Pour les autres éditions de ce texte, voir La Croupe.

Nous tousG. Charpentier et Cie, éd. (p. 173-175).


LXIV

LA CROUPE


Si les femmes, êtres vainqueurs,
N’avaient rien de faux que leurs cœurs,
Nous ririons ; mais voyez ces groupes
De fausses croupes !

Jadis elles n’ont fait qu’ombrer
La jupe ; on les voit encombrer
Maintenant de leur masse accrue
Toute la rue.

Souvent ces fausses croupes m’ont
Troublé ; la moindre a l’air d’un mont
Et, lorsque nous marchons, elle entre
Dans notre ventre.


Les femmes, au bas de leur dos,
Sans effort portent ces fardeaux,
Qui, s’élançant de leur échine,
Vont jusqu’en Chine.

Que recouvrent ces plis bouffants,
Aussi gros que des éléphants ?
Rien, peut-être, à petite dose,
Ou peu de chose.

Un Tiens, Ninettes et Lauras,
Vaut bien mieux que deux Tu l’auras.
Ce bloc ne disant rien qui vaille,
L’esprit travaille.

Laissant derrière elle un sillon,
Ainsi qu’un vol de papillon,
Cette mouvante fausse croupe
Semble une poupe.

Quand je la vois, se soulevant
Avec orgueil, je crains souvent
Qu’elle ne cache, feinte amère !
Une chimère.


Mais nous pouvons, rêveurs déçus,
Poser quelques objets dessus,
Ainsi que sur une console.
Cela console.

Ah ! parfois, en avons-nous ri !
L’homme des classiques nourri,
Quand cette croupe se recourbe,
Songe à la fourbe

De ce monstre fait à plaisir
Dans un récit, que le désir
De ne jamais se taire amène
Chez Théramène !


13 février 1884.