Nature du Puy de Domme reconnu pour l’ancien foyer d’un volcan

memoire sur cette question Le Puy de Domme
Reconnu pour lancien foyer dun volcan lu à la Société littéraire de Clermont le 25 avril 1752 par M. Garmage curé de la paroisse de St Pierre de la meme ville en 1771

Les montagnes enflammées connues sous le nom de volcan contiennent ynterieurement les matieres qui servent daliment au feu souterrain dont leffet plus violent que celuy de la poudre ou du tonnerre a de tout tems éffrayé les hommes et desole la terre

Un volcan est un canon dun volume ymmense dont la bouche vomit des torrens de flamme et de fumee des nuees de cendres et de pierres denormes rochers qui sont lances a plusieurs lieues de distance lembrasement est quelquefois si terrible et la quantite des matieres rejettees si abondante quelles enterrent les villes et les forets et forment quelquefois des collines et des montagnes qui ne sont que des monceaux de ces matieres entassees.

Ces evenements terribles ont eté si frequens sur la surface du globe et sont encore aujourdhuy si multiples qu’il nest pas etonnant qu’on en trouve des vestiges jusques dans le cœur de nos montagnes car sans parler de celles qui se sont eteintes par leruption des matieres inflammables et dont le nombre ne peut etre estimé combien en trouve ton encore aujourdhuy qui desolent la face de la terre

en asie il est plusieurs montagnes embrasees comme dans les ysles de locean indien dans lisle de ternate au japon aux philipinnes en afrique dans les ysles du cap verd et aux canaries le fameux pic de ténerif

en amerique on remarque les montagnes du perou et du mexique la chaine entiere des cordelieres les ysles açores en europe enfin se sont rendus celebres le mont hekla en yslande letna en sicile et le vesuve pres de naples Ces ravages sans nombre des feux souterrains une fois reconnus on doit sattendre naturellement a en trouver quelques yndications dans nos montagnes qui sans doute n’ont pas ete exceptees de la loi generalle

le prejugé se fortifie lorsqu’on fait attention a la lelevation comme aussy a la figure de la montagne du puy de domme

les volcans suivant le temoignage des observateurs ne se trouvent jamais que dans les hautes montagnes et parmy ces montagnes elevees celles qui ne forment point de chaine mais qui sont interrompues ou ysolees qui demeurent en forme de pic ou de pyramide comme le pic dadam dans lisle de ceylan le pic de george dans les ysles acores letna le vesuve tous ces pics dis je vomissent a leur sommet des flammes des pierres et des minéraux or la montagne du puy de domme est certainement tres rapide et tres eleve puisquelle a pres de six cent toises delevation perpendiculaire Dailleurs elle est asise sur un terrein exhausé de plus de deux cent toises au dessus du niveau de la mer ce qui lui donne un avantage considerable sur les montagnes placees dans le voisinage des mers ou dans le continent des ysles cette montagne est un vray pic puisqu’elle seleve tout a coup en forme de cosne ou de pyramide elle est solitaire et ysolee puisquelle ne forme aucune masse commune avec les montagnes voisines qui luy sont ynferieures elle figure parfaitement avec le vesuve et letna suivant les plans qui en ont ete dresses par Kirker un des plus eclaires observateurs du dernier siecle

je devais donc m’attendre a trouver sur cette montagne les vestiges dun volcan et mon attente ne fut pas vaine on trouve en effet sur le sommet du petit puy une grande excavation pratiquee en entonnoir dans lepaisseur de ce mont Cet enorme fossé qui etonne par son evasure et sa profondeur n’est reellement que louvrage des feux souterrains dont les frequentes explosions ont ecroulé la tete de la petite montagne qui dans les premiers tems ne le cedait en rien a la grande mais qui n’est plus aujourdhuy qu’un cosne tronqué dont les flancs ont este miné par lactivité du feu cette ydee qui se presente naturellement a tout esprit attentif acquiert un nouveau degre de vraisemblance lorsqu’on fait attention a la position comme aussy a la figure regulière de cette fouille

