CONCLUSION


Nous sommes en France depuis un mois, nos quatre cent cinquante caisses sont à Paris contenant plus de cinq mille objets.

Plus je pense à mon voyage, plus je m’en remémore les péripéties, plus je me confirme dans mon idée première.

Ce n’est pas au Japon, ce n’est pas aux Japonais qui n’ont ni archives, ni même un musée, qu’il faut demander l’historique de l’art de leur pays, et encore moins la chronologie.

Pas un, pendant mon séjour, marchand, officier ou noble de haute origine, n’a pu me donner un renseignement sur un peintre, sur un ciseleur, sur un laqueur célèbres. Encore moins une époque certaine, une date exacte.

Il faudrait à mon avis, s’armer de courage et de patience, apprendre à fond la langue Japonaise, y joindre l’écriture Chinoise et, ainsi équipé, fureter comme l’ont fait les Pères des Missions Étrangères, tous les livres Japonais au risque de n’y rien trouver de précis sur ces matières ; ou, alors plus modeste, se contenter de compulser les documents réunis par les Hollandais, ceux de l’époque de Louis XIV et de Louis XV, ceux des Pères Jésuites et en tirer le peu qu’ils peuvent contenir sur des sujets toujours si épineux et si difficiles à traiter, même quand il s’agit de l’art en Europe, à plus forte raison quand il est question de l’art au Japon. Les laques du Japon nous sont connus depuis l’époque de Louis XIV, les porcelaines nous vinrent en Europe par les expéditions des Hollandais de Décima à peu près au même temps.

À mon point de vue, les objets que je vois collectionner par les amateurs, ceux que j’aime moi-même, ceux qui sont vraiment beaux, aimables et gracieux remontent au XVIIe siècle.

Qu’on ait maintenant trouvé par les renseignements plus ou moins erronés d’un Japonais malin, des objets des premiers siècles de notre ère, je veux bien le croire, mais j’aimerais des preuves.

De tous ces objets que j’ai rapportés tout a été vendu, tout a été dispersé aux quatre vents du monde. La petite assiette de Satsuma et deux fonkousas, sont les seuls souvenirs muets de tant de splendeurs accumulées, mais je suis heureux encore, en pensant, que notre choix avait été excellent et c’est avec plaisir que je revois dans bien des salons parisiens, des souvenirs de cet agréable voyage.




imp. centrale des chemins de fer. — imp. chaix.
20, rue bergère, paris. — 12092-3.