Nouvelles diverses/2 août 1896

NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

De notre correspondant de Belgique (30 juillet). — M. Stoumon, qui est allé entendre la tétralogie à Bayreuth, a engagé là-bas Mme Marie Bréma pour venir donner au théâtre de la Monnaie, dans le courant de l’hiver prochain, — en janvier probablement, — une série de représentations. Elle chantera (en français, dit-on) Amnéris d’Aïda, Ortrude de Lohengrin, Orphée et Dalila, — peut-être aussi Fricka de la Valkyrie, si l’on se décide à remonter l’œuvre wagnérienne, dans laquelle Mlle Kutscherra remplirait le rôle de Sieglinde qui lui a servi de début (sans lendemain) à l’Opéra ; mais la direction n’a pas encore résolu la question de savoir quel drame de Wagner elle inscrira dans son répertoire. On a parlé du Crépuscule des Dieux, mais aura-t-on la force et le courage de le monter à la Monnaie ? Dès à présent le programme de l’année est très chargé. Le Fervaal de M. Vincent d’Indy empêchera sans doute de donner une couple d’autres œuvres inédites que les directeurs comptaient jouer : tels le Ratcliff de M. Xavier Leroux et un opéra de M. Gabriel Pierné, que l’on dit charmant ; ce sera pour la saison suivante. En revanche, outre les trois petits ouvrages de M. Saint-Saëns, la Princesse Jaune, Phryné et le ballet provisoirement intitulé les Filles d’Arles, nous aurons le Don César de Bazan de M. Massenet, avec M. Frédéric Boyer. Quant aux œuvres de nos compatriotes, entre autres la Servante d’auberge de M. Jan Blockx, la Fiancée d’Abydos de M. Paul Lebrun et un grand drame lyrique de M. Jean Van den Ende ; mais il est peu probable qu’ils puissent trouver place ; les Belges sont habitués à attendre, et la patience est une de leurs vertus.

Non seulement la musique n’a pas chômé pendant cet été, même à Bruxelles, où les concerts du Vaux-Hall jouissent d’une vogue extraordinaire, mais dans nos principales villes balnéaires elle donne lieu à des manifestations artistiques parfois très importantes. C’est ainsi qu’on a exécuté dimanche dernier au Kursaal d’Ostende, Marie-Magdelaine, le beau drame sacré de M. J. Massenet, dans un festival qui avait attiré une foule énorme et dont le succès a été considérable. L’exécution, préparée de longue main, sous la direction de l’habile chef d’orchestre M. Reinskopf, a été remarquable. Les soli étaient chantés par Mlles Marie Henduyse, une des meilleures lauréates du Conservatoire de Gand, Mlle Jeanne Goulancourt, de la Monnaie, MM. Van Loo, ténor, et Breson, basse, tous deux du théâtre de La Haye. Les chœurs étaient ceux du cercle Cœcilia, du cercle choral des dames d’Ostende et de la société La Roya de Bruges. On entendra à ce même Kursaal d’Ostende, où ne dédaignent pas de venir briller pour un soir ou deux les étoiles de l’art, M. Van Dyck le 4 août, Mlle Gabrielle Lejeune de l’Opéra-Comique les 9 et 13 août, puis M. Isnardon, Mlle Garnier, etc. — Au casino de Blankenberghe les concerts sont également très suivis : Mme Georgette Leblanc doit y venir chanter prochainement ; et l’on y annonce une séance consacrée tout entière aux œuvres de M. Léon Du Bois, le jeune et très remarquable compositeur, sous la direction de l’auteur et avec le concours de M. Dufranne, de la Monnaie, et de Mlle Rachel-Neyt. Celle-ci, toujours curieuse d’œuvres nouvelles et non banales à faire connaître, y a interprété, il y a quelques jours, et avec un vif succès, de très jolies mélodies de M. Fernand Le Borne, — comme elle avait fait applaudir précédemment à Bruxelles, au Vaux-Hall, une « primeur » exquise, les Trois Contes de Jean Lorrain, mis en musique par M. Gabriel Pierné. Un conseil utile aux chanteurs et chanteuses qui vont à Blankenberghe : se faire accompagner au piano, simplement ; l’orchestre y a généralement des surprises et des distractions qu’il est prudent d’éviter.