la position en yndique la nouveaute yl nest pas vraisemblable que cette montagne ait este de tout tems cavernée et sa figure qui represente un cosne renversé suppose necessairement dans son principe leficace d’une cause constante, uniforme dans ses operations et dont laction sexerce egalement en tout sens

or cette cause toujours semblable a elle meme et dont la puissance se fait sentir de tous cotes nest autre que le feu dont la violence resseré par lepais contour des flancs de la montagne rejette par le sommet ainsi que par lembouchure dun canon les faibles obstacles qui s’opposent a sa fureur la physique de concert avec lexperience authorise ce denouement

la violence que prouvent les feux souterrains estant proportionelle a lepaisseur des flancs de la montagne; cette epaisseur decroissant jusques au sommet yls doivent faire plus de ravages sur cette partie qui resiste moins et y laisser des marques plus eclatantes de leur passage

D’ailleurs tous les corps qui sont lancés dun centre cosnusseux sechapent par des lignes plus ou moins divergentes qui representent exactement la figure d’un cosne allongé lexperience vient au secours du raisonnement

les anciennes bouches à feu du vesuve et de letna conservent encore aujourdhui la figure de cosne renversé qui leur fut imprimée dans la chaleur des premières explosions après des yndications aussy marquées de la puissance des feux souterrains, je nymagine rien de plus ynteressant que de nous montrer dans nos montagnes ce feu yntérieur quelles couvent dans leurs entrailles sous les voiles des matieres inflammables quelles recelent dans leurs flancs la cause ainsy raproche de ses effets donnerat un nouveau poid à nos observations

un volcan semble supposer de grands effort de la part de la nature qui est en travail parce qu’il s’annonce avec un appareil terrible et quil foudroye les campagnes qui luy sont assujetis yl n’est rien cependant qui luy coute moins un peu de souffre et quelques paillettes de fer en font tout lartifice

Cette proposition qui parait hardie est un fait que mr de Lemery a rendu yncontestable par des epreuves reiteres en melant ensemble une certaine quantité de souffre et de limaille de fer qu’on enterre a une certaine profondeur on ymite parfaitement laction des feux souterrains et l’on forme ainsy un petit volcan dont les effets sont les memes, proportion gardee, que ceux des grands

car yl s’enflamme par la seule fermentation jette la terre et les pierres dont il est couvert fait de la flamme de la fumée et des explosions

mais les matieres soufrées et ferrugineuses qui sont lame des volcans n’ont peut-etre esté deposees nulle part avec plus dabondance que dans le cœur de nos montagnes

les pyrites et les marcassites dont nos campagnes sont couvertes authorisent cette pensée

le fer est dailleurs un metal si commun dans la province qu on en trouve des vestige de tous cotes et si nous navons pas de forges etablis dans les environs de cette capitalle nous le devons mrs la disette du bois plutot que la rareté des mines est le seul obstacle qui decourage les maistres de lart les mines de soufre ne nous ont pas este refusees Mr Dargenville dans son ouvrage des fossilles de la france fait mention des divers endroit de la province ou lon peut le recueillir le fer et le soufre qui seuls suffiraient pour embraser nos montagnes ne sont pas les seules matieres inflammables dont elles sont pourvues les substances grasses et bitumineuses ny sont pas epargnees

les eaux minerales dans les cantons qui sourcillent de toute part dans ces cantons nous rendent un fidele temoignage des diverses matieres dont nos montagnes sont enceintes

elles en detachent sans cesse des sables fins des paillettes de fer, des matières bitumineuses quelles deposent dans leur sediment mais ce qui ne distille que goutte a goutte dans certains endroits coule dans quelques autres par ruisseaux continus le monticule du puy de la poix ne doit son nom qu’au degorgement continuel du bitume qui en decoule

les montagnes de crouel et de puylong nous offrent a la mine le meme spectacle et semblent luy disputer sa reputation Que de sources bitumineuses ne produiray je pas si je penetrais plus avant dans la plaine

Ces nombreux ecoulements ne sont cependant que le superflus des grands receptacles que la terre cache dans son sein Le charbon de terre dont la province renferme des mines abondantes et xxxxxxx renommees en est la preuve incontestable ce fossille ne doit en effet son excellence quau bitume dont les terres sont imbues et penetrees

