle Subra, exquise dans la Fête du Printemps, ont retrouvé le succès auquel elles sont habituées. Mlle Dufrane abordait pour la première fois le rôle de la reine.

M. Gailhard, en ce moment à Biarritz, rentrera à Paris à la fin de cette semaine.

— Les travaux entrepris à l’Opéra-Comique devant être, maintenant, très certainement achevés pour permettre de rouvrir à la date du 15, M. Carvalho a dû partir, hier samedi, pour Munich, où il va assister à une des représentations de Don Juan qui s’y donnent en ce moment, M. Carvalho sera de retour à Paris à la fin de cette semaine.

M. et Mme Massenet sont rentrés à Paris où ils ne comptent séjourner que quelques jours seulement. M. Massenet a profité de son passage pour arrêter avec M. Carvalho différents détails relatifs à Cendrillon.

— Vendredi soir, Mlle Van Zandt a signé avec M. Carvalho un engagement au terme duquel elle donnera, du 20 novembre au 20 janvier, une série de représentation de Lakmé, dont elle fut l’inoubliable créatrice, et de Manon, qu’elle chantera pour la première fois.

— À l’occasion de diverses expositions récentes, le Journal officiel a enregistré plusieurs distinctions académiques parmi lesquelles nous relevons les suivantes : officier de l’instruction publique : M. Poulalion, éditeur de musique à Paris ; officiers d’académie : MM. Depas, artiste dramatique à Bordeaux ; Duclos, directeur de l’orphéon du 1er canton de Bordeaux ; Florus-Blanc, professeur au Conservatoire de Bordeaux ; et Gauvin, éditeur de musique à Paris. — Mentionnons en même temps quelques autres nominations d’officiers d’académie qui remontent déjà à quelques semaines : MM. Henri-Louis Martin, professeur de musique aux écoles normales, Jean Ajon, professeur de musique au lycée d’Alais, Léon Mérignac, professeur de musique au lycée d’Angoulême, et Jacques Périlhou, professeur de musique au lycée de Mont-de-Marsan.

M. Guiffrey, administrateur des Gobelins, a livré à la Comédie-Française, sur l’ordre du ministre des beaux arts, une admirable tapisserie des Gobelins exécutée sur la composition du peintre Joseph Blanc. Cette tapisserie, de plus de cinq mètres de haut sur plus de trois mètres de large, représente le Couronnement de Molière, un jour de cérémonie. Les deux personnages principaux entourant le buste de Molière sont Tartuffe et Dorine. Pour Tartuffe, l’artiste a pris modèle M. Silvain dans ce rôle ; pour Dorine, M. Blanc avait fait le portrait vivant et frappant de la pauvre Céline Montaland. L’administrateur de la Comédie saisira la première occasion de montrer ces œuvres de notre manufacture nationale de tapisserie.

M. Prince, premier prix de comédie aux derniers concours du Conservatoire, vient d’être engagé à l’Odéon.

— Le pianiste portugais Viana da Motta, que le public parisien n’a sans doute pas oublié, vient de publier un livre consacré au fameux chef d’orchestre Hans de Bülow. Celui-ci n’était pas toujours l’excentrique qu’il se plaisait à paraître ; il avait, on le sait, un haut sentiment de l’art. M. Viana da Motta cite de lui quelques réflexions intéressantes. À propos de la justesse chez les virtuoses : « On peut jouer juste, bien et d’une façon intéressante. Ne jouez donc pas d’une façon si intéressante que cela cesse d’être bien, et ne jouez pas si bien que cela cesse d’être juste… » Et à propos de Mozart : « Ce n’est pas impunément que Mozart était à moitié Italien. On le joue, non comme s’il était de Salzbourg, mais comme s’il avait vu le jour à Stockholm. Cela est trop glacial, trop mort. Le ton est trop mince, trop enfantin. Étudiez ses opéras, ou jouez ses sonates pour piano et violon : chez Mozart, et même dans ses sonates pour piano, il y a toujours un processus dramatique. Chaque thème de Mozart est une individualité. »

— À la Villa des Fleurs, à Aix-les-Bains, la première représentation de Le Roi l’a dit, le délicieux ouvrage de Léo Delibes, a dépassé comme succès tout ce que l’on pouvait attendre. Interprétation parfaite avec Mme Landouzy, MM. Soulacroix et Isnardon, très jolie mise en scène de M. Nerval, et exécution musicale très délicate, grâce aux soins de M. Luigini.

— Au Cercle d’Aix-les-Bains, le succès de la Navarraise avec sa remarquable interprète, Mme de Nuovina, MM. Bouvet et Maréchal, s’accentue de plus en plus. On a déjà donné trois représentations devant des salles combles et complètement subjuguées.

