Notes Argonautiques/Livre V

Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 603-606).

LIVRE V. modifier

v. 2. Idmon, voy. la note du v. 228, liv. i.

v. 10, 11. Alba... Fronde. Les feuillages blanchâtres servaient aux couronnes des morts, et principalement des augures. Ils étaient surtout employés dans les funérailles.

v. 41. Aut ipse relinquo. Allusion à Hercule que Jason avait abandonné sur les côtes de Mysie.

v. 75. Callichoron. Le Callichore, fleuve de la Paphlagonie, qui se jette dans l'Euxin, à l'orient d'Héraclée, par deux embouchures. Il s'appelait auparavant Oxinos, et prit son nom de ce que Bacchus, en revenant de la conquête des Indes, y avait célébré des danses.

v. 80. Bœotia qualem. Le poëte fait ici allusion à la fable de Penthée, que Bacchus fit déchirer par les propres mains de sa mère Agave, qui conduisait les Thyades ou les Bacchantes.

v. 84. Venturam cælo. Vers regardé comme apocryphe par le plus grand nombre des commentateurs, aussi bien que le vers précédent par quelques autres. Il nous paraît assez difficile de comprendre la suppression qu'ils en ont faite ; et comme ces vers sont indispensables au sens général du passage, nous les avons maintenus.

v. 90. It Sthenelus. Ce Sthénélus, fils d'Actor et l'un des descendants de Minos, avait suivi Hercule dans son expédition contre les Amazones. Il y périt d'un coup de flèche et fut enseveli sur la côte de Paphlagonie, où, du temps d'Apollonius, on voyait encore son tombeau.

v. 101. Nomen… arenis. Apollonius rapporte qu'Orphée, après avoir élevé un autel à Apollon, près du tombeau de Sthénélus, déposa une lyre sur cet autel, et que c'est de là que ce lieu s'appelle le cap de la Lyre.

v. 103. Crobiali. Crobiale, nommée par Strabon Cobiale, était une ville de Paphlagonie, près d'Amastris. Valérius a un peu interverti ici l'ordre des lieux, lesquels sont distribués différemment dans le périple d'Arrien, dont l'exactitude n'est pas contestée. — Le Parthénius, qui servait de limite entre la Bithynie à l'ouest, et la Paphlagonie à l'est, prend sa source près d'Ancyre, dans le mont Pœmen,et se jette dans l'Euxin, à l'ouest d'Amastris, après avoir coulé dans des vallons fleuris qui, selon Strabon, xii, lui ont donné son nom.

v. 105 et suiv. Inopi. L'Inopus, petit ruisseau qui coulait du mont Cinthus, dans l'île de Délos, dit Strabon, x. C'est sur ses bords que Latone mit au monde Apollon et Diane. — Cromna et Érythie, petites villes de la Paphlagonie, près de Sésane et de Crobiale. — Le mont Cylorus, selon Pline, vi, c. 2, est situé dans la Paphlagonie, sur le Pont-Euxin, entre Amastris (Amassero) et Tius (Enoboli), à 64,000 pas de celte dernière ville. Il est remarquable par ses forêts de buis. — Le Carambis, vaste promontoire qui s'avance vers le nord et vers la Tauride, et sépare la mer Noire en deux parties presque égales. Il se nomme aujourd'hui Kérempi. — Sinope, située sur l'isthme étroit d'une péninsule. Une colonie milésienne l'avait rendue puissante, avant qu'elle tombât au pouvoir des rois de Pont, qui en firent leur résidence ordinaire. Elle conserve son emplacement avec le nom de Sinub. Elle s'honore d'avoir été le berceau, la demeure et le tombeau du grand Mithridate, et elle fut la patrie de Diogène le cynique. La Syrie ou la Leuco-Syrie, que les anciens confondaient avec l'Assyrie, s'étendait jusqu'à Sinope. La nymphe qui donna son nom à cette ville était fille de l'Asopus, fleuve de Béotie. Elle pria les dieux qui la poursuivaient de lui octroyer un don avant de cédera leurs désirs ; et sur leur consentement, la nymphe leur demanda de rester vierge. Elle éluda ainsi la vive poursuite d'Apollon, du fleuve Halys et même de Jupiter.

