Nocturne (Émile Van Arenbergh)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 26).


Nocturne


La nuit plane, roulant les mondes dans ses voiles.
L’astre aux noirs rameaux d’ombre ouvre son fruit vermeil.
Le ciel est tout en feu, comme si le soleil,
Y volant en éclats, l’éclaboussait d’étoiles.

Là-bas fleurit la lune en corbeille de flammes.
— Comme la poudre d’or qui danse en un rayon,
La poussière des morts, en muet tourbillon,
Monte en la nuit vivante et m’enveloppe d’âmes.

Homme ! tandis qu’alors tes vains bruits ont cessé,
Et que l’heure t’emporte en ton sommeil lassé,
Du gouffre d’où tu sors au gouffre où tu retombes,
 
Devant cet Infini qui vit et resplendit,
Le poète pieux écoute ce que dit
Le silence du ciel au silence des tombes.