Nous tous/À Sarcey

(Redirigé depuis Nous tous/17)

Pour les autres éditions de ce texte, voir À Sarcey.

Nous tousG. Charpentier et Cie, éd. (p. 34-35).
◄  Balzac


XVI

À SARCEY


Puissiez-vous, Bertrand et Raton,
Rendre la caisse pléthorique ! —
Peut-être s’amusera-t-on
À voir cette pièce historique.

Il serait mal qu’on m’empêchât
D’en savourer la moindre bribe.
Mais quoi ! j’appelle un chat : un chat,
Et monsieur Scribe : monsieur Scribe.

Vous avez beau frapper du pied,
Vraiment vous avez tort, Francisque.
On dit bien : monsieur, comme il sied.
Quoi qu’il en soit, j’en cours le risque.


Tandis que l’avenir accourt,
Vous voulez, candeur enfantine !
L’appeler par son nom, tout court,
Ainsi que Gœthe ou Lamartine.

Mais non, enlevez, c’est pesé !
Un chou n’est pas une pervenche.
Par lui jadis martyrisé,
Le Vocable prend sa revanche ;

Et dussiez-vous ravir les tiers
Par votre ardente diatribe,
Ainsi qu’on disait : monsieur Thiers,
On dira toujours : monsieur Scribe.

Mais pour tant de témérité,
Si contre nous, frivole engeance,
Bondit votre cœur irrité ;
Si vous aviez soif de vengeance

Comme le désert Libyen,
Mon ami, par toute la ville,
Je vous autorise très bien
À dire : monsieur de Banville.


7 décembre 1883.