v. 115. Autolycum. Autolycus, Phlogius et Déiléon, tous trois fils de Déimachus, avaient accompagné Hercule dans son expédition contre les Amazones. Selon le scholiaste d'Apollonius, ii, v. 958, ils s'égarèrent dans ce pays, perdirent les traces d'Hercule et vinrent s'établir à Sinope. Là, ayant appris qu'Hercule était mort, ils s'embarquèrent avec les Argonautes, lors de leur passage près de celle ville.

v. 121. Transit Halys. L'Halys, le plus grand des fleuves de celte contrée. Il prend sa source fort au loin, vers ce qu'on appelait l'Arménie Mineure ; et, après avoir traversé d'orient en occident tout le nord de la Cappadoce, il est joint par une rivière sortant du mont Taurus, et à laquelle le nom d'Halys a été également attribué. De grands circuits qui se succèdent dans son cours, en tournant au nord, vont aboutir dans le Pont-Euxin. Il porte aujourd'hui chez les Turcs le nom de Kizil Ermath, ou fleuve rouge. (D'Anville, Géog. anc., t. ii, p. 7.) Ce fleuve a pris son nom des terres salées par lesquelles il passe. En effet, tous ces quartiers-là sont pleins de sels fossiles (Voy. Tournefort, t. ii, p. 212.) — L'Iris s'appelle aujourd'hui Casalmac. Il arrosait une partie de la belle plaine de Themiscyre où les fameuses Amazones ont eu leur petit empire. La bouche du Casalmac est le lieu que les anciens ont nommé Ancon. (Tournefort, Ibid. t. i. p. 215.) — Le Thermodon, dit Apollonius, n'est comparable à aucun autre fleuve par le nombre de ses bouches. Il en a 96, toutes fournies par une seule source qui sort des monts Amazoniens. Il se nomme aujourd'hui Termeh. La plaine qu'il arrose, jadis le séjour des Amazones, est d'une extrême fertilité en grains, en fourrages et en fruits de toutes espèces.

v. 124. Donat equos. La coutume de jeter dans les fleuves des chevaux égorgés était pratiquée dans l'Asie, des les temps les plus reculés. Voyez Homère, Iliad., xxii.

v. 120. Massageten. Les Massagètes, peuple scythe, qui, selon Pline et Solinus, habitait le long de la Caspienne, ainsi que les anciens Mèdes. Strabon, xi, rapporte que leur boisson était le cidre. Stace et Claudien leur attribuent la même coutume que Virgile aux Gélons (Géorg., iii, v. 346), celle de boire le sang de leurs chevaux, mêlé au lait de leurs juments. — Les Mèdes s’appelaient anciennement Ariens ; mais Médée de Colchos étant passée d’Athènes dans leur pays, ils changèrent leur nom, pour un nouveau qu’ils firent dériver de celui de cette princesse. Ces peuples étaient souvent en guerre avec les Amazones.

v. 128. Temnere Phinei. On doit se rappeler que Phinée ( iv, v. 606 ) avait conseillé aux Argonautes d’éviter la terre des Amazones et de gagner la pleine mer, sitôt qu’ils approcheraient de Thémiscyre.

v. 133. Bellique labores… Virginei. On peut, au milieu de toutes les fables dont on a grossi l’histoire des Amazones, distinguer pourtant quelque chose de vraisemblable, quelque chose qui offre en effet un fondement réel. Éphore, suivant le scholiaste d’Apollonius, ii, v. 967, assure que les Amazones, irritées contre les hommes, avaient choisi le moment où plusieurs d’entre eux étaient partis pour la guerre, avaient massacré ceux qui étaient restés, et refusé de recevoir les autres, à leur retour. Elles envoyèrent, suivant Denys et Zénothémis, des colonies en Éthiopie et en Libye, où, après plusieurs conquêtes sur les peuples de ces deux pays, elles passèrent en Europe et y fondèrent des villes. Plutarque (Vie de Thésée) rapporte que la guerre des Amazones contre les Athéniens fut une guerre terrible, et non une guerre de femmes. Thésée les vainquit, et depuis, on fit tous les ans un sacrifice aux Amazones, la veille des fêtes de Thésée.

