Notes et impressions d’une parisienne/Présentation

La Revue, 1 septembre 1914 modifier

Notes et impressions d’une Parisienne, par Marie-Louise Néron (Lemerre).

Pourquoi les reporters ne recueillent-ils pas plus souvent leurs meilleurs « papiers » en volume. Ils font de l’histoire, de la petite, souvent, et parfois de la grande. Ils ont vu, ils ont été témoins, et leur croquis rapides en disent souvent plus sur les faits et le spectacle de leur temps, que les copieuses annotations de certains auteurs de mémoires. Ce sont eux les vrais mémorialistes par fonction, et leurs recueils, lorsqu’ils ont eu la bonne idée de les assembler, forment des livres très intéressants et très lus.

Mme Marie-Louise Néron, une des premières reporters du premier journal qui ait été composé et imprimé par des femmes, La Fronde, a compose avec son travail, au jour le jour, une galerie des gens et des choses d’il y a vingt ans. On y retrouve un peu de tout : « la vérité des reliques des victimes du Bazar de la Charité, une matinée chez la reine Ranavalo, une visite à Clémence Royer, les débuts de Pierre Loti, des impressions de deuil, d’art, des portraits, des silhouettes ». La vie contemporaine anime encore ces visions brèves qui toutes, sont marquées d’un trait juste et portent l’irrécusable témoignage de la vérité. Les historiens de l’avenir y puiseront des documents, et beaucoup de lecteurs y retrouveront ce que nous cherchons tous à revoir, le passé.

La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, 16 juillet 1914 modifier

Mme Marie-Louise Néron : NOTES ET IMPRESSIONS D’UNE PARISIENNE. Lemerre, éditeur. 1 vol. 3 fr. 50.

Mme Marie-Louise Néron, la femme de notre distingué confrère, Jean-Bernard, elle-même journaliste de talent, publie, sous ce titre : « Notes et impressions d’une Parisienne », en un volume fort coquettement édité par la librairie Lemerre, un choix des articles qu’elle a depuis tantôt vingt ans, semés dans la Fronde, dans le Figaro, dans le Gil Blas, dans l’Indépendance belge.

Les tentatives de ce genre sont rarement couronnées de succès. Les article de journaux sont chose essentiellement éphémère ; et quand ils ont perdu la saveur particulière que leur donne l’actualité, ils paraissent, d’ordinaire, bien fades.

Quoi de plus vieux, de plus démodé, de plus périmé que le journal de le veille ? Vouloir faire un livre avec des articles de journal, c’est, à proprement parler, essayer de bâtir au moyen de cartes à jouer, un édifice qui dure.

Et, cependant, il y a, dans les feuilles rassemblées par Mme Marie-Louise Néron, tant, d’esprit, tant d’observation sagace, tant d’émotion sincère, tant de pitié pour les malheureux tant d’enthousiasme généreux pour les nobles idées et les justes causes, qu’il se pourrait fort bien que les « Notes et impressions d’une Parisienne » échapassent à la loi commune et triomphassent du préjugé. Nous le souhaitons, pour notre part, de tout notre cœur, attendu que les articles de Mme Marie-Louise Néron, sérieusement pensés et brillamment écrite, sont de ceux qui méritent d’être « relus ». — L. V.-M.