Notice historique et statistique sur Douy-La-Ramée et La Marre/Texte entier

et Auguste Béguin
Imprimerie Destouches (p. 9-51).
NOTICE HISTORIQUE ET STATISTIQUE
SUR
DOUY-LA-RAMÉE ET LA MARRE

CHAPITRE Ier
NOTIONS GÉNÉRALES


Douy-la-Ramée (Doyacum-Rameia), canton de Lizy, arrondissement de Meaux (Seine-et-Marne), est situé au nord-ouest et à 15 kilomètres de Lizy, entre Brégy (Oise) au nord, Puisieux à l’est, Marcilly et Forry au sud, Forfry et Oissery à l’ouest.

La rivière de Thérouanne en forme la limite dans une grande partie du côté ouest. Il s’y trouve deux autres cours d’eau superficiels ou rus, dits, l’un de Nongloire, et l’autre, qui reçoit le premier, de la Garenne.

La carte hydrologique de M. Delesse indique que plusieurs cours d’eau souterrains sillonnent le territoire de Douy-la-Ramée.

Il dépend de cette commune quatre hameaux : la Ramée sur la Thérouanne au sud-ouest, dont le nom a été de temps immémorial adjoint à celui de Douy, pour désigner la paroisse de Douy ; l’ancien domaine seigneurial et château de La Marre, en aval sur la même rivière ; Fontaines-les-Nonnes, ancien monastère, actuellement château avec ferme et moulin, toujours en aval sur la Thérouanne ; et Nongloire, ferme isolée, au nord de Fontaines, au sud-est de Douy.

L’altitude au-dessus du niveau de la mer est de 79 mètres à Fontaines, de 120 mètres à Nongloire.

Trois chemins de grande communication passent sur le terroir de Douy-la-Ramée : le chemin d’Acy à Paris, qui traverse Douy et la Ramée ; celui d’Acy à Meaux, et celui de Meaux à Nanteuil-le-Haudouin, qui passent, l’un au sud-est, l’autre à l’ouest ; des chemins vicinaux ordinaires relient Douy à Etrépilly et à Brégy, et la Ramée à Etrépilly.

La paroisse de Douy-la-Ramée faisait autrefois partie du duché de Valois et en suivait la coutume. Elle était toutefois de l’élection de Meaux et non de l’élection de Crépy, du gouvernement de l’Ile-de-France, du diocèse et du grenier à sel de Meaux, de la généralité de Paris, du bailliage de La Ferté-Milon ; puis lorsque ce bailliage fut supprimé, elle passa à celui de Villers-Cotterets. On ne saurait rien imaginer de plus hétérogène que tout cet enchevêtrement.

La justice seigneuriale de Douy-la-Ramée était représentée par un juge appelé maire, un procureur fiscal (sorte de ministère public), un greffier, un sergent[1]. Les appels se portaient d’abord à La Ferté-Milon, puis à Villers-Cotterets.

Le seigneur de Douy-la-Ramée avait droit de tabellionnage, c’est-à-dire qu’il pouvait établir un tabellion dans sa seigneurie.

En 1692, Jacques Chéron fut reçu à ce titre au bailliage de La Ferté-Milon. En 1751, le tabellion « en la branche de Douy-la-Ramée, » était Antoine Charles, tabellion au tabellionnage royal de Villers-Cotterets ; il résidait à Brégy[2].

La Révolution a fait disparaître les coutumes, les généralités, les greniers à sel, les élections, les juges et tabellions seigneuriaux, les bailliages ; elle a remplacé cette organisation disparate, compliquée, par une nouvelle organisation uniforme et beaucoup plus simple. Douy est aujourd’hui du ressort de la justice de paix de Lizy et du tribunal civil de Meaux et est resté du diocèse de cette dernière ville.

La population de Douy-la-Ramée aurait été, d’après le rôle de la taille en 1770, de 57 feux, soit environ 250 habitants. Ce qui est certain, c’est qu’en 1790, on y comptait 298 habitants, y compris les religieuses et les religieux de Fontaines ; en 1793, 247 dont 111 du sexe masculin et 136 du sexe féminin. On y compte aujourd’hui 200 habitants seulement dont 140 au chef-lieu. La constitution de la propriété du sol, presque tout entière en biens ecclésiastiques et en biens nobles avant la Révolution, restée, depuis, compacte et en grandes exploitations, a contribué à restreindre la population. Cette population a dû toujours se borner presque uniquement au nombre d’artisans et d’ouvriers nécessaires à l’exploitation des fermes.

Douy-la-Ramée est desservi par le bureau de poste de Puisieux pourvu d’un télégraphe et est de la circonscription de la perception d’Etrépilly.

Il y existe depuis 1881 un corps de sapeurs-pompiers qui a pour chef en ce moment M. Ulysse-Théophile Larose.



CHAPITRE II
LA SEIGNEURIE ET LES FIEFS
§ 1er. — LA SEIGNEURIE


Douy-la-Ramée renfermait plusieurs fiefs : le principal jouissant de la haute, moyenne et basse justice, avait son siège dans un château situé au milieu du village de Douy ; il constituait la seigneurie de la paroisse[3]. Parmi les familles qui l’ont possédée figure au premier rang l’illustre et très-ancienne maison de Chatillon-sur-Marne, unie plusieurs fois au sang royal et qui appartient à l’histoire générale. Parmi les autres familles, il en est une qui est hors de pair, la famille de Meaux, alliée à la famille de Chatillon, par les liens du sang. Suivant M. de la Morinerie et M. de Fourmont (L’Ouest aux Croisades), qui s’appuient sur l’inventaire de pièces produites en 1700, devant l’intendant de la généralité de Paris, la maison de Meaux serait issue d’Ogier le Roux, comte de Bourgogne au Ve siècle, dont le petit-fils Agneric fut comte de Meaux en 590, par suite de son mariage avec Léodegonde, fille du comte de Meaux, prince du sang mérovingien[4]. C’est à cette maison que se rattacheraient Saint-Walbert, Saint-Cognoald, Saint-Faron, Saint-Authaire, Saint-Ouen, Sainte-Fare, Acto, trésorier des finances sous Dagobert et fondateur du monastère de Jouarre, Anscheric, évêque de Paris et chancelier de France sous Charles-le-Chauve, et de nombreux prieurs, abbés et abbesses. Ce qui est certain, c’est que Giffard de Meaux accompagna Saint-Louis dans sa première croisade (1248) et qu’il eut l’honneur d’être chargé par le roi de rapporter en France la couronne d’épines du Sauveur, cédée à Louis IX par Baudoin II, empereur de Constantinople, pour laquelle Saint-Louis fit construire l’admirable bijou d’architecture appelé la Sainte-Chapelle à Paris. Pour perpétuer ce glorieux souvenir, Giffard abandonna les armoiries de sa famille qui étaient de sable à une jumelle d’argent, et, avec l’agrément du roi, il leur substitua celles-ci : D’argent à cinq couronnes d’épines de sable posées 2, 2 et 1[5].

C’est encore un membre de la famille de Meaux, noble homme Guillaume de Meaux, seigneur de Marly en partie, qui en 1543, lors de l’appel que François Ier fit du ban et de l’arrière-ban (lettres patentes, signées à Châteaudun, le 23 mai 1545), fut capitaine du ban et de l’arrière-ban de la prévôté et vicomté de Paris.

Nous rencontrons la famille de Meaux établie à Douy, au commencement du XVe siècle[6]. Elle était, en 1410, représentée par Charles de Meaux, en 1433 par Pierre de Meaux qui existait encore en 1477. À cette époque prenaient aussi le titre de seigneurs de Douy, Poland de Calleville, chambellan du roi, Pierre de Clerc et Catherine de Douy, sa femme, qui, le 7 août 1408, vendirent leur terre et seigneurie à Jean de Douy, avec manoir seigneurial près l’église, et justice, haute, moyenne et basse. Jean de Douy réunit à cette acquisition ce qui appartenait à Regnaud de Douy (8 août 1408). Après Jean de Douy, ce qu’il possédait passa à Jean Billouard par partage avec Pierrette et Marie de Douy, filles de Jean (1422, 12 juillet).

Ces possessions relevaient des héritiers de Robert de Chatillon « à cause de sa terre de Douy ».

Pierre de Meaux parait avoir succédé aux Chatillon[7]. Il eut lui même pour successeur Charles, un de ses fils, qui, en 1493, transigeait au sujet de la succession de son père avec le comte de Dammartin et avec Isabeau de Meaux, sa sœur, femme de Jacques de Thumery. Il fit d’assez nombreuses acquisitions qui augmentèrent l’importance de sa seigneurie, et d’autre part il consentit quelques baux à cens au profit de manants et habitants de son domaine à la charge notamment de planter en vigne les terres qui en faisaient l’objet. Il eut pour fils entre autres Claude, Louis et Jean. Ce fut Claude de Meaux qui, en 1339, comparut au procès-verbal de la rédaction de la coutume des bailliage et duché de Valois. Il était aussi seigneur du Grand Corbain, près Lagny, du chef de Nicole de Boubers, sa femme, et il s’était conjointement avec son frère Jean en 1533 (11 mai, Robert Gonton, clerc-juré substitut à Puisieux), rendu cessionnaire de tous les droits de leur frère Louis, dans la seigneurie de Douy.

Après le décès de Claude (partage du 5 août 1554, devant Coulon, notaire à Lagny), la terre seigneuriale de Douy-la-Ramée échut à Louis de Meaux, son fils aîné. Celui-ci avait embrassé la Réforme et suivi le parti de Condé. En 1562 (24 juin), il fut élu par les réformés de Meaux, chef de la ville, en même temps qu’un nommé Pierre Parcalus, surnommé le Diable, parce que dans un mystère de la Passion il avait joué le rôle du Diable, était élu chef du Marché. La ville de Meaux était alors livrée aux luttes souvent sanglantes des catholiques et des réformés. Le lendemain de l’élection des deux chefs, dit Toussaint du Plessis « les huguenots conduits par Parcalus marchèrent droit sur l’église cathédrale où ils renversèrent les autels, brisèrent les croix et images, mirent en pièces la ceinture du chœur qui était d’albâtre et où étaient représentés en relief de trois pieds de hauteur les actes des apôtres et le martyre de Saint-Etienne, foulèrent aux pieds les reliques des saints et firent un dégât inexprimable. Les ornements de l’église ne furent pas épargnés ; on les mit au pillage comme dans une ville de guerre et chacun eut part au butin ; l’argenterie toutefois fut mise de côté et envoyée au roi. Le dommage qu’ils causèrent fut estimé, au mois de décembre suivant, à plus de 300, 000 livres. » Il n’entre pas dans le cadre de ce travail de faire le récit des troubles de cette époque et nous nous hâtons de rejoindre Louis de Meaux, qui du moins fut étranger à ces dévastations. Au mois de septembre 1567, il coopérait avec l’archevêque d’Arles, seigneur de Lizy, abbé de Lagny, au coup de main tenté inutilement par le prince de Condé pour s’emparer du roi Charles IX qui était venu passer quelques jours au château de Montceaux. Peu après, Louis de Meaux, qui commandait une troupe d’hommes à pied prenait quelque repos au Plessis-Placy. Les catholiques de Meaux, en étant informés, fondirent sur ce village, firent prisonnier le capitaine et l’amenèrent à Meaux. Son procès fut instruit avec la rapidité habituelle à cette époque et le jour même (10 novembre), ce descendant du compagnon de Saint-Louis, infidèle à la religion de ses pères, fut décapité devant le parvis de la cathédrale ; sa tête fut placée au bout d’une pique et exposée au dessus de la porte Saint-Nicolas : telles étaient les mœurs.

La famille de Meaux fournit une autre victime aux dissensions religieuses de ce temps : en 1580, Scipion de Meaux, fils de Louis non moins ardent huguenot que son père dont il avait à cœur de venger la mort, levait et enrôlait des soldats, soit pour les conduire au secours de Fère menacé par les ligueurs, soit, suivant Toussaint Duplessis, pour s’emparer de la ville de Meaux ; pris les armes à la main, « il fut, ajoute cet historien, décapité le 22 juin 1580, » devant l’église cathédrale, au même lieu et du même glaive dont » on s’était servi pour son père. »

Louis et Scipion de Meaux ont cruellement souffert d’avoir renié la religion catholique que leurs ancêtres avaient défendue de leur épée. Ils ne furent pas d’ailleurs les seuls de leur maison qui subirent l’influence des idées nouvelles ; un de leurs cousins, Abel de Meaux, seigneur de Charny et de Quincy, se fit aussi huguenot. Témoignage frappant du trouble que les idées religieuses jetaient dans les esprits, il passait dans le camp ennemi de celui où servait un de ses fils, Jacques, reçu chevalier de Malte en 1555, et par contre nous allons voir Josias de Meaux, arrière-petit-fils de Louis et petit-neveu de Scipion, entrer dans l’ordre de Malte sous les auspices d’un autre de ses parents, Guillaume de Meaux Bois-Boudran, grand prieur de France[8].

A Louis de Meaux succédèrent dans la seigneurie de Douy-la-Ramée, Jean, un des neuf enfants issus de son mariage avec Andrée Le Vicomte ; lequel, lui-même épousa en 1579, Perrette de Campremy ; puis Antoine, fils de Jean, qui épousa en 1609 Lucrèce de Brossard[9]

Un des fils d’Antoine ayant, en 1637, à l’âge de 16 ans, sollicité son admission dans l’ordre des Chevaliers hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, ordre de Malte, dut faire ses preuves, c’est-à dire établir par témoins et par documents certains, que depuis quatre générations au moins, ses ancêtres paternels et maternels avaient vécu noblement, sans aucune dérogeance, que lui-même était de naissance légitime, de bonnes vie et mœurs, et de la religion catholique, apostolique et romaine.