Chez les Circassiens qui habitent la partie du Caucase autrefois occupée par les Amazones, on trouve encore aujourd’hui les femmes habituellement séparées des hommes, et on a vu, dans quelques batailles modernes entre les peuples de ces contrées, des femmes armées de pied en cap, tenir leur rang parmi les guerriers.

v. 140. Quo balteus. C’était le baudrier de Mars, que portait Hippolyte, une des Amazones. Il fut l’objet du neuvième des travaux d’Hercule. Admète, fille d’Eurysthée, en eut envie, et le héros se rendit sur les bords du Thermodon. Junon, toujours irritée contre lui, souleva les Amazones, et Hercule ne gagna qu’après un combat terrible ce qu’il aurait pu obtenir comme un don.

v. 142. Pervigil auditur Chalybum. Les Chalybes, peuple peu nombreux et voisin de l’Arménie, occupaient un pays partagé en vallées profondes et en montagnes, et qui aujourd’hui est appelé Keldir. Leur ancienneté touche au berceau de la poésie. Homère, qui, selon Strabon, xii, les indique sous le nom d’Alybes, Iliad., ii, t. 857 ; Eschyle, Apollonius, Catulle, Callimaque, Hérodote, Xénophon, et une foule d’autres encore, historiens et poëtes, en parlent comme d’un peuple sauvage, peu hospitalier, laborieux, s’occupant peu ou point d’agriculture, à cause de la stérilité de leurs contrées, mais passant sa vie à forger du fer, dont il possédait de nombreuses et fécondes mines. Strabon représente les Chalybes comme demeurant sur les rives du Pont-Euxin ; il ajoute que les Chaldéens et les Chalybes sont un même peuple. Denys Périégète, vers 768, Anne Comnène, Alexiade, xiv, p. 451, appellent aussi les Chaldéens, Chalybes.

v. 148. Genetæi. Le cap Génétès et le fleuve du même nom se trouvent immédiatement après les Chalybes, et tout près du promontoire qui prit de l’expédition des Argonautes le nom de Jason, Jasonium, nom qu’il a conservé jusqu’à ce jour presque sans altération sous celui d’Iasoun. Il y avait sur ce cap un temple de Jupiter Xenius ou hospitalier. — Les Tibaréniens habitaient non loin du fleuve et du promontoire de Jasonium et de Boona, dans le canton de Sidéna, pays fertile en pâturages, ainsi nommé du fleuve Sidénus qui le traverse et tombe dans l’Euxin. Ce peuple, de race scythe, passait pour le plus juste de tous les peuples ; ne combattant jamais ses ennemis par la ruse ni par les embûches, mais lui dénonçant toujours d’avance le lieu, le jour et l’heure du combat. Cet usage bizarre des hommes, quand les femmes accouchaient, de se mettre au lit le bonnet de nuit sur la tête, de pousser des cris de douleur, de se faire traiter enfin par ces malheureuses comme on traite les accouchées, existait chez les anciens Corses, chez les anciens Espagnols (Strabon, iii), et se retrouve encore aujourd’hui chez les Tartares (Marco Paolo, ii), chez les Caraïbes, au Canada et chez les sauvages de la Guyane, sans qu’on puisse expliquer l’origine de ce singulier usage.

v. 152. Mossyni. Les Mossyniens, les Macrons, les Byzères et les Philyres s’appelaient du nom général d'Heptacometæ ou habitants des sept bourgades. Ils occupaient tout le pays qui, de la mer à la chaîne des monts Scydisses, se trouve renfermé entre le fleuve Pharmaténus qui coule à l’ouest, près de Cérasonte, et le fleuve Ophis, qui se jette à l’est dans l’Euxin, au delà de Trébisonde. Voyez, sur toutes ces peuplades qu’il visita lui-même, Xénophon, Anabasis, v, c. 4. Les Mossyniens, ainsi nommés par Pline l’ancien, tiraient leur nom des tours de bois dont ils faisaient leurs habitations ; οἶκοι maisons, μόσσυν tour de bois. Les Macrons habitaient les montagnes le long de l’Euxin, vers la source du Boas ou Acampsis, rivière impétueuse qui sépare la Colchide des frontières de l’Arménie. Strabon, xii, rapporte qu’ils se sont depuis appelés Sanni ; aujourd’hui Tzani. Les Philydens ou Philyres étaient voisins de Trapézunte, depuis Trébisonde. Selon Phérécide {Schol. d’Apol., ii, v. 1235), au moment d’être surpris par sa femme Rhéa dans ses amours avec Philyre, fille de l’Océan et mère du centaure Chiron, Saturne se métamorphosa en cheval. Telle est l’origine du nom des Philyriens.

