Nous tous/La Bouquetière

Pour les autres éditions de ce texte, voir La Bouquetière.

Nous tousG. Charpentier et Cie, éd. (p. 15-16).


VIII

LA BOUQUETIÈRE


Elle pleure, et n’est pas au bout.
Pendant la matinée entière,
On n’a rien acheté du tout
À la petite Bouquetière.

Elle est à jeun. Le sang pourpré
A déserté sa lèvre, pâle
Comme un linge blanc sur le pré,
Et sa pauvre poitrine râle.

Frêle victime du guignon,
Elle croise son châle, mince
Comme une pelure d’oignon,
Quand le froid trop aigu la pince.


Mais c’est bien d’elle qu’il s’agit !
Elle offre en vain sa violette ;
Et toujours la bise rougit
Ses tout petits doigts de squelette.


1er  décembre 1883.