L’enquête sur ces faits eut lieu en vertu d’une commission émanée de Monseigneur Guillaume de Meaux Bois-Boudran, grand prieur de France, parent du récipiendaire, devant deux commandeurs délégués à cet effet, en l’hôtel de Douy « maison de l’origine de la famille de l’impétrant. »

Les témoins furent : Messire de Conac, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, capitaine d’une compagnie de chevau-légers, seigneur d’Acy-en-Multien ; Robert de Paris, seigneur de Boissy, et d’Ormoy-le-Davien, écuyer de la petite écurie du roi ; Pierre de Billy, seigneur d’Antilly et Cuvergnon ; Christophe de Paris, seigneur de Mondrival, demeurant à Etrépilly ; Charles de Garges, demeurant à Nanteuil-le-Haudouin.

Les commissaires, après avoir reçu la preuve de la filiation noble de Josias jusqu’à Charles de Meaux, son quadrisaïeul, constatèrent que l’église de Douy portait les armes des de Meaux, au dehors, et au dedans à la vitre derrière le grand autel, à la voûte au-dessus du maître-autel, à la voûte de la chapelle Notre-Dame, à la vitre derrière la chapelle avec les armes des Campremy à gauche, à une vitre du côté gauche de la chapelle avec les armes des Le Vicomte au-dessous (losangé d’or et de gueules, l’or chargé d’hermine de sable)

Ils constatèrent aussi que les armes des de Meaux étaient gravées sur la maison seigneuriale.

Poursuivant leurs investigations, ils visitèrent l’église Saint-Pierre de Brégy où ils trouvèrent les armes et les tombeaux de plusieurs membres des familles de Brossard et de La Fontaine dont descendait la mère de l’impétrant, l’église du Mesnil-Aubry renfermant la tombe de Louis de Saint-Simon, écuyer, seigneur de la Motte d’Esclemont et du Mesnil en partie, fils de Claude de Rouvroy dit de Saint-Simon dont elle descendait également ; ils se rendirent encore au Plessier la Pommeraye où ils trouvèrent, au-dessus de la porte d’une vieille chapelle ruinée, les armes des de Vachault, ancêtres de la même dame ; à Creil, en l’église Saint-Médard où ils trouvèrent quatre tombeaux de la même famille, de père en fils ; et enfin en l’église de Bussy-Saint-Georges, renfermant les tombes, gravées de leurs armes, des membres de la famille de Rovilliers dont elle descendait aussi.

On voit que ces enquêtes se faisaient sévèrement et que les chevaliers de Malte ne couraient pas le danger de se mésallier.

Antoine de Meaux mourut en septembre 1662 à l’âge de 78 ans et fut inhumé le 11 de ce mois en l’église de Douy. Il laissait trois fils : Jacques, François et Denis de Meaux, trois filles : Anne, Catherine et Gabrielle, et les enfants d’un fils aîné prédécédé nommé Anne, qui avait épousé Philippe de Garges, fille de Pierre de Garges, seigneur de Villers-Emmi-les-Champs, Ormoy, Villeneuve, Auger, etc. Denis, Catherine et Gabrielle renoncèrent à la succession de leur père (1663). En 1670 (28 avril, Gigault, notaire à Paris) Jacques de Meaux, seigneur de Douy-la-Ramée, Denis, capitaine au régiment de Noirmoutier, Anne, Catherine et Gabrielle de Meaux, celle-ci femme de Gilbert de Pailleron, vendirent, moyennant 31,000 livres, à Jean-Baptiste de Meaux, leur cousin, seigneur de Vallière, les droits leur appartenant dans la terre et seigneurie de Douy-la-Ramée, y compris le moulin banal, et le 30 novembre 1674 François de Meaux vendit lui-même ses droits à son cousin[10].

Le surplus de la terre de Douy-la-Ramée appartenait aux enfants de René de Meaux, seigneur de Courtry, et de Marie Lemesle ; Nicolas, Louis, René-Armand, Geneviève, Marie et Françoise de Meaux qui étaient au nombre de ces enfants en faisaient foi et hommage le 26 mai 1680 à Jean-Baptiste de Meaux, leur parent, et aussi, pour ce qui le concernait au baron de Passy en Valois, auquel ils fournissaient un dénombrement de leur fief comprenant terres, vignes, bois, droit exclusif de pêche en la rivière, cens, surcens, les douze cinquantièmes du moulin banal, justice, haute, moyenne et basse, maire, procureur, greffier, sergent, avec droit de justice sur l’église, le presbytère, le puits commun, la grange dîmeresse, la chapelle de la Ramée et le cimetière de Douy (6 juin 1680). (Archives nationales Q1 1419)[11].

Ces mêmes enfants de René de Meaux et de Marie Lemesle possédaient alors le fief de Lévi, situé à La Ramée que Geoffroy Lemesle, sieur de Roquinière, leur oncle, leur avait légué par son testament du 30 juillet 1637 avec substitution au profit de leurs enfants et stipulation qu’à défaut d’enfants l’objet du legs reviendrait aux filles de la Madeleine établies devant le Temple à Paris[12].

En 1682 (12 août), la partie principale de la seigneurie de Douy-la-Ramée passa à un étranger : une sentence de la chambre du trésor à Paris adjugea sur Jean-Baptiste de Meaux ce qu’il en possédait, à « noble et scientifique personne » Messire François Joisel, docteur en théologie, qui fut doyen de la maison et société de Sorbonne.

Aussitôt s’engagea entre ce nouveau seigneur et les enfants de René de Meaux une lutte de prétentions contradictoires. En 1683, Joisel voulant planter un poteau avec carcan, les héritiers de Meaux s’y opposèrent, et Joisel, après avoir fait attester par les habitants qu’ils avaient toujours vu ce sinistre appareil placé dans le carrefour des Ormes, dut se pourvoir de lettres de la grande chancellerie pour arriver à son but (5 juin 1685).

D’un autre côté, Nicolas de Meaux et ses frères et sœurs se faisaient, par sentence du juge de Douy, confirmée au bailliage de La Ferté-Milon (1685), maintenir en possession de la justice haute, moyenne et basse de Douy, avec droit de faire apposer leurs armes sur le poteau de justice et d’élever ce poteau en tel endroit que bon leur semblerait autre que celui choisi par Joisel.

Celui-ci ayant été autorisé à établir le papier terrier de la terre et seigneurie de Douy-la-Ramée (25 octobre 1687), René-Armand de Meaux obtint du parlement, en qualité de capitaine au régiment d’infanterie de la marine, arrêt de surséance à la confection de ce terrier, tandis que Nicolas de Meaux, son frère, réclamait la même surséance, comme compris dans l’appel du ban et de l’arrière-ban.

Ces débats témoignent de l’importance qui s’attachait à la conservation des droits seigneuriaux et peut-être aussi du regret qu’éprouvait la famille de Meaux de voir un étranger établi dans une terre qui lui avait appartenu durant plus de trois siècles.

René-Armand de Meaux, qui était chevalier de Saint-Louis, mourut en 1722 après avoir survécu à ses frères Louis et Nicolas ; en 1723 Messire Louis Poulet, sieur de Sally, héritier des propres naissants d’Armand René, en vendit une partie à Pierre de Cornoailles, prieur commendataire du bourg le Prestre, seigneur de La Marre, qui, comme créancier d’Armand-René de Meaux et comme exerçant les droits des filles de la Magdeleine de Paris, devint peu après propriétaire des autres biens d’Armand-René de Meaux sur la paroisse de Douy.

La dépossession de la famille de Meaux était complète[13].

La part que possédait François Joisel dans la terre et seigneurie de Douy-la-Ramée passa lors de son décès à Pierre et Bernard Joisel, puis bientôt à Pierre seul, son neveu, seigneur de Mondrival, prieur du prieuré du Saint-Sépulcre d’Allemagne, près Montgé ; le 20 mai 1733 celui-ci le vendit moyennant 81,000 livres à Claude-Antoine Boucot de Pontevrard qui réunit ainsi entre ses mains la totalité de la terre de Douy-la-Ramée dont il avait acheté le surplus de Pierre de Cornoailles le 24 janvier 1733 ; cette terre comprenait alors avec le fief de Vaucourtois qui y était réuni, justice haute, moyenne et basse, château avec jardins, parc et autres dépendances dans la grande rue de Douy, une ferme près l’église, le moulin banal de la Ramée, 325 arpents de terres labourables, 64 arpents de bois, 20 arpents de pré et les cens, surcens et rentes seigneuriales[14].

Nicolas Boucot de Judainville recueillit la terre et seigneurie de Douy dans la succession de Boucot de Pontevrard, son frère (1745), et la transmit en mourant (1754), pour l’usufruit, à Claude-Catherine Boucot, femme de Nicolas Bunault de Frémont, ancien capitaine de cavalerie, et pour la nue-propriété à Jacques-Olivier Vallée, maître en la Chambre des comptes, et Anne-Jacqueline Lenoir, sa femme.

Au décès de ceux-ci, et en vertu d’une sentence de licitation du Châtelet de Paris du 17 février 1776, elle passa à Charles Ringuier, secrétaire du roi près le parlement de Metz.

À ce moment la terre de Douy-la-Ramée comprenait dans son ensemble, outre le moulin de la Ramée, 542 arpents de terre et pré et environs 80 arpents de bois.

Cette terre et seigneurie relevait pour la presque totalité de la terre et baronnie de Passy-en-Valois, et il en a été à de nombreuses reprises rendu foi et hommage et fourni dénombrement au seigneur de cette dernière terre.

D’un autre côté les fiefs situés sur la paroisse de Douy-la-Ramée relevaient pour la plupart de la seigneurie même de Douy-la-Ramée et les actes de foi et hommage qui leur sont relatifs ne sont pas moins nombreux. On sait que cette formalité devait se renouveler à chaque mutation de fief servant et qu’il était dû au seigneur du fief dominant, si la mutation avait lieu par succession collatérale, le droit de relief, c’est-à-dire une année de revenus, et si elle avait lieu à titre onéreux, le cinquième du prix de la vente, outre le droit, assez modique, du reste, de chambellage[15].

Après la mort de Charles Ringuier la terre de Douy-la-Ramée fut adjugée par sentence du Châtelet de Paris du 21 mai 1785 à Hilaire Rouillé, marquis du Coudray, seigneur du Plessis-au-Bois, Iverny, Cuisy, Forfry et autres lieux, passa en vertu d’arrangements de famille à la succession de Marie d’Abadie, sa femme (1786), et parmi les héritiers de celle-ci à Hilaire Rouillé du Coudray, comte, puis marquis de Boissy, dont nous aurons à parler plus loin (Partage devant Fourcault de Pavant, notaire à Paris, du 4 juillet 1789). Celui-ci la conserva jusqu’à sa mort, arrivée au Plessis-au-Bois, le 28 juin 1840 ; il avait épousé Catherine-Etienne-Claude d’Aligre, qui lui survécut, et il laissa pour héritiers : un fils, Hilaire-Etienne-Octave Rouillé, marquis de Boissy, pair de France, et deux filles, la marquise de Préaulx et la comtesse d’Aubusson.

Cette famille de Rouillé du Coudray ou de Boissy qui a eu et a encore des possessions considérables dans l’Ile-de-France, était originaire de Bretagne et vint à Paris au XVIe siècle. Elle ne fut pas sans illustration. Le premier de ceux que nous avons nommés plus haut, mérita le grade de lieutenant général ; son fils, officier au régiment de Languedoc resta fidèle au roi pendant les Cent Jours et fut nommé pair de France le 17 août 1815. Le fils de celui-ci marquis de Boissy, qui reçut le même titre de pair de France le 7 novembre 1339 et à qui, après la mort de son père, échut la terre de Douy-la-Ramée, se rendit populaire sous la monarchie de juillet, par son éloquence originale, vive, spirituelle, mais souvent intempérante, et dont le bon goût ne ratifiait pas toutes les saillies. Il devint membre du Sénat du second empire en 1853 et apporta dans cette assemblée les mêmes habitudes oratoires. Il avait en 1840 épousé en secondes noces la comtesse Guiccioli que l’amitié de lord Byron a rendue célèbre et mourut en 1866 sans laisser d’héritier mâle.

Il avait dès 1848 vendu sa terre de Douy-la-Ramée à MMe Henriette-Catherine-Josephe Moiner, veuve de M. Jean-Nicolas Arnoux. Au décès de celle-ci (1869) Madame Chauchat, une de ses filles, devint propriétaire de cette terre qu’elle vendit en 1870 à M. et MMe Brazier. Elle appartient aujourd’hui à Madame Brazier et à sa fille adoptive, épouse de M. Poisson, ancien avoué près le tribunal de première instance la Seine.

§ II. — LES FIEFS
A. — Seigneurie de La Marre.