— De notre confrère Nicolet, du Gaulois : « Le bruit court que la municipalité marseillaise, désireuse de rendre à notre école communale de musique sa réputation d’autrefois, songerait à lui restituer le titre de « succursale du Conservatoire de Paris, qu’elle a porté de 1842 à 1872 ; c’est grâce, en effet, à l’enseignement supérieur donné pendant ces trente ans que plusieurs élèves sont devenus, tels que Boudouresque, Maurel, Pujol, etc. des artistes en renom à Paris et à l’étranger. »

— Décentralisation. Le théâtre d’Amiens annonce, pour cet hiver, la première représentation de Françonnette, opéra-comique en quatre actes, tiré d’un conte de Jasmin par MM. J. Goujon et A. Bernède, musique de M. R. Lavello. Les mêmes auteurs firent jouer l’année dernière, à Rouen, une Marie Stuart.

— Au Casino municipal de Bagnère-de-Bigorre, très brillante réussite de la Navarraise, avec Mlle Lyvenat dans le rôle de l’héroïne de MM. Massenet, Claretie et Cain. L’exécution musicale, très soignée par M. Ch. Haring, a été parfaite. Trois jours après avait lieu au Parc, toujours sous la très artistique direction de M. Haring, un superbe festival Massenet, au cours duquel on a applaudi et bissé l’ouverture du Cid, le ballet du Mage, des suites sur Manon, sur Hérodiade, le ballet du Roi de Lahore, Sous les tilleuls des Scènes alsaciennes, l’Hyménée d’Esclarmonde et la Parade militaire.

— On nous écrit de Cabourg : Dimanche, M. Bourdeau avait organisé une messe en musique en l’honneur de Faure, de passage à Cabourg, dont les œuvres remplissaient le programme de cette belle et pieuse cérémonie. M. Alvarez, un brillant élève du maître, amateur doué d’une belle voix de baryton, a interprété dans un style large l’O Salutaris. M. Jean Rondeau a montré l’ampleur de son talent et de sa voix dans le Sancta Maria, accompagné au violon par M. Hayot et à l’orgue par M. J. de Santesteban, et Mme Smith a fort religieusement dit l’Ave Maria. On a terminé par le Crucifix, interprété par Mmes Smith, Calafa, Kerckhoff, MM. Rondeau, Alvarez et Vieuille, et accompagné par les artistes de l’orchestre du Casino. L’orgue était tenu, durant la messe, par MM. J de Santesteban et Deslandes. Vendredi, au concert du Casino, M. J. Faure fut également l’objet d’une ovation des plus chaleureuse de la part du public, après l’interprétation de son Sancta Maria par M. Jean Rondeau. Toute la salle a confondu dans de chauds applaudissement le grand maître et son interprète.

— La saison thermale de Bagnoles-de-l’Orne bat son plein. Au concert donné le 22 août, parmi les productions de nos meilleurs compositeurs tels que Massenet, Godard, Gounod, Ch. René, F. Thomé, grand succès pour Ch. Balanqué dans la mélodie les Enfants, de Massenet, et pour M. Guérin dans Aube d’amour, de Révillon.

— À l’église de Saint-Paul-en-Cornillon, sur la Loire, très jolie messe en musique organisée par M. J. Vincent, dont on a exécuté plusieurs compositions nouvelles. Très gros effet pour le chœur à l’unisson de Reunaldo Hahn, sur les vers de Racine.

NÉCROLOGIE

La semaine dernière est mort à la Garenne-Colombes, après deux années d’une maladie douloureuse, Mlle Marie Anna Papot, professeur de solfège au Conservatoire dont l’enseignement était très justement apprécié, rue du Faubourg-Poissonnière, et qui avait publié un Solfège manuscrit, 27 leçons à changement de clefs. De relation très agréables, Mlle Papot, qui n’avait que quarante-deux ans, sera fort regrettée non seulement de ses élèves, mais encore de tous ceux qui l’ont connue. Minée par un mal qui ne pardonne pas, Mlle Papot avait dû depuis longtemps confier la conduite de sa classe aux soins de sa répétitrice, Mlle Robert.

— On annonce le décès de Mlle Jeanne Monnier, sujet-mime à l’Opéra, morte à vingt-huit ans. Cette jeune et consciencieuse artiste avait créé le rôle de la Reine des Tziganes dans les Deux Pigeons, d’André Messager, en 1886. — M. Juan Escalas, un modeste mais très distingué musicien, qui fut un flûtiste remarquable et composa un grand nombre de morceaux pour orchestre et bande militaire, vient de mourir à Barcelone, en Espagne. Il fit longtemps partie de la musique municipale, où il n’a pas été remplacé. C’était un brave et excellent homme, qui laisse d’unanimes regrets.

A. G. B.

— À Reichenhall, en Bavière, s’est éteint à l’âge de soixante-quinze ans le compositeur et pianiste Rodolphe Schachner, qui était fort connu et estimé comme professeur de piano à Londres et à Vienne. Parmi ses compositions assez nombreuses mais peu répandues, son oratorio le Retour d’Israël de Babylone a été joué assez souvent en Allemagne et en Angleterre et y a fait connaître le nom de son auteur.


Henri Heugel, directeur-gérant.


AVIS AUX PROFESSEURS. — Belle salle pour auditions, cours et leçons, matinées et soirées. Location au mois et à la séance. — S’adresser Maison musicale, 39, rue des Petits-Champs. Paris.