Notes Eneide/Livre XII

Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 478).
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LIVRE XII.

v. 161. Interea reges, ingenti mole Latinus Quadrijugo vehitur curru, cui tempora circum Aurati bis sex radii fulgentia cingunt, etc. Quelques commentateurs ont vu dans cette pompe, au milieu de laquelle Latinus vient sur le champ de bataille, une ressemblance avec Auguste. On sait que cet empereur était souvent appelé par ses flatteurs le fils du Soleil. Suétone et Cédrénus racontent que le père d’Octave, le jour de la naissance de son fils, vit le Soleil se lever du sein de sa femme : « Exorientem Solem e sinu uxoris suæ.» Velléius dit qu’un jour, lorsque Auguste rentrait dans Rome sur son char, il parut environné des rayons du Soleil, qui formaient une couronne autour de sa tête. Cela fait voir jusqu’où allait la flatterie des courtisans et la crédulité du peuple romain.

v. 603. Et nodum informis leti trabe nectit ab alta. On ne peut nier que ce genre de mort ne fût très-ignominieux chez les anciens. Les corps de ceux qui mouraient de cette manière étaient abandonnes sans sépulture. Le trépas avait aussi ses préjugés. Tacite, dans ses Annales, affecte un profond mépris pour un proscrit qui s’était noyé dans le Tibre, tandis que la mode était de s’ouvrir les quatre veines. Il est probable qu’il n’aurait pas eu plus de respect pour un homme qui se serait pendu.

v. 869. At, procul ut Diræ stridorem adgnovit et alas, Infelix crines scindit Juturna solutos, etc. La Furie envoyée par Jupiter paraît ici sous la forme d’un oiseau de mauvais augure ; elle est par conséquent moins l’instrument que l’interprète de la volonté des dieux. Dans ce cas, l’apparition de cette Furie n’est pas, comme on l’a prétendu, une intervention directe de la Divinité. La mort des héros et des princes, chez les anciens, était toujours annoncée par quelques présages sinistres.