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Nous tousG. Charpentier et Cie, éd. (p. 233-235).
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XXXIV

FEMMES


On voit une Exposition,
Dans le Palais de l’Industrie,
Faite, sans opposition,
Par la Grâce, de lys pétrie.

Oui, Vélasquez et Murillos
Déroulant de savantes gammes,
Ce sont, en somme, des tableaux
Peints uniquement par des femmes.

Ô femmes, lumière et parfum !
Cette théorie est bien fausse
De vous restreindre à connaître un
Pourpoint d’avec un haut-de-chausse.


Chastes abeilles de l’Hybla,
Purs fronts d’or couronnés de lierre,
Rassurez-vous ; sur ce point-là
Je ne suis pas avec Molière.

Que rien ne vous puisse être ôté,
Sœurs d’Agnès et d’Iphigénie !
Vous aviez à vous la beauté :
Mais prenez encor le génie.

Rêvez sur les coteaux penchants
Et parmi l’ombre des ravines ;
Ayez la couleur et les chants,
Afin d’être toutes divines.

Ah ! comme un gémissant écho,
Que dans la plainte de Valmore
Revive celle de Sappho !
Pleurez sous le vert sycomore !

Les fleurs humides sous le ciel,
Que peint Madeleine Lemaire,
Avec leur fier éclat réel
Nous charment plus que la chimère.


Madame Estelle Bergerat,
Cette très belle entre les belles,
Pour que l’Océan l’adorât,
A su peindre les flots rebelles ;

Et je ne trouve point amer,
Bien que ce soit une redite,
Qu’elle s’empare de la mer,
Comme la déesse Aphrodite.


4 mars 1884.