Notes et Sonnets/Avignon m’apparaît

Notes et SonnetsMichel Lévy frères. (p. 313-314).

SONNET


Avignon m’apparaît dans sa charmante enceinte
D’un joli, grave encor, d’un sérieux mignon ;
Si bien que l’on dirait, sans jouer sur le nom,
Que Mignard, d’après Rome, en copiant l’a peinte

(Ce Mignard le Romain aimait fort Avignon) :
Jolis remparts sans louve, un Vatican sans crainte,
Pour Tibre le grand Rhône, orageux compagnon,
Mais aussi la Durance ; et puis Laure pour sainte.

C’est du romain plus tendre, en Provence il est né ;
C’est du romain venu près du bon roi René.
Des papes sommeillants le tombeau rit encore ;


Et mon sonnet léger et pourtant attendri
N’est qu’un feston de plus sur leur marbre fleuri,
Une perle de plus, dans ta couronne, ô Laure !