v. 155. Ultimus ille sinus. Ce fut le dernier golfe que les Argonautes visitèrent : de là, apercevant le Caucase, ils cinglèrent droit vers l’embouchure du Phase. Entre l’Euxin et la mer Caspienne, les branches élevées du Caucase traversent dans toutes les directions la Colchide, l’Ibérie, et l’Albanie ; il était regardé comme faisant partie de la chaîne immense du Taurus, dont les anciens le croyaient le point le plus élevé. Pline en fait une très-belle peinture, c. 20 et 27 du liv. v.

v. 167. Hiber. L’Ibérie, selon Strabon, xi, et Ptolémée, v, c. 2, est un vaste plateau, entouré de tous côtés par des montagnes ; au couchant, elle joint la Colchide, au levant l’Albanie, dont elle est séparée par le fleuve Alazon. Vers le nord, le Caucase la sépare des Nomades septentrionaux ; vers le midi, le Cyrus et les chaînes du Paryadrès et des Mosches la divisent d’avec l’Arménie.

v. 179. Ostendere Colchos. La Colchide s'étendait du nord, depuis Dioscuras, aujourd’hui Isagone, jusqu’à Trapezunte, à présent Trébisonde, ville située vers le sud-est. Elle comprenait encore du temps d’Hérodote, vers le sud et le sud-ouest, les Macrons et les Mossinèques. Selon Chardin, l’ancien royaume de Colchos s’étendait d’un côté jusqu’aux Palus-Méotides, et de l’autre jusqu’à l’Ibérie. La Mingrélie actuelle n’a pas plus de 110 milles de long et 60 de large. Du coté d’orient, elle est enfermée par le petit royaume d’Imirette, du côté du midi par la mer Noire, du côté d’occident par les Abcas, du côté du nord par le Caucase. Les Caucasiens sont ces Huns si renommés, partagés aujourd’hui en différents petits peuples. Les autres peuples voisins de la Colchide sont les Allanes, les Suanes, les Gigues, les Carachères, dans lesquels on retrouve aisément les anciens noms des Alains, des Tzaniens, des Zéchiens, des Caracioles. L’air de la Mingrélie est tempéré, mais extrêmement humide ; il y pleut continuellement. Selon Strabon, xi, la Colchide est un pays fertile ; toutes les productions de la terre y sont savoureuses, excepté le miel, qui y est de mauvaise qualité. Elle abonde en bois de construction, etc., etc. Sa splendeur et ses richesses étaient portées au plus haut degré, du temps de l’expédition des Argonautes.

Le Phase, dit Strabon, xi, prend sa source dans les montagnes de l’Arménie ; il traverse ensuite l’Ibérie, où il fait de vastes circuits. Son cours est traversé par 120 ponts. C’est à travers une vallée profonde qu’il s’échappe avec violence et rapidité dans la Colchide. Dans le pays plat, il reçoit entre autres fleuves, le Glaucus et l’Hippus ; après cette jonction, son cours devient navigable jusqu’à l’Euxin. Selon les voyageurs modernes (Güldenstaedt, t. i, p. 393 ; Reineggs, t. ii, p. 35), les véritables sources du Phase sont dans le pays des Soanes, peuple qui habite les hautes montagnes du Caucase : il est appelé par les indigènes Péhas, et après avoir reçu le grand fleuve Quirilas, prend le nom de Rion (le Ρέων de Procope), et se jette dans la mer Noire, près de la ville de Roti.