La Seigneurie de La Marre qui a eu au XVIIe siècle et dans partie du XVIIIe une existence propre, indépendante, ne paraît pas s’être constituée avant le XVIe siècle ; en 1504 et 1507 en effet, Charles de Meaux donnait à cens et surcens « quelques arpents de terre et pré lieudit la Marre, se trouvant en sa censive ». Le 13 décembre 1507, Claude de Meaux, son fils, achetait de divers manants de son domaine « une maison manable, grange, étable, cour, jardin, pré, terre labourable, nommés La Marre, contenant 8 arpents environ, avec une fosse à poissons, à la seule charge des cens et rentes dûs à l’acquéreur ». C’étaient, à n’en pas douter, des biens de roture. Puis, le 5 septembre 1602, Perrette de Campremy, femme de Jean de Meaux, vendait à Marguerite Musnier, femme de Pierre Chabouillé, procureur du roi à Meaux « le fief de la Marre », dont il fut fourni, le 10 juillet 1610, aveu et dénombrement au seigneur de Passy, pour ce qui relevait de lui. Il faut en conclure que dans le cours du XVIe siècle, la famille de Meaux avait inféodé cette partie de son domaine et avait créé une seigneurie particulière[16].

Après la mort de Marguerite Musnier, veuve en secondes noces de Germain Leboulleur, un arrêt du parlement de Paris, du 16 juin 1663 ordonna que les biens nobles de sa succession seraient partagés conformément à la Coutume du Valois dans le ressort de laquelle ils étaient situés, et qu’en conséquence Louis-Jean Chabouillé, contrôleur provincial des guerres aux départements du Bourbonnais et du Nivernais, aurait le principal manoir, le lieu seigneurial de la terre de La Marre avec les pourpris et jardins s’entretenant et contigus à l’hôtel, et la moitié dans le surplus des fiefs, et que l’autre moitié de fiefs serait partagée entre lui et sa sœur, Michelle Chabouillé femme de Jean Johanneau, sieur de Laiseau. En vertu de cet arrêt et du partage qui le suivit (23 avril 1664), Jean-Louis Chabouillé devint seigneur de La Marre[17].

Il y réunit le fief dit de Précy situé sur la paroisse de Douy-la-Ramée et mourut en 1691, laissant pour héritière Jeanne Françoise de Florinville, sa petite nièce, qui épousa Pierre de Guelluy, seigneur de Rumigny. Celui-ci fit foi et hommage François Joisel, seigneur de Douy-la-Ramée, pour ce qui relevait de lui et fit consacrer cet acte par sentence de la mairie de Douy-la-Ramée du 19 juin 1699 constatant en même temps le paiement du droit de relief.

Des débats s’étant élevés au sujet du droit de chasse entre François Joisel et Pierre de Guelluy, une sentence de la Table de marbre du Palais à Paris, reconnut au sieur de Rumigny, le droit de chasser sur les fiefs de La Marre, Pacy et Précy en la justice et paroisse de Douy-la-Ramée.

Le sieur de Rumigny habita peu son hôtel seigneurial de La Marre ; le 20 mai 1713, il le donnait à bail avec le domaine entier moyennant 1.000 livres, et le 27 juillet suivant (Laideguives, notaire à Paris), il vendait à Claude, Pierre et Jean-Gabriel de Cornoailles ce même domaine consistant en corps d’hôtel, écurie, grange, étable et remise, colombier à pied, jardin et bois taillis, le tout clos de murs, et en 118 arpents de terre et pré.

Pierre de Cornoailles, devenu seul propriétaire de La Marre de ses annexes, revendit le domaine entier le 24 janvier 1733 (Laideguives, notaire à Paris), moyennant 70.000 livres à Claude-Antoine Boucot de Pontévrard qui, trois mois après, devint seigneur de Douy-la-Ramée, comme on l’a vu plus haut.

Dans cette vente se trouvaient comprises deux pièces de terre sur Brégy, relevant de de Flesselles, marquis de Brégy ; celui-ci usant du droit qu’avait tout seigneur censier, de retirer à lui les terres soumises à sa censive, lorsqu’elles changeaient de mains à titre onéreux, exerça le retrait sur ces deux pièces pour les réunir à sa terre de Brégy[18].

À partir de 1733, la seigneurie de La Marre et celle de Douy-la-Ramée restèrent réunies dans la même main ; la maison seignenriale ou château de La Marre remplaça l’ancien château de Douy et servit de résidence aux seigneurs de la paroisse. Antoine et Nicolas Boucot que nous avons nommés plus haut paraissent avoir fait rebâtir une partie de leur résidence seigneuriale[19]. Le comte de Boissy y fit aussi des travaux de construction en 1794, époque à laquelle il y habitait ; il ne tarda pas toutefois à l’abandonner pour le château du Plessis-au-Bois, près de Claye-Souilly.

Le château de La Marre avait été durant quelques années occupé par Eustache-Joseph de Tournay d’Assignies d’Oisy, ancien mestre de camp, qui en avait l’usufruit et qui y mourut en 1792.

Le second marquis de Boissy vendit le domaine de La Marre avec le moulin de La Ramée, en 1848, à M. Jean-Hubert Fouillaux, cultivateur et meunier en ce lieu.

Au décès de celui-ci, arrivé à Meaux, le 22 novembre 1862, La Marre passa à MMe Caroline Lefèvre, sa veuve, aujourd’hui épouse de M. Béguin qui y a réuni en 1877 le moulin de la Ramée détaché de La Marre en 1863.

M. et Mme Béguin en sont encore propriétaires et y habitent.

B. — Fontaines-les-Nonnes.

Le fief de Fontaines-les-Nonnes, prieuré de l’ordre de Fontevrault, fera l’objet d’une notice particulière que publiera incessamment M. l’abbé Bonno, curé d’Etrépilly. Il n’en est question que pour ordre.

C. — Fief de Sainte-Fare-Oppigny-Nongloire.

De même pour le fief de Sainte-Fare, Oppigny-Nongloire, qui appartenait à l’abbaye de Faremoutiers, nous renvoyons le lecteur à l’histoire de cette abbaye par M. Fontaine de Resbecq.

Nous nous contenterons de dire que cette terre et seigneurie comprenait, outre un vaste corps de ferme, 403 arpents (grande mesure), de terre, prés, bois, etc., plus 57 arpents dont partie avait été précédemment en vigne et était en friches, formant une montagne inculte s’étendant des fourches patibulaires de la seigneurie jusqu’au chemin de Fontaines à Etrépilly ;

Plus le dîmage à la 11e gerbe, appelé dîmage de Nongloire, sur 136 arpents vers Puisieux ;

Le dîmage aussi à la 11e gerbe de 59 arpents sur Etrépilly et de 42 autres arpents vers Manœuvre, appartenant au sieur de Mondrival, à partager avec le chapitre de Meaux ;

Et le dîmage à la 17e hottée des vignes d’Oppigny.

Faremoutiers avait sur toute l’étendue de sa seigneurie droit de haute, moyenne et basse justice, avec fourches patibulaires que des lettres-patentes de François 1er, datées du 10 janvier 1527, avait autorisé à relever. Ce droit de justice était exercé par un maire dont les appels se portaient devant le bailli de Faremoutiers. Le fermier devait tous les ans comparaître aux assises tenues par ce bailli et faire faire à ses frais et dépens tous les procès criminels pour faits commis sur la seigneurie.

La chapelle de Sainte-Fare était située dans la cour de la ferme près la porte à droite en entrant ; elle avait deux travées voûtées et deux fenêtres donnant sur la cour, avec cloche au-dessus, croix de fer et coq d’airain. Le chapelain (le curé de Douy-la-Ramée) devait, d’après une transaction de 1523, y célébrer deux messes par mois ; il lui était versé pour ce service 18 setiers de blé par an. (Archives de Seine-et-Marne, H 448 et 483).

D. — Fief divers.

VAUCOURTOIS. — Le fief de Vaucourtois dont la maison seigneuriale était située dans le village de Douy, comprenait, outre cet hôtel et manoir, 29 arpents de terre et pré et droit de justice dans l’enclos de l’habitation seulement.

Dreux Budé, trésorier garde des chartes du roi, aïeul du célèbre Guillaume Budé, en devint propriétaire en 1447 par la vente que lui en fit la succession de Jean de Chatillon, ainsi que de la moitié d’un petit fief sur Douy appelé de Montmillon, indivis avec Pierre de Meaux, et la moitié du fief de la Ramée aussi indivis avec celui-ci.

Le fief de Vaucourtois appartint plus tard à Jean de Meaux qui, le 3 août 1603, le vendit à Isaac Spifame « pour payer sa rançon ».

LÉVY. — Ce fief comprenait une ferme sise à la Ramée. En 1643, il appartenait à René de Meaux qui en faisait foi et hommage à Antoine de Meaux, seigneur de Douy (acte devant Berge, tabellion à Douy, du 16 mai 1643).

PRÉCY. — Ce fief comprenait seulement quelques arpents de terre, il relevait du seigneur d’Oissery à qui Chabouillé en rendit foi et hommage le 13 mai 1686.

AUTRES. — En 1456, le 10 janvier, Messire de Marle, maître des requêtes, achetait de Jean Billouard, seigneur en partie de Douy, trois fiefs situés en la paroisse de Douy-la-Ramée, relevant de Robert de Chatillon, seigneur de Douy. Ces fiefs dont les noms ne sont pas indiqués comprenaient : le premier une maison et 49 arpents de terre ; le deuxième 16 arpents ; le troisième (provenant de Jean de Douy et précédemment de Regnault de Douy), un grand hôtel et 88 arpents de terre avec justice haute, moyenne et basse, chasse, pêche, etc. Pierre de Meaux alors seigneur de Douy-la-Ramée perçut le droit de quint sur cette acquisition. En 1522 (4 juillet), Pierre de Marle, à qui ces biens étaient échus, en revendit à Gaillard Spifame 80 arpents ayant droit de justice et censive, relevant de Claude de Meaux, comme seigneur de Douy. Ces biens, auxquels Isaac Spifame avait réuni en 1615 le fief de Vaucourtois, appartenaient en 1622 à Messire Nicolas de la Rivière et Magdeleine Spifame, sa femme, et à Messire Jacques de Reignier vicomte d’Aulnay et Marguerile Spifame, sa femme, qui en firent foi et hommage à Antoine de Meaux. Ils passèrent à Georgette de Regnier, fille du vicomte d’Aulnay, épouse de Nicolas de Mesgrigny, baron de Villebertain, seigneur de Douy et Vaucourtois en partie, qui les vendit le 19 mai 1664 à François Joisel, seigneur de Douy[20].

Il est mention aussi d’un fief de Passy et d’un fief de Courtry. Celui-ci était formé des possessions que la branche des de Meaux, établie à Courtry, avait conservées à Douy-la-Ramée.



CHAPITRE III
ÉGLISE. — DIMES. — ÉCOLE. — HOTEL-DIEU ET BUREAU DE BIENFAISANCE. — SOCIÉTÉ DE SECOURS MUTUELS
ÉGLISE


I. — L’église de Douy-la-Ramée, élevée sous l’invocation de Saint-Jean porte latine, est un édifice du XVIe siècle à deux nefs. On y remarque un bénitier de marbre blanc en forme de coquille marine, d’une véritable valeur artistique, une statue de Saint-Augustin du XVIIe siècle et une statue plus ancienne de Saint-Quentin, rapportée de Fontaines-les-Nonnes après la Révolution[21].

Il y existe deux pierres tombales relatives à des seigneurs de Douy : sur l’une est représenté un chevalier en costume séculier avec son casque et ses gantelets à ses pieds, les mains jointes, sous une arcade supportée par deux pilastres. Deux anges sont figurés au-dessous de l’arcade. Cette pierre porte l’inscription suivante : « Ci-gist messire Esmery de Meaux, vivant chevalier, seigneur de Douy, La Marre, la Ramée en partie, qui décéda agé de soixante-dix ans, le 13 mars 1628. Priez Dieu pour son âme. » (Et à la suite : fait à Senlis). Une pierre attachée à un pilier répète cette inscription et ajoute : « Le cœur de son épouse aussi Madamoiselle Magdeleine de Vassault, fut icy mis (après qu’elle fut) décédée le 3e jour d’aoust… (le corps) de laquelle repose en (l’église Notre) dame des Carmes… Poitou, ayant tous deux, avant leur trépas, fondé chacun un obit en cette église à mesme jour de leur mort. Priez Dieu pour leurs âmes. »

L’autre pierre tombale porte : « Cy gist le corps de noble home Anthoine de Meaux, issu des comtes de Meaux, en son vivant seigneur de Douy-la-Ramée, qui est décédé le 10 de septembre 1662 âgé de 78 (ans). Priez Dieu pour son âme. » Au-dessus de l’inscription existe un fronton semi-circulaire en marbre blanc sur lequel est gravé l’écusson des de Meaux, surmonté d’une couronne de comte.

La clef de voûte du sanctuaire porte également les armes de cette famille ; celle du chœur porte les mêmes armes mi-parties avec les armes de la femme de l’un d’eux.

On lit dans l’église sur une troisième pierre tombale : « Ici repose le corps de messire François Fosse, prêtre du diocèse de Meaux et prieur commendataire de Saint-Germain de Secqueval, au diocèse de Chartres, curé de cette paroisse, qu’il a gouvernée avec édification et piété pendant 38 ans et est décédé le 14 septembre 1771, âgé de 69 ans. »

II. — La cure de Douy-la-Ramée, qui était à la collation du chapitre de l’église de Meaux, jouissait à la fin de l’ancien régime d’un revenu de 1850 livres environ, représentant aujourd’hui approximativement 5.000 francs ; il se composait : 1° du fermage de 39 arpents de terre et d’un arpent de pré, francs de dîmes, sur Douy-la-Ramée, formant le domaine de la cure ; 2° d’une rente perpétuelle de 70 livres ; 3° des dîmes novales (108 arpents) et des dîmes de basse-cour sauf à Nongloire et à Fontaines ; 4° et de 38 setiers de blé et 60 minots d’avoine que lui devaient le chapitre de l’église de Meaux sur sa part des grosses dîmes de la paroisse et l’abbaye de Faremoutiers pour le service de la chapelle Sainte-Fare de Nongloire.