Le fer le soufre et le bitume ainsy repandus prouvent clairement que nos montagnes ne sont que des tas de matieres ynflammables dont les plaines ramassent les debris Tous ces amas de feu que la nature thesaurise dans les vides des matieres combustibles une fois constates. Ce n’est pas a moy a prouver que parmi nos montagnes il en est une qui sest enflammee, je dois plutot travailler a vous rendre raison de celles qui ont ete epargnees comment ymaginer en effet qu’un principe aussy actif que le feu ait respecte de tout tems les faibles murs qui le captivent dans nos montagnes pendant que partout ailleurs on ne voit que xxxxxxx des marques de son indomptable fureur comment se persuader que des matières qui nont besoin pour syrriter que de leur mutuelle presence soient demeurees dans une telle ynaction Cet equilibre pretendu des matieres inflammables paraitra plus incroyable encore si lon fait attention que rien ne favorise plus l’inflammation de ces matieres que le grand air dont nos montagnes sont en possession lorsqu on ouvre des mines de charbon de terre que lon trouve ordinairement sous largille a une profondeur considerable il est arrive quelquefois que le feu sest mis a ces matieres

nous en avons sous nos yeux des exemples vecus dans les mines de charbon qui se trouvent aux environs de brassac a st- etienne en forez, en flandre en angleterre il est de semblables mines qui brulent continuellement depuis plusieurs annees - la libre communication de lair exterieur a suffit pour produire cet effet les matieres grasses et bitumineuses qui jouissoint dun profond repos avant detre troublees par la presence dun air etranger nont pas plutot eprouve les atteintes de cet element plein d’activite quamplifit la fermentation se declare par un feu general mais ces memes matieres ne sont jamais plus en butte aux caprices de lair exterieur qu’en formant une masse commune avec les montagnes qui selevent a lexemple du puy de domme jusques dans les nues. lynflammation de ces matières est donc une suite necessaire non seulement de leur nature mais aussi de leur position

Remarquez aussi que les feux qui sallument dans les mines ne produisent que de legeres explosions et ne forment pas des volcans parce que tout estant plein et solide dans ces endroits le feu ne saurait etre excité comme celuy des montagnes dans lesquelles il est des vuides et des cavités ou lair penetre et qui sont autant de soufflets qui animent de toute part lembrasement et yrritent laction du feu qui devient toujours plus visible

voilà le vray denouement de la predilection des volcans pour les hautes montagnes solitaires et ysolees voila la cause physique des grandes explosions qui accompagnent les ouragans apres les témoignages aussy authentiques de l’inflammation des matieres combustibles dont nos montagnes sont chargees serez vous satisfait Mrs si je vous montre les matieres livides dont elles ont souille les plaines dans leurs vomissements Tous ces materiaux epars conservent encore aujourdhuy les empreintes du feu qui les a disperses et sont autant de medailles qui attestent ce grand evenement

les traits que lart confie a la matière n’ont jamais de consistance assurée parce quil ne fait queffleurer la surface des corps mais les traits frappés des mains de la nature en penetrant les parties les plus intimes et les rendant toujours reconnaissables ces traits yneffacables je les trouve gravés dans les sables les terres et les cailloux semes de toute part je napercois dans le voisinage de la montagne que des monceaux de sable brulé des terres calcines des cailloux noirs et cribles des roches fondues des amas de diverses couleurs qui herissent la face de la terre et ynspirent je ne sais quelle horreur qui saisit les sens a la vue de ces campagnes foudroyées Mais sans nous laisser dominer par limagination examinons au poid dune raison eclairee les divers objets qui authorisent cette pensee

le sable noir soffre le premier a nos regards on connaît que ses grains ont ete brules par leur legereté leur couleur leur porosite les sables noirs sont ou metalliques ou purement terrestre les metalliques annoncent par leur pesanteur les matieres dont yls sont charges les sables purement terrestres offrent a loeil aidé du microscope des surfaces brillantes et polies et dont toutes les parties sont continues

mais le sable dont il sagit n’a ni pesanteur dans sa masse ni continuité dans ses surfaces qui sont interrompues et delabrees le feu dont il porte les livrees est sans doute le principe qui en a degrade les parties

