Nouvelles diverses/16 août 1896

Heugel (p. 6-8).

NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

Mlle Sibyl Sanderson a signé avec l’Opéra Impérial de Vienne un engagement, aux termes duquel elle doit donner, dans le courant de la prochaine saison théâtrale, une série de représentations. Esclarmonde sera montée à son intention par la direction.

— Malgré la saison estivale les théâtres des petites capitales allemandes ne chôment pas tous et risquent même des premières. C’est ainsi que le théâtre de Darmstadt vient de jouer, non sans succès, un nouvel opéra-comique intitulé Don Alvaro le capitaine de Zulamea, paroles de M. A. Duroy, musique de M. Fritz Baselt et qu’un nouvel opéra intitulé Riscatto, paroles de M. Joseph Kellerer, musique de M. Otto Goetze a été représenté avec beaucoup de succès au théâtre de la cour de Sondershausen.

— Un nouveau « musée des costumes » sera ouvert prochainement à Berlin. C’est la célèbre collection du baron Lipperheide qui va être rendue publique. Cette collection contient plus de huit cents tableaux et peintures qui ont de l’importance pour l’histoire et renferme une grande quantité de gravure et de livres qui s’y rattachent également. C’est la collection la plus complète de ce genre qu’on connaisse et les théâtres de Berlin se réjouissent déjà de pouvoir dorénavant puiser à volonté à cette source.

— Le roi de Wurtemberg vient de conférer à Mme Cosima Wagner la médaille d’or de l’ordre de la Couronne de Wurtemberg.

— On nous écrit de Bayreuth que la chanteuse suédoise Mlle Ellen Gulbranson a remporté un succès éclatant et absolument inattendu dans le rôle de la Valkyrie. Les amateurs, qui ont assisté à la première représentation de la Valkyrie en 1876, prétendent que Mlle Gulbranson n’a pas été inférieure à Mme Materna, douée d’un grand talent d’imitation, avait parfaitement reflété toutes les intentions de Richard Wagner qui s’était donné la peine de travailler avec sa Valkyrie le rôle entier jusque dans ses moindres détails. Pas une note, pas un mouvement qui n’avait été approuvé par le maître. Espérons qu’on n’exagère pas le mérite de Mlle Gulbranson.

— L’installation du musée Wagner à Eisenach et enfin terminé. C’est la classification de la bibliothèque qui a demandé le plus de temps et de peine. Elle contient l’ensemble complet de toute la littérature wagnérienne, montant, comme on sait, à une somme énorme d’ouvrages de toutes sortes, plus toutes les œuvres du maître, en partitions, — parmi lesquelles de très précieux autographes, — les réductions pour piano, ses écrits sur la musique. Cette bibliothèque occupe tout le premier étage du vaste immeuble où le musée est installé. Au rez-de-chaussée, à côté de la chambre à coucher et du cabinet de travail du poète Reuter, qui doivent rester intacts, se trouve le restant des collections du musée Wagner. On y trouve les portraits-médaillons, bustes du compositeur, des effigies des membres de sa famille, de ses amis, des principaux interprètes de ses œuvres dans le costume de leur rôle, des tableaux et gravure représentant des scènes extraites de ses drames lyriques, une vaste collection d’autographes. Le public sera incessamment admis à visiter le musée.

— Dame Marthe Schwerdtlein, la voisine mûre de Marguerite, que Faust a rendue célèbre un peu partout, est en train de défrayer les journaux allemands à une époque de l’année où le service d’informations authentiques tarit ordinairement. Un journal de Berlin a lancé le premier la grosse nouvelle que le docteur Neckisch aurait découvert, dans une église de Padoue, le tombeau du cavalier Schwerdtlein, époux de la dite dame Marthe, à laquelle ce bon diable de Méphistophélès rapporte fidèlement les dernières salutations du défunt. Plusieurs journaux allemands, qui ont eu tort d’oublier qu’en allemand Schwerdtlein signifie petite épée et Neckisch mauvais plaisant, sont tombés dans le piège tendu à la naïveté de leurs rédacteurs et on très sérieusement reproduit la nouvelle étonnante. Mais finalement un journal plus avisé a attaché le grelot à cette plaisanterie et voilà que les journaux qui se sont laissé duper prétendent qu’ils n’avaient parlé du tombeau du sieur Schwerdtlein que pour amuser leurs lecteurs et qu’ils étaient dans le secret de la plaisanterie. D’où plusieurs polémiques assez vives dans la presse allemande. On voit par là plus clairement que par le thermomètre que la canicule sévit.