A ce revenu le curé Fosse, dont on a lu l’épitaphe plus haut, joignait 460 livres que lui rapportait le prieuré de Saint-Germain de Secqueval dont il était bénéficiaire.

La cure de Douy-la-Ramée payait au roi 158 livres annuellement pour décimes.

III. — La fabrique possédait aussi 39 arpents de terre soumis à la dîme et situés sur la paroisse de Douy-la-Ramée. En outre elle touchait annuellement à la charge de divers services religieux 319 livres de rente perpétuelle dont 141 livres sur les aides et gabelles, légués par Boucot de Judainville en 1753, à la charge d’une messe par semaine à célébrer à perpétuité en l’église de Douy[22].

La fabrique, outre les charges ordinaires, payait au clerc paroissial, maître d’école, 120 livres par an et au roi 12 livres aussi par an pour décimes.

IV. — Le presbytère de Douy-la-Ramée devenu vacant durant la Révolution a été vendu au profit de la nation et n’a pas été remplacé.

V. — Le cimetière de la paroisse était établi dans un terrain contigu à l’église. Il y est resté ; on y remarque une croix faite d’une seule pierre représentant à sa partie supérieure, d’un côté le Christ, de l’autre la Vierge, sculptures d’un beau travail.

VI. — Il existait à la Ramée une chapelle de la Sainte-Trinité à la collation de l’évêque de Meaux, dotée de 19 arpents de terre et pré (petite mesure), sur la paroisse, loués en 1782 moyennant 60 livres et 12 setiers de blé. Un des chapelains de cette chapelle Léonor Defacq, chanoine de Meaux, y avait fondé une messe et avait légué à cet effet une rente de 32 livres 10 sous par an. Cette chapelle n’a pas survécu à la Révolution. Son emplacement est marqué par une croix élevée en 1870 par les soins de M. Farry, curé desservant de Marcilly, et de Mme Béguin, de La Marre.

VII. — Les biens de la cure, de la fabrique et de la chapelle de la Ramée ont été vendus au profit de la nation, les 7 décembre 1791, 18 octobre 1792 et 8 janvier 1793, moyennant 65.400 livres.

Les rentes dues à la fabrique, devenues aussi propriété de la nation, se sont éteintes par confusion et par rachat ou ont été transférées à des hôpitaux.

VIII. — Le curé en exercice lors de la Révolution, François Chaisemartin, prêta le serment constitutionnel, fut officier public, c’est à dire chargé de rédiger les actes de l’état civil, puis secrétaire-greffier du conseil général ou municipal et adjoint au maire. Il rendit assurément des services à ces divers titres. Il avait dû, le 8 ventôse an II, cesser ses fonctions de prêtre et en faire la déclaration, mais dès que fut rendue la loi du 11 prairial an III, autorisant les citoyens à user librement pour l’exercice de leur culte des édifices qui y avaient été consacrés, la municipalité de Douy « applaudissant avec attendrissement à cette loi sage qui consacrait solennellement les grands principes de liberté que l’administration n’aurait jamais dû perdre de vue, et désirant singulièrement l’exercice libre et tranquille de la religion catholique, de cette religion sainte qui a fait le bonheur de nos pères » demanda au citoyen Chaisemartin de reprendre les fonctions de ministre du culte dans la paroisse. Celui-ci accepta, en protestant, comme il lui était ordonné de le faire, de sa soumission aux lois de la République. Aussitôt le comte de Boissy fournit et prêta les objets nécessaires à la célébration du culte, et l’église se rouvrit.

Le prêtre, malgré la tolérance de la loi du 11 prairial an III, n’en restait pas moins suspect et l’autorité cherchait à se rassurer contre lui en lui imposant de fréquents serments : le 20 vendémiaire an IV, Chaisemartin dut « reconnaître que l’universalité des citoyens français est le souverain et promettre soumission et obéissance aux lois de la République ». Deux ans après il dut prêter serment de haine à la royauté et d’attachement à la République et à la Constitution.

Une grave difficulté se présenta. L’église de Douy n’avait pas été comprise au nombre des succursales ; pour conserver un desservant, la commune devait lui assurer de ses deniers un traitement. Elle offrit cinq centimes au principal de ses contributions l’offre fut jugée insuffisante, et Chaisemartin (qui à titre d’ancien curé jouissait d’une rente viagère de 333 francs seulement) donna sa démission de la fonction d’adjoint qu’il avait conservée jusqu’alors et ne tarda pas à quitter Douy-la-Ramée.

Cette commune n’est plus paroisse ni succursale, son église n’a pas de titre légal ; les frais du culte sont en entier à la charge des habitants, et le service religieux y est fait par le desservant d’une commune voisine, en ce moment par le desservant de la commune de Marcilly.

La cloche que renferme l’église de Douy porte l’inscription suivante :

« L’an 1773, jay été bénite par noble et illustrissime seigneur Messire François David de Saint-Hilaire, vicaire général, chanoine et grand-archidiacre de Meaux et abbé commendataire de l’Abbaye royale de Saint-Savin, diocèse de Poitiers, et nommée Marguerite-Henriette par Messire Jean-Bonaventure-Henri Blanchard, écuyer sieur Du Reste et par dame Marie Marguerite de Bosserne, veuve de Messire Antoine-Claude Boucot de Pontevrard, officier aux Gardes, seigneur de Douy, La Marre, la Ramée et autres lieux, du tems de Messire François de Chaise-Martin, prêtre du diocèse de Limoges, curé de Douy-la-Ramée et pendant la gestion des sieurs Jean-Baptiste Berson et Pierre Poncelet, marguilliers. »

DIMES

Les grosses et menues dîmes du terroir de Douy et de la Ramée appartenaient, sur 108 arpents (c’étaient les novales), au curé de la paroisse, et sur 636 arpents, formant le surplus des terres décimables, primitivement à l’abbaye de Faremoutiers, puis à compter de 1599 au Chapitre de l’église cathédrale de Meaux qui les reçut de l’abbaye avec la grange dîmeresse située près de l’église, en échange du tiers des grosses et menues dîmes de Pommeuse.

Le droit de dîme ne portait pas sur le domaine de Nongloire ni sur Fontaines. Le Chapitre devait payer au curé de Douy-la-Ramée 3 muids de grain annuellement pour son gros ou portion congrue, et Faremoutiers lui devait 1 muid et demi de grain aussi de rente annuelle pour le service de la chapelle de Nongloire.

Les dîmes de la paroisse, en 1789, rapportaient 2,000 livres environ pour la part du Chapitre et du curé, soit 2 livres 15 sous par arpent, chiffre à doubler, si on tient compte, d’une part, des

frais de perception et, d’autre part, de la gêne imposée au laboureur.
ECOLE

Il existait une école à Douy-la-Ramée en 1507 ; depuis quelle époque ? Nous l’ignorons. Sans rechercher quels étaient autrefois le régime, l’esprit et les programmes de l’enseignement primaire, nous nous contenterons de transcrire la délibération suivante du 29 fructidor an XII constatant la nomination d’un maître d’école à Douy-la-Ramée :

« Nous Maire, Adjoint, Conseil général de la commune et autres habitants, après un mûr examen des talents, de la capacité et de la moralité d’Antoine-Charles Boin, de la commune de Forfry, nous l’avons reçu à l’unanimité instituteur de la commune, aux charges par lui : de bien soigner l’éducation chrétienne des enfants de la commune ; de leur bien apprendre à lire, à écrire, à calculer, et à chanter ; de sonner l’Angelus le matin, à midi et le soir (4 et 5 heures du matin, 7 et 8 heures du soir suivant la saison) ; d’être très-assidu à sonner les jours de dimanche et fête tous les offices de l’église ; de chanter au chœur à la messe et aux vêpres, aux vigiles et messes des obits portés sur le nécrologe ; de faire son service à l’église d’après les ordres de M. le curé ; de tenir l’église dans la plus grande propreté et de la balayer tous les samedis. »

» Et d’après le budget arrêté par le préfet du département lui sera alloué pour son logement 50 fr., pour l’entretien et la conduite de l’horloge 40 fr., pour tenir les écritures de la mairie 60 fr., si les fonds le permettent, et pour écolage 10 sous pour les enfants qui n’écrivent pas et 15 sous pour ceux qui écrivent, qui calculent et qui chantent. »

De 1700 à 1789, la moyenne des illettrés relevée sur les actes de mariage a été de 37 % pour les hommes et de 77 % pour les femmes ; de 1789 à 1869, elle est descendue à 16 % pour les hommes et à 32 % pour les femmes ; enfin de 1870 à 1886, la proportion a été de 14 % pour les hommes et de zéro pour les femmes. Le progrès est sensible pour celles-ci, mais encore bien incomplet pour les hommes.

La commune possède un bâtiment scolaire depuis 1845.

Il existe depuis 1867 une bibliothèque scolaire qui compte 152 volumes provenant de fonds votés à cet effet par le conseil municipal.

Le nombre moyen de prêts est d’environ 75 par an.[23].
HOTEL-DIEU ET BUREAU DE BIENFAISANCE

Douy-la-Ramée a eu l’avantage de posséder un Hôtel-Dieu ; il était situé à la Ramée et existait en 1249 : c’était probablement une ancienne maladrerie fondée dans le siècle précédent. Elle était dotée de 12 arpents 87 perches 1/2 de terre sur la paroisse indépendamment de la maison, qui, du reste, dès 1629, était en ruines et de 37 perches 1/2 de pré tenant à la rivière[24]. Lorsque Louis XIV supprima, comme maisons hospitalières, les maladreries de trop faible revenu pour exercer l’hospitalité, et les réunit aux hôpitaux et Hôtels-Dieu voisins, en chargeant toutefois ceux-ci d’exercer, envers les malades pauvres des paroisses ainsi dépouillées, l’hospitalité à concurrence du revenu des biens annexés, la maladrerie de Douy-la-Ramée fut réunie à l’Hôtel-Dieu de Meaux (1696). Elle n’en a pas été séparée depuis, et les hospices civils de Meaux jouissent du revenu de ses biens. Le Conseil d’Etat a décidé à plusieurs reprises que les lettres-patentes de Louis XIV unissant les maladreries aux hospices voisins sont de simples actes d’administration susceptibles d’être modifiés et révoqués par d’autres actes de même nature et qu’elles n’ont conféré aux hospices aucun droit de propriété sur les biens annexés.

La question s’est présentée et a été tranchée entre deux conmunes voisines de Douy-la-Ramée, les communes de Mareuil-sur-Ourcq et d’Acy-en-Multien. Un arrêt du conseil du roi du 26 mars 1695 avait uni à l’hôpital d’Acy la maladrerie de Houillon située à Mareuil, à la charge par Acy de recevoir les pauvres malades de cette paroisse, à proportion des revenus de la maladrerie. Cet arrêt fut suivi de lettres patentes enregistrées au parlement le 14 avril 1696. L’hôpital d’Acy cessa d’exister en 1789 et le bureau de bienfaisance qui le remplaça, se conformant à l’esprit de l’arrêt de réunion, remettait tous les ans au bureau de bienfaisance de Mareuil une somme déterminée pour le soulagement des pauvres de cette commune. Toutefois le bureau de bienfaisance de Mareuil réclama l’administration des biens de son ancienne maladrerie et le 8 août 1851, un décret annula la réunion de ces biens à

l’Hôtel-Dieu d’Acy et décida qu’ils seraient désormais gérés et administrés par le bureau de bienfaisance de Mareuil. Sur l’opposition du bureau de bienfaisance d’Acy, un arrêt du conseil d’Etat sanctionné par décret du 25 janvier 1855 déclara que l’Hôtel-Dieu d’Acy ou le bureau de bienfaisance le représentant ne possédait aucun droit de propriété sur les biens en litige, et qu’en vertu du décret du 8 août 1851, le bureau de bienfaisance de Mareuil était fondé à en exiger la remise ainsi que du prix de l’aliénation qui avait été consentie d’une partie de ces mêmes biens.

La commune de Douy n’a pas jugé à propos de revendiquer les biens de son ancien Hôtel-Dieu ou maladrerie. Du moins est-elle en droit d’obtenir, jusqu’à concurrence du revenu de ces biens l’admission de ses malades ou blessés aux hospices civils de Meaux ou l’allocation de secours pour ses indigents[25].

Il existe à Douy-la-Ramée un bureau de bienfaisance datant de 1838. Son unique dotation est le legs que par testament du 46 novembre 1823, Elisabeth Morin, ancienne religieuse converse du couvent de Fontaines, décédée en ce même lieu le 26 mars 1825 a fait par tiers tant aux pauvres de Douy-la-Ramée qu’à ceux de Puisieux et à l’hospice de Crépy, d’une rente annuelle 5 % sur l’Etat français, de 1.052 francs.

