Nouvelle Biographie générale/Jean de MEUN

Firmin-Didot (35p. 133-137).

MEUN (Jean de), poète français, né vers 1279 ou 1280, était originaire de la petite ville de Meun (Loiret), dont il prit le nom. Cette ville, située à quatre lieues d’Orléans, est bâtie sur la Loire. Cette circonstance inspira le vers suivant à Cl. Marot,

De Jean de Meun s’enfle le cours de Loire[1].

On le surnomma aussi Clopinel, parce qu’il était réellement boiteux, et il eut le bon esprit d’accepter ce surnom[2]. Ces sobriquets d’ailleurs étaient fort communs au moyen âge, et tenaient lieu de noms patronymiques, dont l’usage n’était pas encore généralement établi. Non-seulement Jean de Meun était né poëte, mais il fut encore un des plus-savants hommes de son temps. Estienne Pasquier[3] le compare au célèbre Dante, dont il était contemporain, et le met au-dessus des poëtes italiens sous le rapport de la profondeur de la pensée et de l’élégance du style. L’état de Jean de Meun a été un sujet de controverse entre les savants. La Croix du Maine, parlant d’après J. Bouchet, auteur des Annales d’Aquitaine, dit que, suivant l’opinion de quelques écrivains, Jean de Meun était docteur en théologie à Paris, et de l’ordre des Dominicains ; mais cette opinion s’accorde mal avec les traits de satire dont il accable tous les ordres religieux : Du Verdier ne l’a point adoptée. Cl. Fauchet, sans apporter aucune preuve, prétend que Jean de Meun était docteur en droit. Ce qui est plus certain, c’est que, né de parents riches et considérés, il avait fait de bonnes études[4] ; il nous l’apprend d’ailleurs lui-même par ces vers de son Testament :

Diex m’a trait sans reproche de jonesce et d’enfance ;
Diex m’a par maints périls conduit sans mescheance,
Diex m’a donné au miex honnour et grant chevance,
Diex m’a donné servir les plus grans gens de France[5].

Ce dernier vers fait supposer qu’il était attaché à la maison de quelque grand personnage, peut-être même à quelque prince de la famille royale.

Honoré Bonnet fait dire à Jean de Meun qu’il composa la continuation du Roman de la Rose dans un hôtel orné d’un jardin qu’il possédait :

Je suis maistre Jehau de Meun,
Qui par maint vers, sans nulle prose,
Fis cy le Roman de la Rose,
Et cest hostel que cy voyez
Pris pour, acomplir mes souhez[6].

Jean de Meun prend soin de nous faire connaître, par une prophétie faite après coup qu’il met dans la bouche de l’Amour, le nom de l’auteur et la date de l’achèvement de ce célèbre roman :

Puis vendra Jehan Clopinel,
Cis aura le roman si chier
Qu’il le voudra tout parfurnir
Se tens et deu l’en puet venir ;
Car quant Guillaume cessera,
Jehans le continuera
Après sa mort, que ge ne mente,
Ans trespassés plus de quarante v. 10600[7].

Les mêmes indications sont reproduites dans un sommaire ajouté entre les vers 4070 et 4071, où commence en effet l’œuvre du continuateur. Plus de deux siècles après sa composition, A. Baïf en a exposé le plan dans un sonnet qu’il adresse à Charles IX ; nous en transcrivons ici quelques vers :

Sire, sous le discours d’un songe imaginé,
Dedans-ce vieux roman vous trouverez réduite
D’un amant désireux la pénible poursuite,
Contre mille travaux en sa flamme obstiné,…
L’amant dans le verger, pour loyer des traverses
Qu’il passe constamment, souffrant peines diverses,
Cueil du rosier fleuri le bouton précieux.
Sire, c’est le sujet du Roman de la Rose,
Ou d’amours épineux la poursuite est enclose ;
La Rose, c’est d’amour le guerdon gracieux.