— De l’Écho musical, de Bruxelles :

« Les journaux ont parlé d’un grand festival musical à organiser l’an prochain sur la Grand’Place. On y exécuterait la Rubens Cantate de Benoît, avec les chœurs placés sur une estrade devant la Maison du Roi, et des trompettes postées dans la cour de l’Hôtel de Ville, ce qui sera d’un effet « prodigieux ». Le projet qui est, paraît-il, à l’étude à l’Hôtel de Ville, est certainement fort heureux. On a trop rarement l’occasion d’applaudir les admirables fresques symphoniques de Peter Benoît, dont les proportions monumentales et le caractère particulièrement solennel et grandiose s’accommodent mieux du plein air que des étroites salles de concert dont nous disposons. Mais l’effet « prodigieux » des trompettes dans la tour nous laisse rêveur. Comment fera-t-on pour compenser, au point de vue de l’auditeur placé sur le plancher des vaches, le retard causé à la sonorité de ces instruments par leur éloignement relativement à l’orchestre et aux chœurs groupés sur la place ? On fera bien de se montrer prudent, l’acoustique ayant déjà joué de mauvais tours dans celles qui encadrent la Grand’Place… »

— Le brillant festival de musique du 19 juillet à Bruxelles, avait donné lieu à l’impression d’une brochure indiquant, avec les titres et les directeurs des sociétés participantes, les lieux et heures de leurs exécutions respectives, avec les auteurs et les titres des morceaux au programme. Ces derniers portent parfois des intitulés tout à fait imprévus. Nous sommes restés rêveurs devant les Souvenirs de ma première jeunesse, la Grotte des Cyprès (probablement située dans une « forêt de basaltes » ), l’Ombre de la nui, polka (sinistre, ce titre, pour une danse !) l’Eau douce, fantaisie (!), le Secret d’un coffre-fort (!!) et enfin cette perle, qui synthétise avec une concision merveilleuse la coquille typographique et la mauvaise rédaction : opéra sur Lucie de la Mer Moor (si au moins il y avait : de la Mer Morte ? ) !!!

— Du journal l’Italie : « Quand les directeurs de théâtres populaires se mettent à se faire concurrence dans l’abaissement des prix,.. ils ne s’arrêtent plus. Nous avions déjà au Costanzi la comédie avec loges à 5 francs et au Manzoni le drame à 2 francs la loge. M. Destefani nous donne au Circo Reale l’opéra à 50 centimes ! C’est pour rien ! Et ce serait invraisemblable si ce n’était vrai. Dimanche, pour la reprise de la Lucia de Donizetti on payait 1 fr. 50 les fauteuils d’orchestre numérotés, 1 franc le parterre (entrée comprise), et 50 centimes l’amphithéâtre. Il est difficile de dire qu’un spectacle à si bas prix a grande valeur, mais Mlle Fornari a prouvé avec son filet de voix qu’elle sait chanter ; le ténor Prati a mis de l’expression dans les belles mélodies de Donizetti, et la basse Allegri a bien tenu son rôle. Quant à M. Molajoli, le chef d’orchestre, il a pu retenir son monde dans la mesure. C’est tout ce qu’on pouvait demander pour 50 centimes. Aussi le succès a-t-il été assez grand pour obliger, hier soir, la direction à donner une seconde représentation de la Lucia. Beaucoup de monde encore. Tant mieux. On ne saurait trop encourager l’opéra à bon marché. On est sûr, au moins, d’avance d’en avoir pour son argent. »

— Au cirque Colon, de Madrid, on vient de représenter une zarzuela nouvelle de MM. Jimenez Pietro et Valverde, intitulée los Coraceros. La pièce gracieuse et la musique aimable ont été, plusieurs fois, l’objet des applaudissements du public de la première représentation.

— Un petit orchestre composé d’instruments à cordes a été formé à New-York par seize dames sous le nom « Ladies String Orchestra Society. » Il sera dirigé par M. Charles de Lachmund et donnera des concerts avec le concours de virtuoses célèbres. Les frais de la première saison sont déjà couverts par des souscriptions.