La commune de Douy-la-Ramée n’est entrée en jouissance de ce legs qu’en 1837, à raison de l’usufruit qui en appartenait à Marie-Jeanne Latte, aussi ancienne sœur converse du couvent de Fontaines, décédée à Marcilly le 19 février 1837. Le chiffre de rente ainsi légué a subi diverses modifications, notamment à raison de la conversion en 4 1/2, puis de la consolidation en rente 3 % ; il est aujourd’hui de 330 fr. de cette dernière rente.

Il serait juste qu’une inscription placée dans la mairie rappelât le nom de la bienfaitrice des pauvres de Douy-la-Ramée.

SOCIÉTÉ DE SECOURS MUTUELS

Il existe à Douy-la-Ramée une Société de secours mutuels fondée en 1880 par l’initiative de MM. Honoré Villette et Ulysse Larose. Elle compte 43 membres participants et 6 membres honoraires. Elle dispose annuellement d’environ 350 fr., et peut venir en aide efficacement à ceux de ses membres qui se trouvent atteints de maladies ou d’accidents.



CHAPITRE IV
TERROIR. — AGRICULTURE. — IMPOTS


Le terroir de la paroisse de Douy-la-Ramée contenait d’après le plan topographique levé par ordre de l’intendant vers 1780, 1.348 arpents grande mesure (ou 693 hectares), déduction faite des chemins, places, sols de maisons et dépendances. Les biens d’église, (Faremoutiers, Fontaines, la cure, la fabrique, la chapelle et aussi la fabrique de l’église de Puisieux, celle de l’église de Brégy, le collège de Montaigu, l’église métropolitaine de Paris), en occupaient 800 arpents[26], le seigneur en possédait 407, biens nobles pour la plus forte partie ; il restait moins de 130 arpents de terre de roture libres.

La propriété de ce sol n’était pas divisée et ne pouvait pas se diviser, les établissements ecclésiastiques n’ayant pas la faculté d’aliéner et le seigneur n’aliénant pas. Aujourd’hui encore quatre propriétaires possèdent plus de 630 hectares. Sur Douy-la-Ramée les ventes des biens ecclésiastiques n’ont guère contribué à la division de la propriété ; la qualité civile des propriétaires a changé, mais les propriétés sont restées compactes. Par suite aussi le morcellement est moindre sur Douy-la-Ramée que sur la plupart des communes de notre contrée ; il ne s’y trouve pour 773 hectares que 723 parcelles.

En 1770, l’exploitation du terroir de Douy-la-Ramée (1.154 arpents de terre et pré), se partageait entre neuf détenteurs : Pierre Benoist occupait Nongloire compté pour 412 arpents ; Jean-Baptiste Berson père et son fils occupaient les deux fermes seigneuriales comptées pour 423 arpents ; Nicolas Tronchon, Fontaines avec 162 arpents et cinq autres se partageaient 152 arpents. Il existe de même aujourd’hui quatre grandes exploitations et cinq petites de 5 à 10 hectares ; sous ce rapport encore Douy-la-Ramée n’a pas changé[27].

Ce qui a moins varié encore, s’il est possible, c’est la nature des productions du territoire de Douy-la-Ramée : les céréales y dominent dans une large proportion ; pour leur faire plus large espace a été défriché et transformé en terre arable le bois de la seigneurie qui en était un des agréments « percé de douze routes se réunissant au milieu en un rond point ».

En 1770, on comptait dans la paroisse de Douy-la-Ramée, suivant le rôle de la taille, 55 chevaux, 75 vaches, 1.000 bêtes à laine. En 1882, on y constatait 82 chevaux, 20 bœufs de travail, 76 vaches et taureaux et 1.675 bêtes à laine non compris 356 agneaux au-dessous d’un an. L’accroissement de ce matériel vivant est sensible sur deux des articles.

A Douy, comme dans tout le Multien et le Valois, les fermages ont suivi durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle une progression très sensible. Les fermes de Douy et de la Ramée affermées à Jean-Baptiste Berson, père et fils, le 28 juin 1762, moyennant 4.410 livres, se renouvelaient au profit de la même famille, en 1773 moyennant 6,500 livres et trouvaient preneur en 1782 au prix de 8.130 livres de fermage annuel.

De même les 39 arpents de la cure, qui, en 1753, rapportaient 350 livres de fermage par an, en rapportaient au moment de la Révolution 740, non compris diverses charges.

De même encore la terre et seigneurie de Sainte-Fare, Oppigny-Nongloire ou plus simplement Nongloire dont le fermage en 1729 était de 3,070 livres en deniers et quelques menues prestations en nature, était affermée en 1773 moyennant 5,500 livres, plus 18 septiers de blé à livrer au chapelain de Sainte-Fare et 4,000 livres de pot-de-vin.

C’est une preuve qu’à ce moment l’agriculture jouissait d’une grande prospérité.

L’accroissement des fermages a continué dans ce siècle jusque vers 1875 ; depuis, la baisse est survenue et s’accentue d’année en année.

L’impôt principal sous l’ancien régime était la taille à laquelle s’ajoutaient le taillon et autres accessoires ; à sa suite venaient la capitation et les vingtièmes[28]. En 1788, la paroisse de Douy-la-Ramée payait au roi pour la taille et ses accessoires et pour la capitation 6,640 livres, en outre pour les vingtièmes 818 l. 19 s., au total 7,458 1. 19 s. (représentant aujourd’hui près de 20,000 francs). Les trois premières contributions actuelles (contribution foncière, personnelle-mobilière, portes et fenêtres), qui ont remplacé la taille, la capitation et les vingtièmes, ne s’élèvent pour Douy-la-Ramée qu’à 6,666 fr. 25 en principal revenant à l’État (rôle de 1884). De ce chef la charge est infiniment moindre qu’en 1788. Il est vrai que la commune paie, en outre de ce principal, 8,671 fr. 80 pour centimes départementaux et communaux (même rôle) ; mais cette somme est employée au profit de la commune, immédiatement pour les centimes communaux (4,772 fr. 85) et médiatement par l’intermédiaire du département pour les centimes départementaux ; réunis, le principal et les centimes additionnels n’égalent pas la valeur de ce qui avant 1789 allait en entier et sans retour dans le trésor du roi. De même l’imposition pour les routes qui était le cinquième de la taille et de la capitation s’élevait à plus de 1,600 livres (plus de 4,000 francs d’aujourd’hui) ; or, la prestation qui a remplacé la corvée, (on sait avec quel avantage), ne s’élève qu’à 1,445 fr. 35 (rôle de 1884).

Quelque lourds que soient les impôts directs grevant l’agriculture, ils étaient, on le voit, beaucoup plus lourds encore avant 1789[29].

Parmi les ouvriers et agents agricoles de Douy-la-Ramée, la Société d’agriculture, sciences et arts de l’arrondissement de Meaux a honoré de ses récompenses, en 1840, Pierre Boyard charretier durant 25 ans en la ferme de la Ramée (médaille d’argent) ; en 1843 et en 1854, François Boutrel, berger, depuis plus de 40 ans, en la ferme de Nongloire (médaille de bronze, puis médaille d’argent et prime de 150 francs) ; en 1861, Auguste Ambroise Goulas, batteur, conducteur de machine à battre, durant 33 ans, en la ferme de Douy (médaille de bronze), et en 1886, Jean-Auguste Dusautoy, ouvrier depuis 62 ans dans la ferme de M. Fouillaux, à la Ramée (médaille d’argent).

Il existait et existe encore en la commune de Douy-la-Ramée deux moulins à eau, mus par la Thérouanne ; l’un dépendant de Fontaines-les-Nonnes, n’est mentionné ici que pour ordre ; l’autre à la Ramée, était le moulin banal de la seigneurie de Douy-la-Ramée, c’est-à-dire que tous les manants et habitants de le paroisse sauf Fontaines et Nongloire), devaient y faire moudre leurs grains, non ailleurs, et que nul meunier ne pouvait venir quêter du grain ni apporter de la farine sur cette paroisse. En 1741, Pierre Leroy, meunier du moulin de Brégy, osa enfreindre cette règle : Boucot de Pontevrard obtint contre lui sentence de la justice de Douy et arrêt du Parlement, et malgré l’intervention de Messire de Flesselles, marquis de Brégy, un arrêt de la Chambre des requêtes du Palais, du 4 mai 1745, consacra de nouveau la banalité du moulin de la Ramée et défendit à Leroy et à tous autres d’y porter atteinte désormais.

Le droit de mouture était d’un minot sur 12.

Le moulin de la Ramée était affermé 300 livres en 1763, 400 livres en 1767, 800 livres en 1779.

On sait que la Révolution a supprimé les banalités comme contraires à la liberté et au progrès.

Des débats ont eu lieu à plus d’une reprise entre le propriétaire du moulin de la Ramée et celui du Moulin-Rouge situé au-dessus ;

il serait sans intérêt de les relater, il suffit de mentionner une sentence des eaux et forêts rendue à la Table de marbre du Palais à Paris, le 10 mars 1701, entre Christophe Dalmas, seigneur de Boissy-le-Chatel et François Joisel, seigneur de Douy-la-Ramée ; laquelle a fixé le niveau de l’eau et déterminé les obligations de chacune des parties quant au curage.

Il existait sur Nongloire, dépourvu de cours d’eau, un moulin à vent dont il ne subsiste plus que la tourelle.



CHAPITRE V
LA RÉVOLUTION ET LE RÉGIME MUNICIPAL


Lorsque Louis XVI, par un règlement du 8 juillet 1787, ordonna que dans les communautés rurales où il n’existait pas de municipalité établie, l'assemblée municipale serait composée, indépendamment du seigneur et du curé, membres de droit, de membres choisis par chaque communauté, au nombre de 3, 6 ou 9 suivant le nombre de feux, Douy-la-Ramée, qui avait pour seigneur Hilaire Rouillé, marquis du Coudray, pour curé Chaisemartin, pour syndic Pierre Benoist, laboureur à Nongloire, élut Nicolas Crosnier, fermier des fermes seigneuriales, Poncelet et Marty ; c'était l’ébauche du conseil municipal de nos jours.

C'est aussi Crosnier et Benoist que, dans une assemblée de paroisse du 9 mars 1789, les habitants de Douy-la-Ramée députèrent à Villers-Cotterêts, porteurs du cahier de leurs plaintes, doléances et remontrances. Cet intéressant document transcrit en entier sur le registre de la municipalité « affirme les plus respectueux et le plus tendre amour des habitants pour leur auguste monarque, osant cependant réclamer au pied du trône les droits sacrés de l'homme et du citoyen ».

Les gens du tiers-état demandent entre autres choses :

L'égale répartition des contributions entre les trois ordres ;

La suppression du privilège de la chasse qui, dans l’année calamiteuse de 1788, a causé par les ravages du gibier la perte d'un quart et même d'un tiers des récoltes en grains ;

L’obligation pour chaque paroisse de nourrir ses pauvres et l’interdiction de la mendicité ;

L’interdiction aux gens de main-morte de recevoir des pots-de-vin en sus du prix des baux, et l’obligation pour leurs successeurs d’exécuter, pour toute leur durée, les baux régulièrement consentis. (Ces baux se trouvaient de droit résolus à chaque changement d’usufruitier, évêque, abbé, etc., etc.) ;

La suppression des corvées « qui assimilent les Français aux serfs de la Pologne et de la Russie » ;

Une réforme de l’impôt de la gabelle qui porte le prix du sel à 14 sous la livre ;

La suppression du retrait féodal ;

La réduction des pensions viagères.

Ces demandes étaient justes, sages et surtout pratiques. Les gens du tiers-état de Douy ne se piquaient pas de hautes considérations politiques ; ils se tenaient dans la sphère de leurs intérêts. Leurs vœux furent exaucés et au-delà.

Dans l’assemblée des trois ordres du bailliage de Villers-Cotterêts, réunie en cette ville le 13 mars 1789 et à laquelle prirent part les députés de Douy, Aubry-Dubouchet, commissaire à Terrier, et Bourgeois, laboureur, furent élus membres de l’Assemblée nationale.

Cette Assemblée se réunit à Versailles, le 5 mai 1789. On sait quels incidents signalèrent sa constitution et on se rappelle que dans la nuit du 4 août, la féodalité et tous les privilèges furent abolis. Le 12 décembre suivant, cette même Assemblée prescrivit l’établissement de municipalités élues dans toutes les paroisses du royaume. En vertu de ce décret, les citoyens actifs de Douy-la-Ramée (c’est-à-dire payant une contribution égale à trois journées de travail) élurent le 7 février 1790, pour maire Pierre-Philippe Benoist, pour officiers municipaux Pierre Poncelet père et Jean-Charles-Eloi Boyard, pour procureur de la commune Vapaille et leur adjoignirent six membres appelés notables (Pierre Dedoville, Crosnier, Dusautoy, Lucet, Roussel et Frémont). « Cette auguste cérémonie » eut lieu sous la présidence du curé et c’est entre ses mains que les élus prêtèrent le serment « de maintenir de tout leur pouvoir la constitution future du royaume, d’être fidèles à la Nation, à la loi et au roi, et de bien remplir leurs fonctions ».