L. S.

— De notre correspondant de Londres (30 juillet). — L’Opéra de Covent Garden a fermé ses portes avant-hier sur une représentation de Roméo et Juliette, le même opéra qui avait servi à l’ouverture. Cette dernière saison passe pour avoir été la plus fructueuse qu’on ait enregistrée ; elle a été en même temps une des plus insignifiantes au point de vue artistique. Aucune nouveauté, aucun début intéressant ; les succès des deux saisons précédentes défrayaient presque entièrement le répertoire. À signaler, toutefois, les belles représentations de Tristant et Yseult avec les frères de Reszké et la reprise attardée de Manon, qu’on n’a eu le temps de jouer que deux fois, mais chaque fois devant des salles combles et en présence du prince et de la princesse de Galles et de toute la cour. Ce dernier fait est d’autant plus significatif que la deuxième représentation a eu lieu le jour même du mariage de la princesse Maud.

Après Manon, on a repris Don Juan. C’est M. Ancona qui chantait don Juan ; sa voix est agréable, mais il chante avec négligence et le style est indécis. M. Pini-Corsi (Leporello) a la bouffonnerie lourde, et la façon dont il a rendu son grand air ne dénotait pas chez lui la moindre compréhension de l’esprit de la musique confiée à son interprétation. Mme Albani nous a présenté une donna Anna plus gesticulante qu’agissante, et Mlle Macintyre a chanté froidement et sèchement la musique d’Elvire. Une gracieuse débutante nous a été présentée dans le rôle de Zerline. La voix est remarquablement homogène et pure et la méthode parfaite. Le nom de cette jeune fille est Mlle Reid. J’ai été très frappé des qualités de distinction que révèlent son chant et son jeu ; c’est très rare de nos jours, les débutantes qui ont, comme Mlle Reid, le sentiment du style classique et la voix qui convient à ce style. M. Cremonini (Ottavio) possède un organe charmant, insuffisamment exercé, et il a de l’intelligence scénique.

Léon Schlésinger.

— À Naples, comme à Milan, on a l’excellente habitude, au Conservatoire de San Pietro a Majella, de faire exécuter, aux exercices de fin d’année scolaire, les travaux des élèves les plus avancés des classes de composition. C’est ainsi qu’au dernier exercice on a fait entendre une suite en quatre parties et une ouverture de M. Troiani, élève de M. Serrao, et un Ave Maria pour soprano, orgue, harpe et quatuor à cordes de M. Fatuo, élève de M. d’Arienzo. Ces deux compositions ont paru du reste assez pâles.

— Nous avons annoncé que M. Mascagni travaillait à la musique d’un nouvel opéra, sur un sujet japonais, intitulé précisément la Giapponese. Il paraît qu’aujourd’hui le titre est changé et que la Giapponese est devenue Iride. De plus, le journal l’Italie nous apprend que « M. Mascagni ne travaille pas à cet ouvrage seulement comme musicien, mais également comme librettiste en collaboration avec M. Illica. »

— L’Opéra impérial de Vienne, qui va rouvrir ses portes, a subi une restauration complète et est actuellement aussi resplendissant qu’en 1869, lorsque le nouveau monument fut inauguré. On a profité de cette occasion pour s’occuper du lustre, qui est devenu suspect depuis la mésaventure de son confrère parisien. Les ingénieurs ont prescrit plusieurs mesures de sûreté qui ont été exécutées.

— Le théâtre An der Wien, à Vienne, jouera au commencement de la nouvelle saison une opérette en trois actes intitulée le Papillon, paroles de MM. Willner et Buchbinder, musique de Charles Weinberger.

— L’affaire du ténor Broulik à l’Opéra de Budapest, dont nous avons parlé la semaine dernière, prend les dimensions d’une cause célèbre. Sur la proposition du directeur de ce théâtre, M. Haldy, le surintendant général, M. le baron Nopcsa, a notifié au chanteur qu’il était considéré comme démissionnaire. M. Broulik a répliqué que cette démission forcée était illégale et qu’il s’adresserait aux tribunaux. Le chanteur a publié en même temps une note pour faire savoir qu’après avoir chanté le 11 juillet dans le Vaisseau fantôme, le jour suivant dans Tannhäuser, le surlendemain dans Lohengrin et le our suivant encore dans les Maîtres Chanteurs, il lui était impossible de chanter dans l’Or du Rhin, et que les deux médecins spécialistes avait constaté cette impossibilité. Trois grands rôles de Richard Wagner en quatre jours — le petit rôle d’Erik dans le Vaisseau fantôme n’est qu’un supplément, — c’est en effet plus que la gorge du ténor le plus fort parmi les ténors forts ne peut supporter.

