Notes Eglogues/Églogue III

Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 466).
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Églogue III. (II d’après M. Désaugiers.)

Cette églogue, citée après celle de Corydon dans l’églogue de Daphnis, a été la seconde, et doit être de l’année 711, puisqu’elle a précédé immédiatement celle de Daphnis, qui est, comme on le verra, du commencement de l’année 712. Dans celle-ci, Virgile a pris soin de nous apprendre le succès que sa première églogue avait obtenu auprès de Pollion, et de constater l’amitié qui s’était établie entre eux. Le guerrier poëte lui avait même lu de ses ouvrages :

Pollio amat nostram, quamvis est rustica, musam.
Pollio et ipse facit nova carmina.
Qui te, Pollio, amat, veniat quo te quoque gaudet.

v. 40. In medio duo signa, Conon : et quis fuit alter ? Conon de Samos, ami d’Archimède, était mathématicien et astronome. C’est lui qui, pour flatter Ptolémée Philadelphe, plaça la chevelure de Bérénice, fille de ce prince, au nombre des constellations.

Il y a de l’incertitude sur l’autre savant dont Ménalque a oublié le nom. Virgile n’a pu avoir en vue qu’un homme célèbre. Les commentateurs ont porté leurs conjectures sur Hésiode, Anaximandre, Archimède, Eudoxe, Aratus. Heyne penche pour ce dernier, dont le poëme des Phénomènes, quoique principalement astronomique, est en quelques points applicable à l’agriculture. Son ouvrage nous est parvenu, ainsi que la presque totalité de la traduction en vers que Cicéron en a faite.

v. 60. Ab Jove principium, Musæ. C’est le début de la dix-septième idylle de Théocrite ; mais c’est aussi celui du poëme des Phénomènes d’Aratus, où se trouve de plus la haute pensée que Jupiter remplit le monde, ce qui est le complément du vers de Virgile : Jovis omnia plena. Ce serait donc Aratus et son poëme qu’il aurait eu probablement en vue dans les vers 41 et 42.

v. 77. Cum faciam vitula pro frugibus, ipse venito. Il s’agit ici de la fête des champs nommée Ambarvalia. On y promenait solennellement une victime, par le sang de laquelle on demandait à Cérès la fertilité des campagnes. Ces sacrifices étaient publics ou particuliers. Virgile, par l’expression facere vitula, au lieu de sacrificare, a conservé les termes consacrés pour cette fête. On lit dans Festus : Ambarvalis hostia est quæ, rei divinæ causa, circum arva ducitur ab iis, qui pro frugibus faciunt.

Nos Rogations sont un reste des anciennes Ambarvales.

v. 90. Qui Bavium non odit, amet tua carmina, Mævi. On ne saurait voir dans Mævius et Bavius des ennemis de Virgile, comme le suppose l’abbé Desfontaines, puisqu’il n’avait point encore quitté ses champs et ne s’était point fait connaître. Il est plus probable que les plaisanteries de Pollion sur ces deux mauvais poëtes donnèrent à Virgile l’idée de cette épigramme. Mævius est, comme on sait, fort maltraité dans une des épodes d’Horace. Quant à Bavius, il n’est, je crois, connu que par ce vers.

v. 104. Dic quibus in terris. On connaît le sens donné à cette énigme et à la suivante : le mot de la première est un puits ; celui de la seconde est, à ce qu’on croit, la fleur de jacinthe, sur laquelle on a cru reconnaître les deux premières lettres du nom d’Ajax. Virgile s’est conformé ici au goût puéril des anciens pour les énigmes.