À compter du jour où il accepta le titre de maire qui lui fut renouvelé durant plusieurs années, Pierre-Philippe Benoist dut renoncer à l’existence calme et douce qu’il avait menée jusque-là. Les agitations, que cette période de laborieux enfantement réservait au simple particulier, se décuplèrent pour lui par les devoirs de sa nouvelle charge. A ce double titre, il lui fallait concourir à de nombreuses réunions électorales (car alors étaient électives toutes les fonctions, administratives, judiciaires, ecclésiastiques même), lire publiquement à la population les innombrables documents de l’autorité supérieure, lettres-patentes, décrets, arrêtés, instructions dont le flot inondait les moindres communes, faire commenter les plus importants de ces documents par le curé, le dimanche au prône ; en suivre et faire appliquer les prescriptions, recueillir la contribution patriotique qui produisit à Douy 8,213 livres 2 s. y compris 6,297 livres 10 s. que le couvent de Fontaines avait fournis en valeur d’argenterie ; célébrer dignement les fêtes publiques, principalement celle qui est redevenue fête Nationale (14 juillet) et qui, en 1790, fut suivie d’un Te Deum ; constituer un comité de surveillance de douze membres chargés de le surveiller lui-même ; assister, sinon concourir à l’enlèvement opéré dans l’église de Douy-la-Ramée et dans le couvent de Fontaines de tous les objets précieux, et de tout ce qui était fer, cuivre ou bronze[30] ; procéder aux opérations nécessaires pour l’établissement sur chacune des parcelles du terroir de la contribution nouvelle, appelée impôt foncier, en préparer l’assiette, en assurer le recouvrement ; exercer sur les ci-devant nobles, religieuses ou religieux, une surveillance étroite ; présider même à l’élection de la prieure, celle qui fut la dernière, du couvent de Fontaines ; protéger la sortie des religieuses obligées de quitter leur couvent, leur assurer au besoin un asile. Il lui fallait encore pourvoir au recrutement des défenseurs de la patrie[31] ; organiser la garde nationale qui comprit 38 hommes et élut pour commandant Jean Roussel ; veiller jusqu’à ce qu’ils fussent vendus, à l’administration des biens ci-devant ecclésiastiques devenus biens nationaux ; pourvoir à la fabrication du salpêtre, pour laquelle le comte de Boissy avait offert sa maison de La Marre, et à la coupe des bois nécessaires à la fabrication de la poudre ; assurer des secours aux indigents, nombreux en ce temps troublé ; distribuer les subventions de l’Etat aux familles des soldats ; rouvrir l’école et lui procurer un maître ; procéder à ce qu’on appelait l’épuration des fonctionnaires, sauf à les maintenir tous en fonctions ; se voir requis d’assister à l’arrestation du comte de Boissy, universellement aimé et dont l’élargissement fut réclamé, inutilement il est vrai, mais avec courage et non sans danger, et, outre tout cela, satisfaire aux réquisitions de chaque jour (peaux, cuirs, chaussures, vieux linges, chanvre, miel, bois de cornouiller, bois pour sabots, fer, cuivre, porcs, chevaux, charrettes, grains surtout et toujours), réquisitions effectuées sous la loi du maximum, devant être obéies sur l’heure, dussent-elles épuiser les ressources de la commune comme le jour où fut enlevée toute l’avoine sous la seule réserve de la quantité indispensablement nécessaire aux citoyens employant l’avoine dans leurs aliments ; subir pour ces réquisitions et faire subir d’incessantes visites domiciliaires ; être obligé et obliger les autres à faire battre de nouveau les grains déjà battus ou à livrer les pailles à des étrangers qui les faisaient repasser sous le fléau à leur profit ; être en butte aux dénonciations calomnieuses si fréquentes en ce temps de suspicion générale ; avoir à en défendre autrui ; en un mot se sentir, pour raison ou sous prétexte de salut public, entièrement exproprié, à la merci d’exigences hautaines et sans mesure, exposé pour la moindre apparence de négligence ou de tiédeur à la redoutable animadversion des comités du dehors.

Les fonctions de maire sont, parfois de nos jours, pénibles à remplir. Qu’était-ce donc alors que tout était à créer et que le trouble régnait partout ? Il est dû un souvenir particulièrement reconnaissant à ceux qui les ont, à cette époque, remplies avec zèle et dévouement, comme le fit Pierre-Philippe Benoist.

Le ci-devant seigneur de Douy-la-Ramée, le comte Hilaire Rouillé de Boissy fut, entre mille et mille autres, un exemple de l’insécurité dans laquelle vivait alors tout homme élevé par sa naissance ou ses services au-dessus de la foule. Ancien officier dans le régiment Languedoc-dragons, fils du marquis du Coudray, il n’émigra pas, continua de résider soit à Paris, soit à Forfry ou plus habituellement à La Marre où il faisait construire pour fournir du travail à ses anciens vassaux. Esprit libéral du reste, il se faisait un devoir d’obéir à toutes les prescriptions des pouvoirs publics, versant au Trésor 36.000 livres à titre de don patriotique, versant encore pour l’emprunt forcé 92.000 livres et près de 16,000 livres pour la Caisse des secours et subsistances, équipant de ses deniers les volontaires des communes de Douy-la-Ramée et de Forfry ; il s’était toujours montré généreux, humain et secourable et n’avait pas attendu la nuit du 4 août pour renoncer à la plupart de ses droits féodaux ; il se conduisait en tout comme un bon patriote et un vrai républicain. Ces sacrifices, cette bienfaisance, cette circonspection n’empêchèrent pas que le comité de sûreté générale ne prit le 9 pluviôse an II (28 janvier 1791) la décision suivante : « Vu la déclaration produite, le comité arrête que le nommé Boissy, ci-devant comte, fils du ci-devant marquis de Coudray et gendre d’Aligre, sera saisi en quelque lieu qu’il se trouve et conduit sous escorte suffisante dans une maison d’arrêt ; que les scellés seront apposés sur ses papiers ; charge de l’exécution de ces dispositions le citoyen Fabre. Signé : Voulland, Louis du Bas-Rhin, Fabre porteur de l’ordre » [32].

En vertu de cet ordre M. de Boissy fut arrêté chez lui à La Marre dans la nuit du 10 au 11 ventôse. Le lendemain les officiers municipaux de Douy-la-Ramée durent, en sa présence et en celle du sus-nommé Fabre, visiter par une perquisition minutieuse les chambres, cabinets, armoires, papiers de M. de Boissy et y apposer les scellés. Dans leur procès-verbal qui constate qu’il n’a été rencontré rien de suspect, ils offrirent de se porter caution de leur concitoyen, d’en répondre et de le garder à sa maison de La Marre, invoquant l’exemple de M. de Girardin, détenu en sa maison d’Ermenonville sous la caution de la municipalité. Il ne fut pas déféré à leur demande ; le comte de Boissy fut transféré à Paris dans une maison dite de santé et d’arrêt, située rue du Chemin-Vert. Marié depuis cinq ans à Mlle d’Aligre, il laissait sa femme gravement malade et une petite fille de 3 mois. Ses amis travaillèrent à son élargissement. Tout détenu devait à cet effet « déclarer en peu de mots quelle avait été son opinion politique dans les mois de mai, juillet et octobre 1789, au 10 août, à la mort du tyran, au 31 mai et dans les crises de la guerre ». Il fut fait en son nom la déclaration suivante : « Ami par goût et par principe de la liberté et de l’égalité que la nature a mise entre les hommes, Hilaire Rouillé Boissy a toujours partagé l’intérêt qu’ont témoigné les bons citoyens et les vrais patriotes aux évènements successifs qui, depuis le mois de mai 1789, ont amené, fondé et consolidé l’établissement de la liberté et du gouvernement républicain. Il a toujours fait des vœux pour la succès des armes de la République, encouragé ses défenseurs par tous les moyens possibles, soulagé par ses dons leurs familles ; enfin à l’égard de ses principes comme au sujet de tout ce qu’il a fait pour les prouver, il s’en réfère entièrement aux témoignages de ses concitoyens des communes de Forfry et de Douy-la-Ramée. » Ce langage était habile et courageux, eu égard aux circonstances dans lesquelles il se produisait. Ces circonstances étaient atrocement terribles ; la guillotine était en permanence et les plus nobles têtes tombaient sous le couteau. Pendant que le comte de Boissy était détenu, Robespierre envoyait à l’échafaud Hébert et ses partisans (24 mars), et quelques jours après, Danton, Camille Desmoulins et leurs amis (5 avril) ; il faisait rendre un nouveau décret contre les nobles et les suspects, supprimant toutes formes légales et enlevant toutes garanties aux accusés. Le comte de Boissy devait se croire perdu : « le régime de la Terreur n’avait jamais été plus sanguinaire ; en 47 jours, dit M. Duruy, du 10 juin au 27 juillet, 1.400 personnes périrent. » Ces crimes exaspérèrent la conscience publique ; Robespierre à son tour accusé d’aspirer à la dictature, fut après des débats orageux, arrêté avec Couthon, Saint-Just, et autres, mis hors la loi et exécuté le 28 juillet. Le prisonnier put respirer. Un ordre du comité de sûreté générale du 18 vendémiaire an III (9 septembre 1794) le mit enfin en liberté ainsi que son père détenu avec lui en la maison de santé de Picpus où il avait été transféré[33].

Quelque pénibles qu’aient été les épreuves du comte de Boissy, combien d’innocents ont eu, à cette abominable époque, plus encore à souffrir !

Rendu à ses concitoyens, le comte de Boissy leur conserva reconnaissance et il n’oublia jamais que Pierre-Philippe Benoist avait fait les plus généreux efforts pour lui épargner ces épreuves.

La comtesse de Boissy ne fut pas elle-même à l’abri de cruelles vexations : quinze jours après l’arrestation et l’incarcération de son mari, un arrêté du comité de sûreté générale ordonnait « que la ci-devant comtesse de Boissy, fille de l’ancien président d’Aligre, demeurant à La Marre, fût conduite sur le champ dans une maison d’arrêt du département de Seine-et-Marne et les scellés apposés sur ses effets et papiers. » Cet arrêté toutefois ne fut pas exécuté à la lettre : la comtesse de Boissy resta détenue chez elle jusqu’au 5 frimaire an III où un autre arrêté lui rendit la liberté.

Lors de la nouvelle division administrative de la France, Douy-la-Ramée, malgré l’instante demande du maire, d’être rattachée au canton de Meaux, fit partie du canton de Crouy-sur-Ourcq, et passa au canton de Lizy, lorsque celui de Crouy fut supprimé (25 fructidor an IX, 12 août 1801).

Lorsque la loi chargea le pouvoir municipal de la tenue des registres de l’état civil, ce fut au curé qu’ils furent confiés, et Chaisemartin fut le premier officier public à Douy ; il remplit cette fonction jusqu’au moment où la loi du 25 vendémiaire an II l’interdit aux prêtres.

Pierre-Philippe Benoist resta maire de Douy-la-Ramée jusqu’au 10 germinal an VII, jour où il fut remplacé par Philippe Desprez ; il remplaça celui-ci le 12 fructidor an XII et resta maire jusqu’en 1826, sauf durant les Cent jours où la mairie fut confiée à Defruit, officier de santé. Il eut pour adjoint, entre autres, Chaisemartin, Dusautoy, Boin instituteur, Delahaye.

Ont été successivement maires et adjoints :

MAIRES :
1826-1840. — Heurlier Pierre-Augustin, fermier à Nongloire
1840-1849. — Fouillaux Jean-Hubert, propriétaire de La Marre et de La Ramée
ADJOINTS :
1824..... — Delahaye.


1837-1849. — Lefèvre Louis-Isidore

C’est sous cette administration que la maison d’école et mairie

a été acquise.
MAIRES :
1849-1868. M. Lefèvre Louis-Isidore, fermier de l’ancienne ferme seigneuriale.
1868-1871. — M. Heurlier Emile-Augustin, fermier à Nongloire.
ADJOINTS :
1849-1868. — M. Heurlier Emile-Augustin.


1868-1871. — M. Lefèvre Jules-Alphonse.

Sous cette administration fut votée la construction du chemin vicinal de Douy au chemin de grande communication n°38 par Nongloire.

1871. — M. Lefèvre Jules-Alphonse, fermier de l’ancienne ferme seigneuriale (en exercice).
1871-1878. — M. Béguin Auguste.
1878-1881. — M. Benoist Joseph-Emile.
1881. — M. Boyard Euloge-Léopold (en exercice).

Sous cette administration ont été construits le chemin dont il vient d’être question et celui de Douy à Brégy ; de plus la commune a été dotée d’un lavoir communal (à la Ramée), d’une subdivision de pompiers, d’une société de secours mutuels.


On remarquera que l’administration municipale a été constamment remise aux mains d’une des personnes qui avaient le plus d’intérêt à la bonne gestion des affaires communales.

La paroisse et commune de Douy semble justifier ce proverbe : Heureux les peuples et les individus qui n’ont pas d’histoire. Elle n’en a pas à proprement parler. Elle a vécu obscurément mais paisiblement, sans éclat comme sans trouble. Sa population adonnée aux travaux agricoles sur un sol fertile, a moins souffert que bien d’autres des malheurs des temps passés. En 1790, dit un document officiel, il n’y avait pas un mendiant à Douy. C’était un privilège dû à la générosité du couvent de Fontaines et de MM. de Boissy et d’Oisy, dont la paroisse recevait annuellement 1,240 livres pour soulager les pauvres et les infirmes. Elle pouvait avec cette somme, qui représente plus de 3.000 francs d’aujourd’hui, pourvoir à tous les besoins. Depuis, en cette même paroisse, le couvent de Fontaines s’est en quelque sorte survécu à lui-même dans sa charité envers les pauvres ; c’est une ancienne religieuse de ce couvent, qui, on l’a vu, a doté le bureau de bienfaisance. Si les revenus sont moindres, les besoins sont aussi beaucoup moindres qu’avant 1789 ; à ces revenus d’ailleurs doivent se joindre les secours à attendre des hospices civils de Meaux. Bref, plus d’une commune importante peut envier le sort de la petite commune de Douy-la-Ramée qui a pu, sans avoir à peine besoin de recourir à des impositions extraordinaires, créer son réseau vicinal, établir école et mairie, qui a su fonder et sait entretenir dans son sein une compagnie de pompiers, une société de secours mutuels et possède les ressources nécessaires pour soulager dans de justes limites l’indigence et les misères accidentelles. Cet ensemble d’institutions et de créations fait honneur à la population comme aux administrateurs de la commune.