M. Alexandre Erkel, chef d’orchestre de l’Opéra royal de Budapesth, fils du célèbre compositeur hongrois de ce nom, vient d’être nommé directeur général de la musique de l’Opéra royal.

— On a dû représenter cette semaine à Lisbonne, sur le théâtre de la Trinité, une nouvelle opérette en trois actes, os Filhos do capitao mor, paroles de M. Eduardo Schwalbach Lucci, musique de MM. Augusto Machado et Thomaz del Negro.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Voici les résultats des concours d’instruments à vent qui ont terminé, jeudi et vendredi, la série des concours publics du Conservatoire. Le jury était composé de MM. Théodore Dubois, président, Ch. Lefebvre, Raoul Pugno, Joncière, Émile Jonas, Wettge, Turban, Dupont et de Vroye.

Flûte. — Professeur : M. Taffanel. Morceau de concours : 6e solo de Demerssemann. Morceau à déchiffrer, de M. Raoul Pugno.

1er prix : MM. Daniel Maquarre et Grenier.

2e prix : M. Million.

Pas de 1er accessit.

2e accessit : MM. Boudier et Blanquart.

Hautbois. — Professeur M. Gillet. Morceau de concours : 4e concerto de Vogt. Morceau à déchiffrer, de M. Ch. Lefebvre.

Pas de 1er prix.

2e prix : M. Creusot.

1er accessit : MM. Dutercq et Mondain.

Clarinette. — Professeur : M. Rose. Morceau de concours : concertino de Weber. Morceau à déchiffrer, de M. Georges Marty.

1er prix : MM. Guyot et Delacroix

2e prix : MM. Leroy et Carré.

1er accessit : M. Greinner.

2e accessit : MM. Noël et Paquet.

Basson. — Professeur : M. Eugène Bourdeau. Morceau de concours : Fantaisie hongroise, de Weber. Morceau à déchiffrer, de M. Paul Vidal.

1er prix : M. Joly.

2e prix : MM. Desoubrie et Mesnard.

1er accessit : M. Sublet.

2e accessit : M. Defiez.

Cor. — Professeur : M. Brémond. Morceau de concours : concerto de Gallay. Morceau à déchiffrer, de M. Paul Vidal.

1er Prix : M. Penable.

2e Prix : M. Gérin.

Pas de 1er accessit.

2e Accessit : M. Fortaine.

Cornet à pistons. — Professeur : M. Mellet. Morceau de concours : 2e fantaisie de M. Émile Jonas. Morceau à déchiffrer, de M. Wormser.

1er Prix : M. Mignon.

2e Prix : M. Fouache.

1er Accessit : M. Briol.

2e Accessit : MM. Excoula, Duriez et Astrée.

Trompette. — Professeur : M. Franquin. Morceau de concours : 2e solo de M. Paul Rougnon. Morceau à déchiffrer, de M. Hillemacher.

1er Prix : M. Delfosse.

2e Prix : M. Degageux.

1er Accessit : M. Jamme.

Trombone. — Professeur : M. Allard. Morceau de concours : solo de Mme Gennaro. Morceau à déchiffrer, de M. Xavier Leroux.

Pas de premier, ni de second prix.

1er Accessit : M. Hudier.

Rappelons que la distribution des prix aura lieu mercredi prochain, 5 août, à une heure précise.

— À l’Opéra M. Lafarge, dont les débuts avaient été retardés par suite d’indisposition, a fait sa première apparition, vendredi, dans le rôle de Siegmund de la Valkyrie. L’excellent ténor, dont on se rappelle l’nterprétation des Troyens à l’Opéra-Comique, a fait montre de très grandes qualités de diction, de sentiment et d’émotion qui lui ont valu de nombreux applaudissements. Le même soir M. Paty, chantait Hounding pour la première fois et a été bien accueilli. M. Delmas demeure un incomparable Wotan.

Mlle Berthet prend un congé à partir du 1er août, ainsi que Mlle Maury et la nouvelle étoile de la danse, Mlle Zambelli.