— Les législateurs américains, dont l’originalité fait quelquefois rêver leurs confrères européens, viennent de s’occuper d’une grave question qui a été résolue à l’Opéra impérial de Vienne par un arrêté du surintendant général et dans plusieurs théâtres allemands par des décrets de police, mais qui se trouve ailleurs encore fort problématique. C’est la question irritante des chapeaux de dames au théâtre. À la Chambre de l’État de Louisiane, le gouvernement avait déposé un projet de loi, dit des hauts chapeaux de dames (high hat bill), qui devait interdiire aux dames le port de chapeaux au théâtre, pour permettre aux malheureux spectateurs de voir ce qui se passe sur la scène. Un sénateur galant, M. Fenner — nous sommes étonnés qu’il ne porte pas un de ces vieux noms français encore si fréquents en Louisiane — est intervenu en faveur des dames et a réussi, après un discours brillant fréquemment souligné aux tribunes par de petites mains finement gantées, à faire accepter un amendement autorisant le port d’aigrettes et de « chapeaux d’opéra féminins » dans les théâtres. Or, il y a aigrettes et aigrettes comme il y a fagots et fagots, et on verra sans doute, à l’Opéra de la Nouvelle-Orléans, mainte aigrette ressemblant au légendaire plumet des tambours-majors de la vieille garde impériale. Mais ce qui fait dès à présent la joie des hommes de loi à la Nouvelle-Orléans, c’est le texte qui admet « le chapeau d’opéra féminin », car ils prévoient une série interminable de procès à ce sujet. Un journal de la Louisiane n’a pas manqué de faire une enquête chez les grandes modistes de la Nouvelle Orléans et est arrivé à formuler la définition suivante : Un « chapeau d’opéra féminin » est un chapeau qui s’adapte strictement à la tête d’une femme et n’a pas de bord (brim), mais qui peut être décoré selon la fantaisie de la dame qui le porte, de sorte qu’il peut avoir l’élévation d’un chapeau du type dit Marie-Antoinette. Cette communis opinio des experts rends la nouvelle loi complètement illusoire ; on verra une vraie guerre des dames avec les commissaires de police chargés de constater les excès des « chapeaux féminins » dans les théâtres, et les procès les plus savoureux vont égayer les habitants de la Nouvelle-Orléans. En attendant, le galant auteur de l’amendement Fenner a reçu un bouquet énorme de fleurs artificielles offert par les modistes de la Nouvelle-Orléans.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

L’Opéra-Comique ne rouvrira ses portes que le 15 septembre au lieu du 1er. La cause de ce retard provient des travaux de réfection que l’on a été obligé de faire sur la scène et surtout dans la salle. On avait tout d’abord voulu réparer les deux escaliers du public, mais, au cours des réparations, on s’est aperçu qu’il fallait refaire en entier ces deux escaliers. Malgré toute la diligence de l’architecte de la Ville, M. Auburtin, il a été impossible de terminer plus tôt les travaux, mais on est certain d’être prêt pour le 15.

— Nos directeurs de théâtres subventionnés voyagent. M. Bertrand est rentré à Paris, vendredi dernier, revenant de Bayreuth où il avait été voir les Maîtres chanteurs, et M. Carvalho, après la saison qu’il fait en ce moment à Contrexéville, se rendra à Munix où il verra représenter Don Juan, représenté dans sa version originale.

— L’Opéra a joué 14 fois dans le courant de juillet 1896 et encaissé 230.355 francs, ce qui donne le chiffre de 16.453 francs par représentation.

Mlle Guiraudon, premier prix d’opéra et d’opéra-comique aux derniers concours du Conservatoire, est engagée à l’Opéra-Comique, ainsi que M. Gresse fils. À l’Opéra, on prendra, parmi les lauréats, MM. Sizes et Beyle.

— Le ministre des beaux-arts a demandé, selon l’usage, à l’administrateur de la Comédie-Française, s’il était dans l’intention d’engager un des lauréats du Conservatoire de cette année. On sait qu’en effet la Comédie-Française a le droit de préemption. M. Claretie a répondu qu’il n’engagerait personne cette année tout en réservant pour l’avenir le droit de la Comédie.