Le Roman de la Rose n’est pas uniquement roman d’amour. Plus savant que Guillaume Lorris, Jean de Meun en a fait une espèce d’encyclopédie, où il a rassemblé sans aucun ordre des traits d’une morale bonne ou mauvaises, des portraits, des réflexions critiques, des détails de galanterie, des faits historiques ; la fable de Narcisse, celle de la Toison d’or, celle de Pygmalion tirées ans Métamorphoses d’Ovide, les amours de Didon et d’Énée, prises dans L’Enéide de Virgile, celles de Samson et de Dalila, puisées dans la Bible ; l’histoire de Virginie et la mort de Sénèque, qui appartiennent à l’histoire romaine. Les deux auteurs ont employé la forme allégorique. Les principaux personnages que l’on voit figurer sont des génies bienfaisants, comme Amour, Bel-Accueil, Pitié, Franchise, des génies malfaisants, comme Faux-Semblant, Danger (Fierté), Male-Bouche, Jalousie. Tout est vivant, tout est animé sous la plume des deux poëtes, ils peignent l’amour avec des charmes dont il est bien difficile de se défendre et les règles pour y réussir occupent la majeur partie de l’ouvrage. Aussi Le Roman de la Rose est-il un art d’aimer ; la route pour parvenir le comble de ses désirs y est tracée à travers les détours et les obstacles d’une fiction continuelle contrairement à la manière d’Ovide, qui met bout à bout les préceptes qu’il enseigne. D’un autre côté, on y rencontre bon nombre de réflexions plus propres à éteindre les feux de l’amour qu’à les allumer. Notre continuateur y peint en maint endroit, et d’une manière très-vive, les inquiétudes et les alarmes où cette passion nous jette ; elle y est représentée comme le joug le plus pesant, le plus dur esclavage qu’on puisse imaginer. J. de Meun y fait aussi une longue énumération des maux qu’elle entraîne à sa suite. Le beaux vers où Lucrèce décrit si bien les funestes effets de l’amour, et où il dit que lorsqu’on s’abandonne on ne compromet pas moins sa santé, sa liberté, sa fortune, ses devoirs, sa réputation ; tout cela est habilement résumé en deux vers :

Maint i perdent, bien dire l’os,
Sens, tens, chatel, cors, âme et los. (v. 4642).

Suivant notre poète, un remède seul peut guérir ce mal, tout à la fois si attrayant et si terrible :

Riens n’i vaut herbe ne racine ;
Sol’foïr en est medicine-(v. 16817).

Il peint aussi les femmes sous les couleurs les plus noires et les plus propres à en faire un objet de mépris et d’aversion. Boileau reconnaissait que Paris au dix-septième siècle renfermait jusqu’à trois femmes que l’on pouvait cité. J, de iMeun au quatorzième ose affirmer qu’il n’en existe point de vertueuse.

Toutes estes, serés, ou futes
De faict ou de volente putes ;
Et qui bien vous en chercheroit,
Moutes pûtes vous trouveroit (v. 9182)

Ce passage, dit-on, souleva un violent orage contre poëte, qui fut sur le point d’expier son inconcevable boutade sous les verges des dames enragées. Il fut assez heureux pour se tirer de ce mauvais pas, grâce à sa présence d’esprit, il ne l’abandonna point dans le moment le plus critique. Il réussit à désarmer ses ennemis irritées, prêtes à frapper, en s’avouant coupable et en soutenant que c’était à celle qui le reconnaissait le mieux dans ses vers à porter le premier coup. Ces mots firent tomber les armes des mains des dames. Si l’anecdote manque de preuves, la tournure d’esprit de Jean de Meun la rend du moins vraisemblable[8]. Le poëte n’épargne pas davantage les clercs (ecclésiastiques) : la plupart, dit-il, n’ont que l’habit et les dehors de leur état.

Cist a robe religieuse ;
Doncques est-il religieus :
C’est argument est trop fieux ( captieux) :
La robe ne fait pas le moine (v. 11090).

Ce dernier vers a passé en proverbe. Notre poëte brille surtout par la satire pleine de verve qu’il fait des hypocrites. Un lecteur timoré recommande la suppression ou l’omission du passage renfermé entre les vers 11262 et 12184. La naïveté avec laquelle cette suppression est proposée fait sourire : « Ce qui s’ensuit trespasseroiz à lire devant genz de religion et mesmement devant ordres mendiens, car il sont sotif, artilleux (fins, artificieux), si vos porroient tost grever ou nuire, et devant genz du siècle, que l’on porroit mettre en erreur ; et trespasseroiz jusques à ce chapistre où il commence ainsi : Faut Semblant dit : Amors, di moi…[9] »