La constitution ynterieure de ces tas darene confirme la meme verité ces eminences de sable noir ne sont pas formees ynterieurement de couches parralelles comme le sont toutes les autres montagnes on y trouve les terres calcinees le machefer les pierres ponces sont melees et confondues comme dans un monceau de decombre elles ne sont donc pas louvrage primitif de la nature mais seulement des amas de corps etrangers personne nignore que les pierres et les cailloux ne doivent leur dureté leur transparence leur varieté quaux divers degres de purete et a la finesse des grains de sable qui sont entres dans leur composition de la vient que tous les corps pierreux se ressentent partout de la nature des sables qui les environnent parce que ces sables en sont toujours ou lelement constitutif ou le debris

mais les banc de pierre plantes dans ces amas ne sont que des masses de grez ou de roc vif dont le grain dur et pesant ne participe en rien ni de la legerete ni de la couleur ni de la porosité des sables noirs qui les environnent

ces sables ne sont donc pas la matiere elementaire propre et naturelle du sol qui les soutient ce ne sont donc que des matieres transportees disons mieux rejettees par la force de quelque violente explosion

les sables noirs ne sont pas les seules matieres provenues du degorgement de la montagne les terres calcinées les cailloux en ma faveur cribles sont les nouveaux titres que je produis a votre tribunal monuments yncorruptibles dont votre yntégrité ne devrait pas se defier leur langage quoique varié bien loin de rendre leur deposition equivoque ne font que la rendre moins suspecte

les matieres terrestres et lapidifiques sont toutes ou calcinables ou fusibles et vitrifiables celles du premier genre sont les marbres les crayes les platres les pierres a chaux les matieres fusibles et vitrifiables sont le grez le quarzt les granites les roc vif les premieres conservent au feu toute la consistence de leurs masses mais non pas toute la puissance de leur poid les secondes au contraire se decomposent tombent en fusion et tourbillonnent sous le joug de cet element victorieux

or telles sont les matieres que je soumes mrs à votre examen or telles sont les matieres que je soumes Mrs a votre examen les unes dont les masses sont saines et entieres ont une legereté qui surprend la main de lobservateur

les autres defigurees enferment dans leur sein des bulles et des vessies qui en ynterceptent les parties les plus yntimes Ces vuides ces boursouflures supposent dans la pierre comme dans le pain une matiere originairement amollie et dans un etat defervescence mais quel principe plus actif que le feu a pue attendrir ainsy et faire couler les pierres quelle puissance a due en penetrer ainsy la masse et en soulever toutes les parties je nen vois point d’autres que le feu qui les a noircit et qui les a rejette confusement avec les sables brules qui les accompagnent

les cailloux en grandes masses offrent a nos yeux le meme temoignage ecrit en gros caractheres autour de certains blocs de roc vif on trouve des cordons entrelassées de matiere lapidifique ces serpentaux representent les ruisseaux congeles dune matiere qui tombait en fusion mais qune soudaine explosion a ravit brusquement a lactivite des flammes devorantes

les amas de diverses couleur sont des nuees de temoins qui constatent la meme verité les marcassites ferrugineuses dont la couleur primitive est un fond jaunatre exposés a la violence dun feu yrrité se couvrent des teintes de rouge de pourpre de violet le feu les amene par ces nuances successives jusque au noir obscur et charbonné dernier terme de la degradation mais dans la totalité des matieres enfermees dans le sein dune montagne eschaufee les unes y sejournent longtems pendant que quelques autres sont dabord veiculées les unes sont plus eloignees les autres au contraire plus voisines du foyer de la conflagration le feu qui les traite diversement doit consequement leur imprimer cette variete de couleurs quon remarque dans leurs dispersions mais pourquoy employer icy le secours de la physique

la seule inspection de ces cadavres decouvrira a votre sagacite plus efficacement que mes discours la main cruelle qui les frappes cette verité une fois etablie dissipera sil se peut les nuages qui pourroint en obscurcir leclat