— D’autre part, MM. Ginisty et Antoine ont fait dire que eux aussi n’engageraient aucun lauréat, en dehors de ceux qui leur seraient imposés par la direction des Beaux-Arts.

— Enfin, on annonce les engagements de Mlle Maille, à la Porte-Saint-Martin, et de Mme Nady, à la Monnaie de Bruxelles.

— Mardi dernier a eu lieu à la direction des Beaux-Arts, ainsi que nous l’avions annoncé, la mise en adjudication des travaux de couverture du nouvel Opéra-Comique. Couverture ! Serait-ce donc déjà la fin des travaux ? Quoi qu’il en soit, les travaux semblent avancer pour le moment, et la grande bâtisse commence à prendre tournure, tout au moins dans les parties en bordure des rues Favart et Marivaux, où les murs ont atteint la hauteur du toit. La façade est beaucoup moins avancée. On dit que la toiture pourra être terminée à la fin de la présente année 1896 et qu’alors, on s’occuperait des travaux intérieurs.

M. Camille Saint-Saëns vient de terminer la partition de ballet qu’il a écrite sur un livret de M. J.-L. Croze. L’ouvrage, qui s’appellera définitivement Javotte, comporte trois tableaux, et la représentation, entr’actes compris, ne durera pas plus d’une heure. Javotte passera, comme nous l’avons dit déjà, à Bruxelles, à la Monnaie, fin octobre ou commencement de novembre.

— Tout Paris s’agite depuis que l’arrivée en France du tsar Nicolas ii est officielle et, bien entendu, le monde musical est loin de rester indifférent au mouvement général. M. Joncières, interviewé par un de nos confrères de la Patrie qui nous en donne la nouvelle, va proposer au comité de la Société des compositeurs de mettre au concours un morceau destiné à fêter la présence du souverain russe. Il est aussi fort probable que le gouvernement offrira à Sa Majesté une soirée de gala à l’Opéra et, dans ce cas, nous ne pouvons que nous ranger à l’opinion du Figaro qui trouve qu’il serait désirable qu’on fit exclusivement choix, pour cette solennité des ouvrages français. Ambroise Thomas, Gounod, Massenet, Reyer, Saint-Saëns, Delibes, Widor et Vidal sont au répertoire, avec Hamlet, Faust, Roméo et Juliette, Thaïs, Sigurd, Salammbô, Samson et Dalila, Coppélia, la Korrigane et la Maladetta. Avec de tes éléments, il semble absolument possible de composer un spectacle qui ne doive rien à l’art étranger.

Mlle Marie Van Zandt donnera, dans le courant du mois de février prochain, une série de représentations au théâtre de Monte-Carlo.

M. Grisier vient d’engager M. Nerval comme régisseur général des Bouffes-Parisiens et des Menus-Plaisirs. C’est là un très excellent choix, M. Nerval ayant fait amplement ses preuves sur les scènes les plus importantes de la province.

— Le Jacques Callot que MM. Henri Cain et Adenis frères feront représenter dès la rentrée, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, contient une partie musicale confiée à M. Le Rey. M. Le Rey a déjà fait représenter, au théâtre des Arts de Rouen, à plusieurs ouvrages dont le dernier en date est la Mégère apprivoisée.

— Le successeur du regretté Salomé, à l’orgue du chœur de la Trinité, est M. Claude Terrasse, maître de chapelle et organiste de RR. PP. Dominicains d’Arcachon. Comme M. Lacroix, récemment appelé au grand orgue de Saint-Merry, M. Terrasse, qui est un parfait musicien, s’est souvent fait remarquer aux auditions d’élèves de M. Gigout. Une autre très intéressante élève de l’école d’orgue de M. Gigout, Mlle Germaine Moutier, vient de se faire entendre avec un vif succès dans une séance à la cathédrale de Bayeux, sur un des beaux instruments de Cavaillé-Coll.