Du temps de Pline, il était navigable pendant 38,500 pas, et il était encore coupé par les 120 ponts signalés par Strabon. Il n’est plus navigable aujourd’hui, et il n’y reste qu’un seul pont, encore en très-mauvais état, (Güldenstaedt, t. i., p. 316). Strabon, xi, ajoute que sur les bords du Phase, dans le pays des Mosches, il existait un temple et un oracle de Leucothoé, établis par Phrixus, où il n’était pas permis d’immoler des béliers. Ce temple, qui contenait de grandes richesses, fut pillé d’abord par Pharnace, et ensuite par Mithridate de Pergame. Arrien dit que tous les navires faisaient eau au Phase, sur l’opinion que l’eau de ce fleuve était sacrée, ou parce qu’elle était la meilleure du monde. Les faisans y sont plus gros, plus beaux et d’un goût plus exquis qu’en aucun autre pays. Martial dit, xiii, Carm. 72., que les Argonautes apportèrent les faisans dans la Grèce, et que ces oiseaux y reçurent le nom de faisans, de ce qu’ils avaient été pris sur les bords du Phase.

v. 205. Orte nivali... Arcados. Parce que Calisto, nymphe d’Arcadie, avait été placée dans le ciel, sous le nom de constellation de la grande Ourse.

v. 276. Utrimque cremandis. C'était la coutume chez les anciens de demander aux ennemis un ou deux jours de trêve, pour enterrer les morts. Mais celui qui faisait le premier cette proposition, avouait sa défaite, et son adversaire élevait un trophée.


v. 328. Qua Circæi plaga. Les champs Circéens avaient pris leur nom de Circé, fille du Soleil, et sœur d’Éétès. Cette plaine ou cette plage de Circé était destinée à la sépulture des habitants de Colchos.

v. 333. Lustrantia flumina. Médée allait, à la suite d’un songe menaçant, se purifier dans le Phase. C’était une coutume religieuse établie chez les anciens. On expiait même un bon songe par des lustrations, sous prétexte, dit Servius, ad Æneid., viii, v. 67, que le sommeil de nuit est une souillure.

v. 345. Sicula sub rupe. Enna était un vaste plateau, sur une montagne assez élevée de la Sicile.

v. 349. Cum lumine, tædæ. Les flambeaux, même en plein jour, étaient nécessaires aux lustrations ; on employait tour à tour l’eau, le feu, et diverses plantes. Souvent même on y joignait le soufre.

v. 419. Ut prima Sesostris. Strabon, xvi, regarde comme un fait constant l’expédition de Sésostris en Colchide et dans le nord de l’Europe orientale. Sésostris, dit Diodore de Sicile, i, c. 55, passa le Gange, parcourut l’Inde entière jusqu’à l’Océan, et la Scythie jusqu’au Tanaïs. On dit que ce fut alors que des Égyptiens, laissés par ce prince autour du Palus-Méotide, fondèrent la nation des Colchidiens. Pline, xxxiii, c. 15, assure que Sésostris fut battu par les Colchidiens. Hérodote, ii, c. 103 et 104, dit qu’il ne saurait affirmer si Sésostris laissa en Colchide une partie de son armée, pour la cultiver ; ou bien si quelques-uns de ses soldats, ennuyés de la longueur de ses expéditions, s’y établirent d’eux-mêmes sur les bords du fleuve. Il ne dit rien d’ailleurs de cette défaite de Sésostris, lequel en définitive, et au témoignage du même historien, passa d’Asie eu Europe et subjugua les Scythes et les Thraces.

v. 430. Flebant populeæ. L’Éridan, dit Heyne, Opusc. Acad., t. v, p. 44, est un fleuve fabuleux adopté par les anciens poëtes, et que ceux qui sont venus après ont pris faussement pour le Pô).

v. 432. At juga vix Tethys. Telle n’était pas précisément la fonction de Téthys. Elle recevait en effet le Soleil quand il se couchait dans la mer d’occident, mais elle ne soignait pas son char et ne rassemblait pas ses chevaux dispersés. Ovide au contraire, Métam., ii, v.398, et Lucrèce, v, v. 402, attribuent ces fonctions au soleil lui-même.

