Nouvel Organum/Avertissement de l’éditeur

Traduction par F. Riaux.
Charpentier (2p. 1).

GRANDE RESTAURATION

DES SCIENCES.



DEUXIÈME PARTIE.



NOUVEL ORGANUM[1],
ou
RÈGLES VÉRITABLES POUR l’INTERPRÉTATION DE LA NATURE.

(NOVUM ORGANUM.)



PRÉFACE.

Une des plus puissantes causes qui aient arrêté les progrès des sciences et de la philosophie, est la témérité de ceux qu’une excessive confiance dans leur esprit, ou l’ambition et le désir de se distinguer, ont portés à dogmatiser sur la nature comme sur un sujet suffisamment approfondi. La vigueur même d’esprit et la force d’éloquence qui les mettaient en état d’accréditer leurs opinions, ne les rendaient que plus capables d’éteindre dans leurs disciples toute ardeur pour de nouvelles recherches ; et s’ils ont été utiles par les productions de leur propre génie, ils ont été cent fois plus nuisibles en énervant les autres génies ou les détournant de leur vraie direction. Quant à ceux qui, tenant la route opposée, affirmaient qu’on ne peut rien savoir avec certitude, cette opinion décourageante où


  1. La pensée de Bacon étant de donner une nouvelle logique, et d’opposer son Organum à l’Organon d’Aristote, nous avons cru devoir conserver une trace de cette intention en laissant subsister dans la traduction française le mot Organum, qui seul peut rappeler cette double pensée. — La première série contient la Biographie de Bacon et l’Introduction de l’éditeur. ED.