— Dimanche 2 courant, a eu lieu au théâtre des Batignolles, sous la présidence de M. Beurdeley, maire du viiie arrondissement, la distribution des prix de l’École Classique de la rue de Berlin, M. Chavagnat, directeur de l’École, a fait ressortir, dans une allocution, l’utilité incontestable de cet établissement qui, en dehors de la modicité du prix de ses cours, instruit gratuitement et sans aucune subvention, plus de 60 boursiers, admis chaque année au concours. Après avoir cité les noms de quelques élèves de l’École, engagés à l’Opéra-Comique, à l’Ambigu, à la Porte-Saint-Martin, etc., M. Chavagnat a remercié en termes chaleureux toutes les personnes qui ont bien voulu jusqu’ici prêter leur précieux appui à cette œuvre à la fois artistique et philanthropique. M. Beurdeley a ensuite pris la parole et a félicité chaudement le directeur de l’École Classique et ses collaborateurs d’avoir pu, en si peu de temps (6 ans à peine), sans subvention, obtenir d’aussi importants résultats. Il a ajouté que le moment lui paraissait venu, pour l’État ou la Ville de Paris, de s’intéresser à une œuvre appelée à rendre les plus grands services. Après la proclamation des récompenses, qui ne comprenait pas moins de 75 lauréats, les principaux d’entre eux, tant pour la musique que pour la déclamation, se sont fait entendre avec un très vif succès dans un concert des plus intéressants. — Le Festival de l’Exposition de Rouen consacré aux œuvres de Benjamin Godard et à celles de Mme de Grandval, présente, a complètement réussi. Mme Schmith, M. Paul Séguy et l’excellent orchestre de M. Brument, ont eu une large part du succès.

— Marseille, va paraît-il, avoir durant la prochaine saison théâtrale, un Opéra italien, qui s’installera, vraisemblablement, dans la salle de l’Alhambra, et compte jouer, concurremment avec le Grand Théâtre, pendant les mois d’hiver.

La Semaine musicale de Lille nous apprend que M. Lamoureux, à la tête de son orchestre, ira donner le samedi 14 novembre prochain, à huit heures du soir, un grand concert à l’Hippodrome de Lille.

— À l’église de Cabourg, M. Paul Seguy, s’est fait entendre dans le Pater Noster, de Niedermeyer, le Credo, de Dumont, et l’O Salutaris, de J. Faure et a produit une grande impression. Le même artiste a prêté son brillant concours au concert au bénéfice des artistes du casino d’Houlgate : les Trois Soldats, de J. Faure, et quelques vieilles chansons ont été acclamés.

NÉCROLOGIE

Un accident de mise en pages nous a empêchés d’annoncer, dimanche dernier, la mort du pauvre Hippolyte Lionnet, qui, comme on pouvait s’y attendre, n’a survécu que peu de jours à son frère. Après une existence intéressante, dans laquelle l’amour de l’art et le dévouement à son prochain ont tenu la place la plus importante, ces deux frères, qui ne s’étaient jamais séparés, reposent l’un auprès de l’autre dans une tombe commune. Ils laissent à tous ceux qui les ont connus le souvenir de deux braves gens qui n’ont pas été tout à fait inutiles, et à qui les amateurs d’un art secondaire sans doute, mais aimable et délicat, ont dû d’agréables jouissances. C’étaient deux braves cœurs, chez qui la bonté s’unissait au talent. On sait qu’ils ont laissé sous ce titre : Souvenirs et Anecdotes (Ollendorff, 1888, in-12), un petit volume qui ne manque ni d’intérêt ni de renseignements curieux.

A. P.

— A Orsay et morte, cette semaine, dans un âge avancé, une femme distinguée, d’origine étrangère, qui s’était fait remarquer par l’élégance et la facilité avec laquelle elle maniait la langue française. Mme Camille Selden, qui dans sa jeunesse avait vécu dans l’intimité de Henri Heine, avait publié divers ouvrages parmi lesquels un roman intitulé Daniel Vlady, histoire d’un musicien, et une Étude sur Mendelssohn.

— Nous avons à enregistrer la mort à Paris d’un pasteur qui s’est fait remarquer par plusieurs ouvrages solides sur le protestantisme français, Emmanuel Orentin Douen, qui était né à Templeux-le-Guérard (Somme), le 2 juin 1830. L’un des plus importants de ces ouvrages est un livre intitulé Clément Marot et le Psautier huguenot (Paris, 1878, 2 vol. in-8o), devenu rare aujourd’hui.


Henri Heugel, directeur-gérant.