Le Roman de la Rose excita à la fois l’indignation et l’enthousiasme. La cour, la ville, la chaire, le barreau même, tout retentissait en même temps de l’éloge et de la satire de ce livre, et par une contradiction trop ordinaire, tandis que les uns l’anathématisaient comme un ouvrage immoral et dangereux, les autres le mettaient au rang des livres moraux, même édifiants, et ils en recommandaient la lecture comme utile aux mœurs et à la religion. Ces derniers, au sentiment desquels s’est rangé Cl. Marot lui-même, n’y virent plus et ne voulurent y faire voir qu’une pieuse allégorie, une espèce de théologie morale, et prétendaient que cette rose dont la conquête avait coûté tant de peines à l’amant, n’était autre chose que la sagesse. Il faut vraiment avoir un goût décidé de spirilualité pour en aller chercher jusque là. Le célèbre Piron a composé d’après le roman un opéra comique intitulé La Rose. Cette pièce a rencontré beaucoup de censeurs, qui ont crié au scandale ; mais personne ne s’est avisé d’y trouver un sujet d’édification, pas plus que dans la Macette de Régnier[10], puisée à la même source. Enfin, il n’y a pas jusqu’aux alchimistes qui, avec aussi peu de raison, n’aient cru y découvrir le grand œuvre de la transmutation des métaux. Jean de Montreuil, secrétaire de Charles VI, Gontier Col, conseiller du roi, firent très-sérieusement l’apologie du Roman de la Rose, et regardaient les détracteurs de cet ouvrage comme des gens sans goût, des envieux et des calomniateurs[11]. Les débats qu’il suscita au commencement du quinzième siècle, entre les personnages les plus éminents, sont curieux à étudier au point de vue des mœurs, des opinions et de l’histoire littéraire de ce temps-là. Christine de Pisan, « femme de hault et eslevé entendement, digne d’onneur, » comme la qualifie l’un de ses adversaires, ne craignit point d’entrer en lice contre les partisans de ce poëme, « afin, dit-elle, de soustenir par deffenses véritables contre aucunes opinions à honesteté contraires, l’onneur et louenge des femmes, laquelle plusieurs clercs et autres se sont efforcés par leur dittiez (écrits) d’amenuisier, qui n’est chose loisible à souffrir. Et ne croiez, chier sire, dit-elle à maître Gontier Col, ne aucun autre n’ait oppinion que je die ou mette en ordre ees dittes deffenses par excusation favorable, pour-ce que femme suis, car véritablement mon motif n’est simplement fors soustenir pure vérité[12]. » Dans la lutte morale qu’elle avait résolument engagée contre Le Roman de la Rose et ses partisans, Christine avait trouvé un puissant auxiliaire dans le célèbre J. Gerson, qu’elle surnommait l’élu des élus[13]. Afin de prouver que le bon droit est de son côté, Christine en appelle aux pères de famille : « Hahay ! entre vous qui belles filles avez, et bien les desirez introduire à vie honneste, baillez-leur, baillez et requérez Le Roman de la Rose pour aprendre à discerner le bien de mal ; que dis-je ! mais le mal du bien, et à quel utilité ne à quoy profite aux oyans ouir de laidures ? » — « Je dis que se on lisoit le livre de la Rose devant les roynes ou princeces, que il leur convendroit couvrir la face de honte rougie. » Sa sollicitude maternelle lui dicte ces vers, adressés à son fils :

Si tu veulx chastement vivre
De la Rose ne lis le livre,
Ne Ovide de l’Art d’aimer
Dont l’exemple fait à blasmer[14].

Quoique vive, la critique que Christine fait de ce roman n’est pas tellement absolue qu’elle ne reconnaisse ce qu’il y a de louable chez l’auteur. « Bien est vray que mon petit entendement y considère grant joliveté en aucunes pars, très-solennellement parler de ce qu’il voult dire ; et par moult beaux termes et vers gracieux bien leonimez, ne mieulx ne pourroit estre dit[15]. »

La plupart des trouvères se complaisent dans l’emploi des termes les plus obscènes ; et leurs lecteurs ou auditeurs n’en étaient point choqués. J. de Meun cherche à s’excuser d’avoir suivi l’exemple de ses devanciers :

Biaus amis, ge puis bien nommer,
Sans moi faire mal renomer,
Apertement par propre nom
Chose qui n’est se bonne non,
N’encor ne fais ge pas pechié
Se ge nomme sans mètre gloses,
Par plain texte les nobles choses
Que mes pères en paradis
Fist de ses propres mains jadis.

