Notes et Sonnets/Ballaigues à Jougne, au retour
II
DE BALLAIGUES À JOUGNE, AU RETOUR.
Le 2 juin.
J’ai revu ces grands bois dans leur feuille nouvelle,
J’ai monté le versant fraîchement tapissé.
À ces fronts rajeunis chaque vert nuancé
Peignait diversement la teinte universelle :
Près du fixe sapin à verdure éternelle
Le peuplier mouvant, le tremble balancé,
Et le frêne nerveux tout d’un jet élancé,
De feuille tendre encor comme la fraxinelle.
Le mélèze lui-même, au fond du groupe noir,
Avait changé de robe et de frange flottante ;
Autant qu’un clair cytise il annonçait l’espoir.
Ô mon Âme, disais-je, ayons fidèle attente !
Ainsi dans le fond sûr de l’amitié constante
Ce qui passe et revient est plus tendre à revoir.