APPENDICE N° 1

ACTE DE FOI ET HOMMAGE
(3 JANVIER 1657)

Fut présent en sa personne Messire Nicolas de Mesgrigny, chevalier, baron de Villebertain, seigneur de Moussey et de Douy et Vaucourtois en partie, maréchal des camps et armées de sa majesté et enseigne des gendarmes de la Reine, étant de présent, audit Douy. Lequel, en présence de moi notaire royal soussigné et des témoins ci-après dénommés, s’est ce jourd’huy et heure présente transporté en l'hôtel seigneurial de Messire Antoine de Meaux écuyer, seigneur de Douy, où étant, aurait frappé à la porte en la manière accoutumée, et demandé si le dit seigneur de Meaux était en son dit hôtel, et sur ce, serait le dit seigneur de Meaux venu en personne, à qui le sieur de Mesgrigny aurait demandé et à Messire René de Meaux aussi seigneur du dit Douy en partie, présent, à être reçu à leur faire les foi et hommage à cause des fiefs dudit sieur de Mesgrigny, qui sont sis audit Douy et tenus et mouvants des dits sieurs Antoine et René de Meaux, les dits fiefs appartenant au sieur de Mesgrigny, à cause de dame Edmée Georgette de Reignier, sa femme, et à lui baillés en mariage par Messire Jacques de Reignier, père de la dite dame, par contrat passé par devant Jean Perrot, notaire royal, résidant à Corbili, daté du 15e février 1656.

Lesquels foi et hommage il a présentement, du consentement des dits de Meaux, faits en la manière accoutumée ; lesquels de Meaux ont icelui sieur de Mesgrigny, reçu à icelle (foi), sans préjudice aux prétentions qu’ils ont à l’encontre dudit de Mesgrigny et à la charge de par lui bailler aveu et dénombrement aux seigneurs des dits fiefs en dedans le temps de l'ordonnance, et sans préjudice aux saisies par eux faites, desquelles ils ne donnent aucune main-levée.

Ce fut fait et passé par devant moi notaire royal, soussigné en présence de Philippe Lucy, fermier dudit sieur de Mesgrigny et de Louis David, manouvrier, demeurant à Douy, témoins, le 3e jour de janvier l'an 1657. Signé : DE MESGRIGNY-VILLEBERTAIN, ANTOINE DE MEAULX, RENÉ DE MEAULX, LUCY, LOUYS DAVID,

BOUCHET, notaire à Brégy[34].
APPENDICE N°2

VENTES DE BIENS NATIONAUX SUR LE TERROIR DE DOUY-LA-RAMÉE
Dates des ventes Désignation des Biens Anciens Propriétaires Acquéreurs Prix des Ventes
16 mai 1791. La ferme de Nongloire et 461 arp. 73 perch. de terre en dépendant. Abbaye de Faremoutiers. Veuve Quatresols, à Paris. 275.000 l.
25 novemb. 1791 4 arp. 25 p. de terre et 326 pieds d’ormes. Prieuré de Fontaines. Halbou, à Meaux. 7.500
7 décembre 1791 18 arp. 87 p. de terre et pré. Chapelle de la Trinité De Boissy. 13.100
6 arp. 20 p. terroir de Fontaines Prieuré de Fontaines.
4.700
28 juin 1792. 25 arp. de bois de différents âges.
Prince de Salm-Kirbourg 30.100
18 octobre 1792. 38 arp. 27 p. de terre. Cure de Douy. Dulieu. 29.300
28 juin 1792. Un moulin à eau et 13 arp. de pré. Prieuré de Fontaines. Dularris. 40.500
Une ferme et 1[illisible]6 arp. de terre.
Prince de Salm-Kirbourg 126.400
8 janvier 1793. 37 arp. de terre terroirs de Douy et Puisieux. Fabrique de Douy. Perrot 23.000
5 février 1793. 2 arp. de terre. Fabrique de Puisieux Duclercq. 1.523
28 février 1793. 50 perch. de terre, terroir de Douy Prieuré de Fontaines. Desprez
230
20.100


131.700
[35]
16 floréal an III. Un jardin au terroir de Douy, contenant 82 perch.
Sanson, à Paris.
Plusieurs corps de bâtiments contenant 8 arp. 64 p. (Le monastère)
APPENDICE N° 3

ROLE DE LA TAILLE DE 1770
POUR LA PAROISSE DE DOUY-LA-RAMÉE

PRIVILÉGIÉS ET EXEMPTS D’IMPÔTS :

Le seigneur, pour 75 arpents de bois qu’il fait valoir lui-même ;

Le curé, pour une portion de dîme et ses novales non louées, estimées 400 livres ;

Le prieuré de Fontaines, pour ce qu’il s’occupe et fait valoir par lui-même.

IMPOSABLES :
Nom des fermiers et Propriétaires Contenance en arpents Redevances en livres Taille en livre et sens
François Boyard, de plusieurs 34 328 75 05
Georges Dardel, de M. De Mesgrigny 23 230 52 10
Jean-Baptiste Berson l’aîné, du seigneur, une ferme 274 2.740 626 05
Jean-Baptiste Berson le jeune, du seigneur, une ferme 149 1.490 340 10
Nicolas Tronchon, des dames de Fontaines, une ferme 162 1.458 333 05
Pierre Boyard, de plusieurs 47 475 108 10
Pierre Benoist, des dames de Faremoutiers, une ferme 412 3.914 894 [36]
Pierre Poncelet, dîme et terres de plusieurs 41 1.634 369 10
Louis Gautier, de Brégy, du sieur Simon 7 70 10 »
1.149 12.339 2.815 15
Antoine Courteau, meunier, un moulin, du seigneur
 »
325 75 10
12.664 2.891 05
46 habitants, manouviers, à 2 l. 5 s. 1 d.
 »
 »
113 15
Taille effective de l’année 1770
 »
 »
2.995 »
  1. La haute justice permettait de connaître de toutes affaires civiles et criminelles, quelles qu’en fussent l’importance et la gravité.
    Les sentences de la justice de Douy paraissent perdues. Mentionnons seulement une condamnation prononcée par elle le 26 juin 1735 contre un braconnier qui avait tondu des panneaux pour prendre les lapins ; cette condamnation fut de 100 livres (plus de 400 francs d’aujourd’hui.)
  2. Les minutes des tabellions de Douy paraissent perdues, à moins qu’elles ne soient enfouies dans l’étude du notaire d’Etrépilly.
  3. On rencontre parfois distinctement les titres de seigneur de Douy et de seigneur de la Ramée. La terre de Douy-la-Ramée a été en effet démembrée par suite de partage, mais Douy et la Ramée ont fait habituellement partie de la même seigneurie comme ils faisaient partie de la même paroisse.
    Il existait sur Forfry un fief appelé la petite Ramée qu’il ne faut pas confondre avec la Ramée de Douy.
  4. Janvier, curé de Saint-Thibault de Meaux, mort en 1689, cite « une vieille » chronique écrite à la main il y a plus de 300 ans » et d’après laquelle « Saint-Saintin, premier évêque de Meaux, fut celui qui baptisa le premier comte et gouverneur de Meaux, l’appela de son nom Saintin et le surnomma de Meaux, dont est descendue la noble maison de Meaux », par le mariage de Léodogende avec Agneric.
  5. Revue nobiliaire, tome III, mémoire de M. de la Morinerie qui ajoute : Dans les temps modernes la maison de Meaux a donné un premier président au Parlement de Toulouse au XVe siècle, neuf chevaliers de Malte, dont deux commandeurs, et un grand-prieur de France, Guillaume de Meaux Bois-Boudran, successeur, en 1629, de Guillaume de Vendôme. Il cite comme alliées à cette famille, celles de : Chatillon-sur-Marne, de Beauveau, d’Escoublean de Sourdis, d’Eibène, de Belloy, de Briçonnet, de Brennes-Bombon, de Paris-de-Boissy, de Camp-Remy, etc., etc.
    M. de Fourmont énumère les principales branches de cette famille qui s’était répandue en Brie, Champagne, Picardie, Ile-de-France, Poitou et Saintonge, etc. Citons entre autres, dit-il, les seigneurs de Douy et d’Ussy-sur-Marne, les barons de Royse et de Charny, seigneurs de Coulommiers en Brie, de Quincy et de Mauperthuis, les seigneurs de Violaine et de Fouillonx, les barons de Survilliers, etc. Toutes ces branches aujourd’hui éteintes avaient pour auteur commun Denis de Meaux, vivant au XIVe siècle, marié à Marie de Chatillon, dont le bisaïeul, Gancher, connétable de France, en 1302, s’était allié à Isabelle de Dreux, du sang royal.
    Plusieurs auteurs mentionnent un autre Giffard de Meaux qui s’est distingué à
    la prise de Jérusalem sous Godefroy de Bouillon, et quelques uns font remonter jusqu’à lui l’adoption des armes à cinq couronnes d’épines. Cette opinion est contre dite par les témoignages les plus sérieux, notamment par le rapport adressé au roi, en 1698, par l’intendant de la généralité de Paris.
    Quoi qu’il en soit, les armes primitives des de Meaux figurent au Musée de Versailles, salle des Croisades.
  6. Paraissent avoir été seigneurs de Douy en 1249 Jean de Douy et Isabelle, se femme, qui donnèrent à Fontaines-les-Nonnes deux arpents de bois « près l’Hôtel Dieu », et avant eux Mathieu de Douy, leur oncle.
    En 1251, Jean et Regnaud de Douy, probablement co-seigneurs de la paroisse, affranchissaient, par le seul motif de piété, Riubaud de Hulin, leur homme de corps, lui accordant le pouvoir de prendre l’habit de religion, et celui-ci donnait à Fontaines-les-Nonnes deux arpents de terre, mouvant des dits seigneurs et sur lesquels ils se réservaient coutume, justice, garde, moisson et champart.
    Quant à la famille de Chatillon dont il est mention plus haut, en 1369 Jean de Chatilon, et en 1375, Gaucher de Chatillon, prenaient le titre de seigneur de Douy.
  7. Cette transmission semble s’être effectuée par mariage : Denis de Meaux, nous l’avons vu, avait épousé Marie de Chatillon, et Pierre, un de leurs fils étant devenu veuf de Catherine de Mitoy, dame de Bois-Boudran, se paria en deuxièmes noces à Gérarde Bureau, dame de Douy et de La Ramée, veuve elle même de Robert de Chatillon.
  8. En 1589, fut tué à Neufmontiers dans une escarmouche un gentilhomme appelé le cadet de Douy (Toussaint Duplessis) ; il était du côté des ligueurs ; ce doit être un membre de la famille qui nous occupe.
  9. Contrats de mariages, le premier devant le notaire de Villepreux, du 15 septembre 1546, le deuxième devant Bienvenu, notaire à Meaux, du 27 août 1579, et le troisième devant Louis Frayron, notaire à Brégy, du 14 mai 1609. En 1652, était prieure du couvent de Fontaines-les-Nonnes, Magdeleine de Meaux, fille de Jean de Meaux, sous la tutelle de Louis de Meaux, seigneur de Courtry, son oncle ; elle avait un frère, Emery, et une sœur nommée Marie. Emery avait épousé en premières noces, en 1582, Vandeline de Poupaincourt, dont il eut Louis de Meaux, marquis de Fay ; celui-ci après avoir été reçu chevalier de Malte, en 1612, épousa Jeanne de Santeny, une des dames d’honneur de la reine, fut conseiller d’État, lieutenant général de l’artillerie de France en Normandie, ambassadeur en Angleterre, en 1627. Dévoué à la reine mère et à Richelieu qui lui confia des missions importantes, il est cité avec éloge dans les mémoires et la correspondance du cardinal (M. de Fourmont). De sa seconde femme Madeleine de Vassault, Emery eut Paul de Meaux, seigneur de Violaine, et Charles seigneur de Rudefortaine, auteurs des branches établies en Poitou et en Saintenge.
    Une branche de la maison de Meaux était établie en la seigneurie de Courtry, près Lagny-sur-Marne, par suite du mariage de Jean de Meaux avec Marie de Bruquant, dame de Courtry (deuxième moitié du XVIe siècle) ; le 21 février 1577, Louis de Meaux, leur fils, épousa Louise Hesselin, dame de Gascourt, remariée plus tard à Philippe de Boubers. Louis fut en 1569, tuteur et curateur des enfant de Jean de Meaux, seigneur de Douy. René un de ses fils, comparut à la rédaction de la coutume de Paris, en 1530. La seigneurie de Courtry appartenait en 1599 à René et Abel de Meaux, comme fils et héritiers de Louis de Meaux, dont une fille Françoise était religieuse à Chelles, et une autre fille Louise avait épousé Claude de la Haye, seigneur de Ville-en-Tardenois ; cette seigneurie échut à René et après lui à son fils portant aussi le nom de René, à qui Clément, Louis et Souveraine de Meaux, ses frères et sœur, cédèrent leurs droits (22 décembre 1626). Les seigneurs de Courtry avaient conservé des possessions à Douy-la-Ramée où leur fief prit le nom de fief de Courtry.
  10. Une fille de Anne de Meaux et de Philippe de Garges, Marie Magdeleine, avait fait, en 1655, profession au couvent de Fontaines-les-Nonnes. Le mariage de Gabrielle de Meaux a été célébré le 22 juillet 1660 en l’église de Douy.
  11. La Ramée était devenue la résidence de cette branche. Louis de Meaux et Marie Marin, sa femme, figurent comme parrain et marraine le 16 mars 1657 au registre de la paroisse de Douy. Pierre, frère de Louis, y figure au même titre le 1er février 1658 ; René demeurait à La Ramée en 1664 et y mourut le 30 ou 31 octobre 1672 ; Nicolas de Meaux y faisait sa résidence en 1680 ; Geneviève de Meaux qui avait épousé à Douy le 13 mars 1673 François de Massonges, y demeurait en 1684 et y mourut en décembre 1694.
  12. En novembre 1640, Paul de Meaux avait cédé à René de Meaux ses droits dans l’objet de ce legs, sous la charge de substitution et de réversion indiquée au testament du sieur de la Roquinière.
  13. Elle n’avait pu soutenir son rang et rester dans les armées faute de ressources. En 1689, lors de l’appel du ban et de l’arrière ban, un de ses membres, seigneur du Terrier, comptant 25 ans de service, et offrant de servir encore, invoquait à cet effet comme indispensable le secours du roi.
    Ne quittons pas toutefois cette famille sans jeter un coup d’œil sur son sort ultérieur.
    A la fin du XVII siècle, en exécution d’un édit du roi de 1696, se sont fait enregistrer comme ayant droit de porter les armes aux cinq couronnes d’épines :
    Dans la généralité de Paris : Louis de Meaux, écuyer de Monseigneur le maré
    chal de Tourville et Nicolas de Meaux, écuyer ; — Dans la généralité de La Rochelle : N… de Meaux, seigneur de Fouilloux-en-Allincot, écuyer; — Dans celle de