À cet argument, Christine répond : « Je dis et confesse que voirement crea Dieu choses pures et nettes… Ne en l’estât d’innocence ne eust esté laidure les nommer ; mais par la polucion de pechié devint homme immonde, dont encore nous est demouré pechié originel. » Elle paraît en quelque sorte honteuse d’avoir lu un ouvrage si licencieux : « Vray est que pour la matere qui en aucunes pars n’estoit à ma plaisance, m’en passoye oultre comme coq sur brese, si nel’ay planté veu[16]. » Les règles du vieux français, encore assez bien observées dans la prose de Brunetto Latini, laissent peu de traces dans Le Roman de la Rose. Les manuscrits de ces deux ouvrages sont très-nombreux ; on en trouve dans presque chacun des dialectes parlés au treizième siècle. Cette multitude de copies montre combien ces deux ouvrages étaient goûtés dès l’origine. De tous les monuments de notre ancienne littérature, Le Roman de la Rose est celui qui eut le plus de succès, ce qui tient peut-être, indépendamment du sujet, à ce que, l’un des derniers en date, il fut publié le premier, et surtout au talent des deux auteurs. Il n’a manqué à Guillaume de Lorris et à Jean de Meun pour égaler Ovide, leur modèle, qu’une langue aussi perfectionnée que la sienne. Ils euren autant d’invention, plus de naturel et de vérité et connurent aussi bien la théorie de l’amour que ce grand maître. Cet abus de l’esprit, qu’Ovide poussa quelquefois jusqu’à la puérilité, n’a jamais séduit les deux écrivains français ; s’ils sont moins poëtes, moins beaux-esprits que leur modèle, ils sont plus vrais dans la peinture des mœurs de leur temps. C’est dans la nature que G. de Lorris et J. de Meun ont étudié la femme. On conçoit qu’une telle peinture demandait autant de liberté que d’énergie ; cependant, il faut l’avouer, le tableau est trop chargé. Les nudités dont ce poème fourmille auraient pu être plus gazées, et les maximes de morale et de philosophie qui s’y trouvent sont peu capables de détruire l’effet que produisent toujours ces peintures voluptueuses. Quoi qu’il en soit, Dante dès l’origine prédit le durable succès de cet ouvrage, et l’amitié qui l’attachait à Jean de Meun[17] ne l’aveugle point dans cette prédiction, que nous voyons sanctionnée par la postérité. Cependant la publication de quelques unes de nos plus vieilles chansons de geste a fait perdre de nos jours beaucoup du prestige du Roman de la Rose. Malgré la difficulté d’entendre le français dans lequel elles sont écrites, on commence à goûter les chansons de Roland, de Raoul de Cambrai, de Garin le Loherain, d’Ogier l’Ardenois, de Berte aus grans pies, de Parise la duchesse, du châtelain de Coucy, etc. Toutes ces productions sont antérieures au poëme de Guillaume de Lorris et de J. de Meun. Profondément empreintes de l’esprit, français, dans leur naïveté, leur rudesse originale, elles sont étrangères à la science, à la malignité et aux raffiments de l’allégorie qui ont fait la fortune du Roman de la Rose.

La part que Jean de Meun eut à ce célèbre roman n’est pas son seul litre à la gloire littéraire ; son Teslament, ses traductions en prose du livre de la Consolation de Boèce, de la Chevalerie de Végèce et des épîtres d’Héloïse et d’Abailard, sont des monuments remarquable, toujours recherchés.

J. Molinet, chanoine de Valenciennes, traduisit en prose notre célèbre roman, et il y a inséré unefoule de traits qui ne sont point dans l’original. Son but était d’en faire un livre de piété. Il débute par ces vers, d’un comique vraiment naïf :

C’est Le Roman de la Rose
Moralisé cler et net
Translaté de rime en prose
Par vostre humble Molinet

Cl. Marot se chargea de rétablir le texte du Roman de la Rose, altéré par la négligence ou l’ignorance des premiers éditeurs ; il y fit une multitude de corrections plus ou moins heureuses, changea les expressions surannées, éclaircit des passages obscurs, et ajouta souvent des vers entiers. En un mot, il défigura le texte en voulant le corriger, et son style, enchâssé dans le langage des treizième et quatorzième siècles, produisit une fâcheuse disparate[18]. L’édition revue et corrigée par Marot fut imprimée pour la première fois en 1527. Aujourd’hui nous en possédons une bonne, collationnée et imprimée d’après les meilleurs manuscrits par Méon ( Paris, 1814, 4 vol. in-8o). Cette dernière édition reproduit fidèlement le texte original, accompagné parfois d’utiles variantes.
P. Chabaille.