v. 447 à 455. Deficit in thalamis. Tous ces tableaux se rapportent à l’histoire de l’abandon de Médée par Jason, et au mariage de celui-ci avec Créuse, fille du roi de Corinthe. Il paraît au reste que c’est d’après l’inculpation d’Euripide que Médée est restée chargée du crime d’avoir égorgé ses enfants. « Du temps de Philippe, dit Barthélémy, Voy. d’Anach., iii, c. 37, on voyait encore à Corinthe le tombeau des deux fils de Médée. Les Corinthiens les arrachèrent des autels où cette mère infortunée les avait déposés, et les assommèrent à coups de pierres. En punition de ce crime, une maladie épidémique enleva leurs enfants au berceau, jusqu’à ce que dociles à la voix de l’oracle, ils s’engagèrent à honorer tous les ans la mémoire des victimes de leurs fureurs. C’est le poëte Euripide qui, s'étant laissé gagné pour 5 talents (27,000 fr.), qu’il reçut des magistrats de cette ville, écrivit le premier que Médée les avait égorgés elle-même. D’ailleurs, un ancien usage prouve que les Corinthiens furent coupables ; car c’est pour rappeler et expier leurs crimes, que leurs enfants doivent, jusqu’à un certain âge, avoir la tête rasée et porter une robe noire. »

v. 458. Absyrtus. Absyrte était, suivant Apollonius, iii, v. 242, fils d'Éétès et d'Astérodie, nymphe du Caucase, et il était né avant le mariage d'Éétès et d'Idya. L’opinion d’Apollodore et d’Ovide était que Médée avait elle-même tué Absyrte, et l’avait coupé en morceaux, pour retarder son père dans sa poursuite.

v. 478. Namque idem Cretheus. Voyez sur la généalogie de Jason la note du vers 29 du livre i. Salmonée était père de Tyro, laquelle fut femme de Créthée et mère d’Éson. Avant son mariage avec Créthée, Tyro avait eu de Neptune Pélias et Nélée, père de Nestor. Voyez Homère, Odyss., ch. xi.

v. 485. Creantia divos. En effet, la Thessalie est le pays de la Grèce le plus fertile en héros et en divinités. Là naquirent Esculape, Mnémosyne et ses neuf filles, Pélias, Admète, Achille, etc., etc. Ferax terra deorum, dit Sénèque.

v. 489. Sthenelo. Ce Sthénélus était fils de Persée : il ne faut pas le confondre ni avec le Sthénélus, fils d’Actor et frère de Ménétius, ni avec le Sthénélus, ami de Diomède et fils de Capanée.

v. 541. Namque virum trahit ipse chalybs. C’est la traduction littérale de ce beau vers de l’Odyssée, xix, v. 13 :

…αὐτὸς γὰρ ἐφέλκεται ἄνδρα σίδηρος.

v. 591. Dives Aron. Le poëte ne dit pas de quelle nation Aron était le chef. Claudien, Contra Ruf., ii, v. 108, dépeint sous des traits semblables les guerriers de l’Arménie, d’ailleurs très-voisins de Colchos.

v. 686. Donec et Æeten. Selon Apollodore, i, c. 9, Médée, après sa fuite de Corinthe, retourna à Athènes et y épousa Egée, dont elle eut un fils nommé Médus ou Médius. Mais elle en fut bientôt chassée avec son fils. Celui-ci, après avoir vaincu plusieurs peuples barbares, donna le nom de Médie au pays qu’il avait conquis, et périt dans une expédition contre les Indiens. Médée retourna à Colchos sans y être connue, et là, ayant trouvé son père Éétès, détrôné par Persès, frère de celui-ci, tua Persès, et rendit la couronne à son père. Justin dit que Jason, chassé de Thessalie par les fils de Pélias, se réconcilia avec Médée, qu’il avait répudiée, quelques années après son retour de Colchos ; qu’il rassembla une nombreuse armée ; qu’il retourna en Colchide avec Médius, son beau-fils, et replaça son beau-père Éétès sur le trône de Colchos. Après la mort de Jason, Médius, héritier de sa valeur, bâtit en l’honneur de sa mère la ville de Médée, et fonda l’empire des Mèdes, auquel il donna son nom.

Nous rapportons ici toute cette fin de l’histoire de Médée, à laquelle ce passage fait allusion, parce qu’elle ne sera pas inutile à l’intelligence parfaite du texte.