Désormais les sujets de la danse devront aller travailler chez les professeurs indiqués par la direction ; de plus, le nouveau règlement interdit les leçons particulières aux artistes, soit à l’Opéra, soit au dehors. Pour les classes de danse, les catégories ont été ainsi réparties : Coryphées : professeur, Mlle Théodore. Quadrilles : professeur, Mlle Peron. Enfants : professeur, Mlle Bernay. Grands et petits sujets : professeur, M. Vasquez.

M. Clément vient de signer son réengagement avec l’Opéra-Comique.

— Le Journal officiel a enfin publié, cette semaine, la liste des décorations accordées par le ministre de l’instruction publique et des beaux-arts à l’occasion du 14 juillet. Nous avons à enregistrer les promotions de MM. Eugène Manuel et François Coppée au grade de commandeur, et la nomination de chevalier de M. Maurice Donnay. Les deux premières seront certainement accueillies avec les sympathies qu’elles méritent. Inspecteur général de l’instruction publique, M. Eugène Manuel n’est pas seulement un fonctionnaire émérite, c’est aussi un poète délicat, et à ce double titre sa nomination sera bien accueillie. Quant à M. Coppée, son éloge n’est plus à faire, et le succès récent de Pour la couronne justifierait la nouvelle distinction dont il est l’objet. C’est aussi comme auteur dramatique que M. Maurice Donnay, l’auteur de Lysistrata et d’Amants, reçoit la décoration. Ce que nous lieu de regretter, c’est qu’on n’ait pas trouvé parmi tous nos musiciens une seule boutonnière digne de recevoir le ruban rouge. Il y a bien des peintres et des sculpteurs (ceux-là, on ne les oublie jamais), il y a même un chef de bureau au ministère, ce qui est fort intéressant, mais de musiciens, point. Il paraît que notre pauvre France est bien déshéritée sous ce rapport.

M. Massenet, qui est venu, la semaine dernière, passer quarante-huit heures à Paris pour prendre part au vote de l’Institut, a examiné, en compagnie de M. Carvalho et de M. Henri Cain, les maquettes des décors de Cendrillon, confiées pour la préface, les premier et troisième actes à MM. Rubé et Moisson, pour le deuxième acte à M. Carpezat et pour le quatrième acte à M. Jambon.

— L’inauguration officielle de l’Exposition du théâtre et de la musique, au palais de l’Industrie, a été faite, mercredi dernier, par M. André Lebon, ministre des colonies, en l’absence des ministres du commerce et des beaux-arts, empêchés, et qui s’étaient fait représenter par des fonctionnaires de leurs administrations. M. André Lebon a été reçu par M. M. Abaye, directeur de l’exposition, M. O. Lartigue, secrétaire général, M. Lucien Layus, commissaire général, et M. Yveling RamBaud, commissaire des sections artistiques, auxquels s’étaient joints les présidents et commissaires des diverses sections. À son entrée dans la nef, que remplissait déjà une foule élégante, le ministre des colonies a été salué par la Marseillaise, exécutée par l’orchestre symphonique que dirige M. Kerrion. Par la voie antique, le ministre et le cortège officiel se dirigent vers le théâtre pompéien, sur lequel M. Silvain, sociétaire de la Comédie-Française, dit une pièce de M. Armand Silvestre, Paris-Athènes. Mlle Moreno, de la Comédie-Française, entourées de Mlles Isaac, Fitz, Delettre, Aubert, Darcy et Wiera, fort gracieuses sous leurs draperies de joueuse de flûte antique, dit ensuite une poésie de M. Jean Lorrain, intitulée : l’Âme antique. Pour ces deux œuvres, que l’auditoire a chaleureusement applaudies, M. Paul Vidal avait écrit une musique de scène fort originale, qui a été très goûtée. La représentation terminée, le cortège se reforme et l’on se rend au parvis Notre-Dame, où les tréteaux sont dressés et où MM. Depas et Martel, Mlles Frédérick et Deneige enlèvent avec verve une joyeuse tabarinade de M. Jules Hoche. Le ministre parcourt ensuite les sections où se trouvent rassemblés tous les produits commerciaux qui se rapportent au théâtre et à la musique ; on admire la décoration que M. Chaperon a brossée et qui donne au palais de l’Industrie un aspect aussi imprévu que pittoresque. La transformation de l’immense hall est complété ; même les coins, qui ordinairement sont négligés, ont eu leur part de décoration. Cette visite terminée, M. André Lebon se rend au premier étage ; M. Yveling RamBaud fait au ministre les honneurs des sections rétrospectives et artistiques dont il a dirigé l’organisation et où l’on remarque, notamment, les objets prêtés par le prince-régent de Bavière, les partitions originales de Wagner, de Rossini, un abondante série de portraits de musiciens, la montre de Molière, prêtée par M. Coquelin, une très riche série d’instruments de musique anciens, prêtés par un grand nombre de collectionneurs. Une salle spéciale a été réservée aux instruments de musique des colonies, que M. André Lebon a libéralement prêtés aux organisateurs de l’exposition.