Fauchet, Origine de la Poésie. — la Croix du Maine. — Pasquier. Recherches — Massieu, Histoire de la Poésie françoise. — Goujet, Biblioth. franc. — Les Épistres sur le Roman de la Rose, ms 7217 anc, 836 nouv. Blbl. Impér. — Mariène, Veter. Monum. Ampliss. Collectio etc.

  1. Préface de son édition du Roman de la Rose.
  2. Un autre trouvère du treizième siècle (Adam d’Arras) avait reçu à tort le surnom de Bossu ; il protesta hautement contre ce sobriquet injurieux :

    On m’apele Bochu, mais je ne le sui mie.
    (Du Roi de Sezille, poëme monorime publié par Buchon dans les Chroniques nationales, t. vii, p. 25

  3. Recherches de la France, t. vii, c. 3.
  4. « Je ne sauroye pas estudier comme vous fîtes jadis. » Honoré Bonnet, L’Apparition de Jean de Meun, p. 9. Maistre Gontier Col, conseiller du roi, qualifie J. de Meun de « vrai catholique, solennel maistre et docteur… en sainte théologie, philosophe très-perfont et excellent, sachant tout ce qui à d’entendement humain est scible, duquel la gloire et renommée vit et vivra es aages à venir ».
  5. Vers 53 et-suiv.
  6. L’Appparicion de maistre Jehan de Meun, p. 7. 8 et p. 66, note ii.
  7. Toutes nos citations des vers du Roman de la Rose sont extraites de l’édition de Méon, la dernière et la meilleure, sans contredit ; Paris, 1814, 4 vol. in-8o.
  8. Une aventure analogue est attribuée à un troubadour, Guillaume de Berguedan, qui vivait du temps du Conte Raimond Béranger, et est par conséquent plus ancien que J. de Meun. Le mot que l’on prête à l’un et à l’autre, comme on le voit, est une imitation forcée du mot de Jésus-Christ, qui sauva la femme adultère.
  9. J. de Meun fut inhumé aux Dominicains de la rue Saint-Jacques. On dit qu’il légua à ces religieux un coffre qu’il déclara rempli de choses précieuses, mais dont l’ouverture ne devait être faite qu’après ses funérailles. Au lieu du trésor espéré, « es bons pères ne trouvèrent dans ce coffre que des ardoises couvertes de chiffres et de figures géométriques. À cette vue les religieux, indignés, coururent exhumer le corps du défunt ; mais le parlement les contraignit à lui donner une sépulture honorable, J. Bouchet, raconte ce, fait, dans ses Annales d’Aquitaine, comme un ouï-dire, et ajoute qu’il ne le croit pas. Cependant on ne peut nier, qu’il ne s’accommode on ne peut mieux, au genre d’esprit, fin et moqueur, de J. de Meun.
  10. Satires IIv. I. sat. 13.
  11. Voy. dom Martène, Veter. Monum. Ampliss. Collect., t. II. p. 149, Epist. 54, 56, 57.
  12. Le livre des Epistres sur le Roman de la Rose, mauscr. 7217 anc, 836 nouv. Bibl. Impér.
  13. « Pour l’accroissement de vertu et le destruisement de vice, dit Christine, de quoy le Dit de la Rose puet avoir empoisonné pluseurs cuers humains, pour y obvier, très vaillant docteur et maistre en théologie, soufisant, digne, louable clerc, solempnel esieu entre les esleus, compila une œuvre en brief, conduitte moult notablement par pure théologie. »
  14. Enseignemens moraux, XIX. Voir Essai sur les écrits politiques de Christine de Pisan, p. 110.
  15. Epistres sur le Roman de la Rose, déjà citées.
  16. Ibid.
  17. « Le bon maistre Jehan de Meung estoit contemporain, c’est-à-dire du mesme temps et faculté que Dante, qui précéda Pétrarque et Boccace. Et l’un estoit émulateur et nonobstant ami des estudes de l’autre » ( J. Le Maire de Belges, Temple de Vénus.)
  18. Est. Pasquier était mécontent, de ce qu’il l’avait habilité à la moderne, et le blâmait de cette bigarrure de langage vieux et nouveau (Lettre à Cujas, liv. II).