    Lorraine : Charles de Meaux, chevalier, seigneur de Pont-sur-Seille; — Dans celle de Provence : Etienne de Meaux, bourgeois d’Aix; — Dans celle de Soissons : Sébastien de Meaux, avocat en parlement, prévot d’Hirson, président du grenier à sel de Vervins ; et Pierre de Meauz, soigneur de Villerzy, conseiller du roi en l’élection de Guise.

    On s’étonne de ne pas voir figurer dans la généralité de Paris René Armand de Meaux, mort en 1722 seulement. Quoi qu’il en soit, le nom de la famille de Meaux subsista en la généralité de Paris jusque dans la 2e moitié au moins du XVIIIe siècle. Sur les registres de baptême de Douy figurent comme marraine et parrain en 1108 Catherine et Daniel de Meaux, en 1765 Marie de Meaux.
    Nous ignorons si cette branche non plus que les branches des généralités de La Rochelle, Lorraine et Provence ne se sont pas éteintes.
    A l’égard de la branche que représentaient, en la généralité de Soissons Sébastien et Pierre de Meaux, fils de François de Meaux Bois-Boudran La Ramée, prévôt d’Hirson, qui lui-même était petit-fils de Jean de Meaux et de Jeanne de Ligny, un de ses membres, Pierre Nicolas de Meaux, écuyer, chevalier de Saint-Louis, servait à la fin de l’ancien régime, en qualité de capitaine d’infanterie, sous-brigadier à la Compagnie des gardes de la porte du roi. Il fut sous la Restauration maire de Signy-l’Abbaye, où son grand-père, cousin germain de François-Raoul de Meaux, commissaire aux revues, s’était établi en achetant la terre de Faluel. Il a laissé des descendants qui ont conservé cette terre, et qui continuent à porter honorablement le nom des anciens seigneurs de Douy-la-Ramée.
  14. Le décret rendu sur cette acquisition n’a pas coûté moins de 1,096 l. 3 s. 5 d. (aujourd’hui plus de 3,500 fr.). A cette époque, pour purger les hypothèques, on recourait à la procédure suivante : l’acquéreur souscrivait au profit d’un tiers une obligation fictive avec hypothèque sur son acquisition ; le porteur de l’obligation faisait commandement et saisie, et poursuivait publiquement la revente avec un luxueux appareil de formalités, ce qui mettait les intéressés en demeure de faire connaître leurs droits ; sur cette saisie, le précédent acquéreur se rendait adjudicataire et devenait acquéreur définitif.
  15. Nous donnons à l’appendice la copie littérale d’un acte de foi et hommage rendu le 5 janvier 1657 à Antoine et René de Meaux.
  16. Déclaration de ce fief a été faite le 20 novembre 1602 devant Chrétien, notaire à Meaux, et le 12 janvier 1648 devant Thomas, notaire en la même ville.
  17. Jean-Louis Chabouillé avait épousé Jacqueline Croyez, fille d’un marchand de Lizy.
  18. Le marquis de Brégy était le père de Jacques de Flesselles, dernier prévoit des marchands de Paris, massacré le 14 juillet 1789. La famille de Flesselles possédait Brégy depuis longtemps.
  19. Sur le pavillon au fond de la cour faisant face à la grille d’entrée se trouvent les initiales A. B, ; le pavillon à gauche de la grille d’entrée porte la date de 1746 et on y remarque les initiales N. B. (Antoine et Nicolas Boucot). La lettre J qui se rencontre aussi avec la lettre B indique Boucot de Judainville.
  20. Un sieur Lefèvre d’Amécourt était, lors de la Révolution de 1789, propriétaire de 28 arpents de terre sur Douy. Lefèvre ayant émigré, ces immeubles furent confisqués et vendus au profit de la Nation.
  21. Il est permis de se demander si l’antique chapelle d’où provient cette statue, située auprès de Fontaines les-Nonnes, avait été réellement consacrée à Saint-Quentin, ou si, dans cette occasion, la similitude de nom (tous deux s’appellent en latin Quintinus) n’aurait pas, à la longue, fait bénéficier l’apôtre du Vermandois d’une confusion avec un personnage moins illustre, Saint-Quintin. L’abbé Janvier nous apprend que Saint-Quintin, natif de Villeparisis, appartenait aussi à la maison de Meaux, que nous avons vue si féconde en saints personnages, fait qui n’est pas rare dans les grandes familles mérovingiennes. Si la chapelle était primitivement consacrée à Saint-Quintin, et cette supposition n’a rien d’invraisemblable s’appliquant à un enfant du pays dont la cathédrale de Meaux conservait des reliques, il serait touchant qu’à la suite des hasards d’une révolution, sa statue eût trouvé asile dans le sanctuaire où reposent les cendres de ses descendants.
  22. A l’assemblée de paroisse qui a eu lieu à Douy pour autoriser l’acceptation du legs de Boucot de Judainville et charger le curé Fosse de réaliser cette acceptation, ont figuré notamment : François Boyard, laboureur, syndic de la paroisse, Pierre Boyard, laboureur, Pierre Clabeau, tireur d’eau du monastère de Fontaines les-Nonnes, marguillier et receveur en charge de la fabrique, Pasquier Aubry, receveur de la terre en seigneurie de Douy, second marguillier, Etienne Maucarré, clerc paroissial, Pierre Poncelet, cabaretier et marchand à la Ramée, etc. (1753).
  23. Un des instituteur de Douy-la-Ramée, M. Carré, instituteur au Pin, au canton de Claye-Souilly, a composé durant son séjour à Douy-la-Ramée une méthode de lecture qui n’est pas sans mérite. Le titulaire actuel de l’école est M. Pasquier. Sous sa direction, qui date de 1882, ont été obtenus quatre des cinq certificats d’études primaires délivrés à l’école de Douy-la-Ramée de 1874 à 1887.
  24. Archives nationales S. 4854. Le tout était affermé en 1629 moyennant 75 livres, en 1666 moyennant 120 livres.
  25. La commune de Coupvray, près Lagny, dont la maladrerie a été réunie à l’Hôtel-Dieu de Meaux par l’arrêt du conseil du roi du 26 mars 1695 cité plus haut, après s’être mise en instance afin d’obtenir la remise des biens de sa maladrerie, a conclu récemment avec les hospices civils de Meaux une transaction qui assure à ses malades et à ses indigents des avantages déterminés.
  26. Voir plus loin le tableau de la vente des biens d’église.
  27. Les quatres grandes fermes sont : 1° Celle de Douy appartenant à Mmes Brazier et Poisson, cultivée par M. Thirion, gendre de M. Lefèvre dont la famille y est établie depuis 1827 ; 2° La ferme de Nongloire, acquise de la Nation par Mme Quatresols de la Motte, le 16 mai 1791, revendue par elle le 22 thermidor an XI à Claude Dassy, passée par succession à la baronne de Vandœuvre, sa fille, et appartenant aujourd’hui à ses petits-fils MM. Charles et Amédée Dassy ; elle a eu pour fermiers en 1729, Charles Gibert, laboureur à Rozoy-en-Multien ; en 1736, Jeanne-Angélique Gibert, veuve de Jean Hanoteau ; en 1747, Pierre Benoist, de Fayel, paroisse de Baillet, puis sa descendance jusqu’en 1326 ; à cette dernière époque, Pierre-Augustin Heurlier, dont un descendant du même nom l’occupe encore aujourd’hui ; 3° La ferme de la Ramée avec le moulin, appartenant à M. et Mme Béguin-Lefèvre, de La Marre, cultivée par M. Fouillaux ; 4° Et la ferme de Fontaines, appartenant à M. Aubry-Vitet, cultivée par M Delagarde.
  28. On trouvera à l’appendice la copie du rôle de la taille (sans taillen ni accessoires) pour 1770. Voir sur ces impôts la notice concernant Lizy-sur-Ourcq.
  29. Grâce à la nouvelle sous répartition foncière opérée en 1858, 1859 et 1860, entre les arrondissements du département de Seine-et-Marne et dont M. Frédéric Benoist, conseiller général du canton de Lizy, a été un des principaux promoteurs, la commune de Douy-la-Ramée a été déchargée de 561 fr. en principal et d’environ 1,000 fr. par année, si on tient compte des centimes généraux et départementaux qui se seraient ajoutés à cette somme.
    Dans les premières années de l’établissement de la contribution foncière, la charge des paroisses rurales a été écrasante. En 1792, Douy-la-Ramée fut imposé
    de 12,356 livres 5 sous pour contribution foncière et de 4,832 livres 1 sou 9 deniers pour contribution mobilière ; en 1793, de 15,340 livres pour contribution foncière et de 1,815 livres pour contribution mobilière. En l’an IX le total de ces deux contributions n’était plus que de 8,183 fr. 80 c. y compris les dépenses du département et de l’arrondissement, et malgré l’adjonction de la contribution des portes et fenêtres, le principal a été diminuant jusqu’en 1821, époque depuis laquelle ce principal n’a plus subi d’autre variation que celle résultant de l’augmentation et de la diminution de la matière imposable.
  30. Le 12 brumaire an II, furent envoyées à Meaux 2 cloches pesant 3, 500 livres, 139 livres de cuivre, 229 livres de fer.
  31. En 1793, Douy, qui avait déjà fourni 6 de ses enfants : Toussaint-François Delaître, Etienne Lafosse, Jean-Baptiste Plateau, Clabaud et Jacques Goulas, dut en fournir 7 autres : Susset, Charpentier, Jouy, Trappe, Lacour, Ozanne et Poncelet qui se fit remplacer moyennant 900 livres. Ces humbles soldats ont contribué pour leur part à préserver le sol national de l’invasion.
  32. Voulland, né à Uzès, protestant, vota la mort de Louis XVI et présida la Convention du 7 au 21 décembre 1793. Au comité de sûreté générale, il se faisait remarquer par ses rigueurs, ses emportements et l’exubérance de ses gestes qui lui donnaient l’air d’un furieux. Il est mort en 1802 dans la misère. Louis du Bas-Rhin, né à Bar-le-Duc, vota aussi la mort de Louis XVI, se montra au comité de sûreté générale moins violent que ses collègues, fut président de la Convention le 5 octobre 1794 et mourut en 1796 (Biographie générale de Firmin Didot).
    Quant au porteur de l’ordre nommé Fabre et qui avait prénom Jacques, nous ignorons quel personnage il était.
  33. Cet ordre est signé : Rewbel, Bentabole, Clauzel, Laporte, Goupilleau de Fontenac, Bourdon de l’Oise.
    On rapporte que le comte de Boissy ne voulant pas émigrer, mais désirant échapper à l’attention des pouvoirs publics, s’était durant quelque temps dissimulé sous les apparences d’un domestique de marchand mercier, porte-balle, tandis que son valet jouait le rôle de maître.
  34. Le fils de Nicolas de Mesgrigny a épousé la fille du grand Vauban.
  35. Ces prix étaient payables en assignant dépréciés. Ils correspondent à 1.488 l. et 10.064 l.
  36. En 1676, le fermier de Nongloire, invoquant le privilège de l’abbaye de Faremoutiers, avait voulu, comme s’il avait été le commis ou agent de l’abbaye faisant valoir pour le compte de celle-ci, se faire exempter de la taille ; mais le tribunal de l’élection de Meaux l’en déclara passible (22 avril 1676).