— À la dernière séance de l’Académie des beaux-arts, M. Charles Lenepveu, au nom de la section de composition musicale, a donné lecture du rapport sur les envois des pensionnaires musiciens de l’Académie de France à Rome. Il résulte de ce rapport que les œuvres envoyées par nos jeunes compositeurs méritent en général des éloges. La première partie de l’envoi de M. Busser, élève de troisième année, consistant en une ouverture de fête, sera exécutée, au mois d’octobre prochain, au début de la séance publique annuelle de l’Académie.

M. Silver, ancien grand prix de Rome pour la composition musicale, vient d’être autorisé par l’Académie des beaux-arts à bénéficier pendant quatre ans d’une rente annuelle de 3.000 francs, fondée par M. Joseph Pinette en faveur des pensionnaires musiciens de l’Académie de France ayant rempli leurs obligations envers l’État.

M. Guillaume, statuaire, membre de l’Institut, est, conformément à la proposition de l’Académie des beaux-arts, maintenu dans les fonctions de directeur de l’Académie de France à Rome pour une nouvelle période de six années, commençant le 1er janvier 1897.

— Mardi dernier a eu lieu, ainsi que nous l’avions annoncé, en la basilique de Saint-Denis, le concours pour la nomination d’un organiste du grand orgue. Le jury se composait de MM. Ch.-M. Widor, Dallier, X. Leroux, Périlhou, Ch. Bordes, L. Viernes et Cavaillé-Coll. Sur les huit concurrents qui s’étaient fait inscrire, quatre seulement ont affronté les très sérieuses épreuves imposées, à la suite desquelles le no 1 a été accordé à M. Libert et le no 2 à M. Schmidt. M. Libert est un premier prix du Conservatoire, lauréat de 1894, virtuose remarquable et contrapuntiste très distingué. Il a déjà publié dans « l’Orgue moderne » plusieurs pièces de haut style, et dernièrement, à l’exposition de Rouen, critiques et amateurs admiraient son impeccable exécution.

— Au casino de Vichy, triomphe pour la première d’Hérodiade, de Massenet, fort artistiquement mise en scène par le directeur M. Bussac et très soigneusement exécutée par l’orchestre de M. Gabriel-Marie. Mmes Armand, Bossi, MM. Ansaldi, Montfort et Fabre ont eu leur large part du succès enthousiaste.

— De Saint-Malo et de Luchon on nous écrit pour nous signaler les très grands succès remportés par les œuvres symphoniques de Théodore Dubois. L’Ouverture symphonique, la Suite villageoise, la suite sur la Farandole figurent sur les programmes de MM. Gianini et Broustet et sont, chaque fois, acclamées par le public.

— La petite ville de Beaune vient d’avoir la bonne fortune d’entendre deux artistes fort distingués qui avaient généreusement prêté leur concours à une soirée musicale organisée par Mme Monniot au profit des pauvres. Mme Castillon, l’éminent professeur, venue aimablement pour la circonstance, de Paris, nous a tenus sous le charme avec deux mélodies de M. Gaston Paulin, le grand air du Freischütz et l’air des Bijoux de Faust. M. de Grave, belle voix de basse, a soulevé les applaudissements dans la cavatine de la Juive, la Jolie Fille de Perth et la Manola. M. Suiste, premier prix du Conservatoire de Paris, tenait le piano d’accompagnement. La soirée s’est terminée par une fort belle interprétation du duo des Huguenots, par Mme Castillon et M. de Grave.

R. G.

Henri Heugel, directeur-gérant.