Notice sur la Société Van Mons

Notice sur la Société Van Mons
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Notice sur la Commission royale de Pomologie.

Cette Société, fondée en 1854, est en quelque sorte le corollaire obligé de la Commission royale de Pomologie, dont on vient de retracer l’histoire ; son jardin sert à continuer les travaux de Van Mons, en même temps qu’il est le développement pratique des travaux théoriques de la Commission.

À la mort du professeur Van Mons, ses fils, empêchés par leur position de continuer l’œuvre de leur père, prirent le parti de vendre ses collections de semis à M. Alexandre Bivort, qui venait de fonder a Geest-St-Remy près de Jodoigne, une vaste pépinière d’arbres fruitiers.

Ces semis au nombre d’environ 20,000 furent transplantés de Louvain à Geest, avec grand soin et à grands frais. La reprise fut heureuse et M. Bivort continua pendant plusieurs années le système des semis par générations successives, système par lequel le célèbre professeur et ses continuateurs ont doté l’horticulture moderne d’un si grand nombre de bons fruits.

En 1853, M. Bivort s’étant décidé, par suite de convenances de famille à transférer sa résidence à Fleurus, la conséquence de son départ de Geest-St-Remy fut la vente des arbres existant dans sa pépinière. La collection de Van Mons accrue des semis, faits depuis 1853, était sur le point d’être dispersée et déjà une partie en était vendue, lorsque M. Royer, président de la Commission royale de Pomologie, justement alarmé de cette perspective, demanda une audience à M. Piercot, ministre de l’intérieur à cette époque, et réclama le concours du gouvernement, pour conserver à la Belgique des collections précieuses à tant de titres et si renommées dans les pays étrangers.

M. le Ministre, en appréciant la valeur de ces collections et en témoignant son désir de résoudre la difficulté, montra combien il serait difficile au gouvernement de faire cette acquisition, d’obtenir des Chambres un subside suffisant, puis de trouver un terrain convenable pour y placer ces arbres à demeure et enfin de créer des employés spéciaux pour les cultiver et surveiller. Il se résuma en promettant l’appui du gouvernement à toute combinaison qui écarterait ces diverses difficultés. M. Royer se mit aussitôt à l’œuvre, et après s’être assuré du consentement de M. Bivort, rédigea le projet des statuts de la Société Van Mons.

Ce projet soumis d’abord à l’avis de la Commission royale de Pomologie, fut transmis à M. le ministre et approuvé par arrêté ministériel du 23 novembre 1853. M. Bidaut, inspecteur général de l’agriculture, fut nommé commissaire du gouvernement près de la Société.

Dans le courant du mois de novembre 1855 la Commission fut reçue en audience particulière par le Roi. S. M. après avoir entendu un rapport verbal sur le premier travail d’organisation de la Société et témoigné sa sympathie pour cette œuvre, daigne en accepter le titre de Protecteur et dès l’année suivante, l’administration du domaine privé, voulant créer des pépinières d’arbres fruitiers pour ses besoins futurs, s’adressa à la direction de la Société pour avoir des scions de ses meilleures variétés.

Depuis lors, cette direction s’est attachée non seulement à continuer ses semis d’après la théorie de Van Mons, mais aussi à réunir dans son jardin les meilleurs fruits obtenus dans les pays étrangers. Dans ce but elle s’est adressée à ses correspondants en France, en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis. Cet appel a été entendu ; depuis 1855 jusqu’à ce jour, elle a reçu environ 800 variétés de fruits en tous genres, qui étaient inconnus en Belgique auparavant. Ces variétés ont été greffées dans le jardin de Geest-St-Remy et les fruits en sont étudiés avec soin, au fur et à mesure de leur production, sous les divers points de vue de leur qualité, de leur rusticité et de leur fertilité.

Les membres de la Société Van Mons sont maintenant au nombre d’environ 500, dont un tiers sont étrangers, et ils reçoivent chaque année un bulletin-catalogue, contenant 1° le rapport sur les travaux et l’état financier de la Société. 2° La liste des fruits nouvellement introduits dont ils peuvent demander des scions à greffer. Ces demandes, qui s’élèvent de 6 à 7000 annuellement, sont la preuve la plus convainquante des services que la Société est appelée à rendre à la Pomologie. Par suite de ces distributions, bon nombre d’amateurs dont les jardins étaient remplis de fruits médiocres ont pu les regretter à peu de frais avec des variétés d’élite.

M. Rogier, ministre de l’intérieur, appréciant à leur juste valeur les services rendus par la Société, depuis sa fondation, vient de décider, d’accord avec le propriétaire du sol, d’entourer de murs une partie du jardin social, afin de combler la lacune qui existait par rapport à la culture des abricotiers, des pêchers et des vignes. Ces murs seront établis dès cette année sur une longueur d’environ 450 mètres.

En jetant un coup d’œil sur les statuts, nous voyons que l’étendue du jardin social avait été fixé primitivement à un hectare ; cet espace a dû être doublé dès la seconde année et pourra être porté à 5 hectares si les besoins de la Société l’exigent et si ses ressources financières devenaient suffisantes.

Le Directeur de la Société,
A. Bivort.