on objecte que les proiections sans nombre sur lesquelles jinsiste avec confiance sont des materiaux que lon trouve partout mais sans alleguer en ma faveur xxxxxxx les singularites remarquables de cette dispersion qui nous offre les corps les plus denses dans le plus grand eloignement doit on etre surpris que ces sortes de matieres soint semees au loin letna ne lance til pas jusqua trois lieues la ronde denormes rochers qui font gemir la terre sous la pesanteur de leur masse je sais que au environs de royats on trouve des depots de matiere fondue et vitrifiee des cilindres pierreux tournes en lignes circulaires eliptiques spiralles irregulierement entassees dans un vallon apelle lenfer de grave neyre

ces debris ce meme matieres qui se font remarquer dans le sein ordinaire des volcans sont dautant plus rares dans les plaines j’en excepte celles qui sont situées au pied des hautes montagnes parce que elles en sont comme les egouts naturels. je veux parler de celles qui sont plus ecartees on ne trouverat dans leur vaste etendue rien de semblable au machefer, au pierres ponces aux squelletes brules que je produis a vos yeux

les fleuves et les rivieres en charient a la verite quelques fragmens mais on devine sans peine dou procedent ces corps etrangers on Demande en second lieu pourquoy la montagne du puy de dome nest plus aujourdhuy ce quelle fut autrefois je veux dire une torche fumante et enflammee mais observons je vous prie que le feu qui maitrise tout se detruit luy meme par sa propre violence soit qu’il devore paisiblement sa proye sil quil dissipe avec eclat les matieres qui lenvironnent il se prive dun aliment necessaire et accelere son extinction mais le vesuve et letna apres tant de violentes explosions ne vomissent ils pas encore de nouveaux tourbillons de flammes j’en conviens, ces eruptions celebres ne sont pas neantmoins si frequentes quon pourait le croire on compte je ne dis pas des annees mais des siecles entiers de silence et d’assoupissement Dailleurs les feux souterrains ne sourcillent pas longtems par les memes embouchures de nouveaux feux souvrent ordinairement de nouvelles issues preuves certaines que les volcans ne sont pas les soupiraux dun feu central et permanent ainsy que plusieurs lont imaginé mais louvrage des matieres inflammables cachees dans les replis interieurs de la montagne mais pourquoi dirat on le puy de dome a lexemple de letna ne formerait-il pas de nouvelles bouches a feu

on cesserat detre surpris de cette difference si lon fait attention que letna est une pyramide dont la base a pour perimetre une etendu de soixante dix mille pas geometriques ce qui revient a peu pres a vingt lieues communes de france pendant que le puy de dome occupe a peine une etendue de deux lieues la masse de lun etant plus que centuple de celle de lautre cent bouches a feu sufiront a peine pour vuider la premiere pendant qune seule ouverture a sufit pour purger la seconde mais pourquoy aioute t’on encore le grand puy a lexemple du petit n’a til pas travaille

si jaimais a me repaistre de sinistres idees je pourrais me complaire a vous alarmer sur son futur embrasement je pourais citer avec avantage les relations iournalieres qui nous anoncent dans lun et lautre continent de nouveaux feux de nouveaux ravages de nouvelles eruptions mais mon esprit partisan des interest de la patrie travaillerat plutot a vous rassurer le grand et le petit puy estoint vraisemblablement dans leurs somets ce quils sont aujourdhuy dans leurs bases une seule et unique montagne que le feu a ouvert dans le milieu et dont il a emousse la partie septentrionalle une seule et unique ouverture a sufit probablement pour purifier lune et lautre moitie de tout levain dangereux Vous le voyez Mrs tout conspire a etablir la realite dun volcan dans les flancs de la montagne du puy de dome la tradition le sugére la nature plus persuasive que la renomée la publie par cent bouches dignes de foy

les levains inflammables dont nos sources nous montrent les tragiques depot, la montagne fracturee dans son sommet et minee iusques dans ses fondements, les plaines encore chargees du fardeau de ses entrailles mille lambeaux epars mille depouilles sinistres nous tiennent a un meme langage

tant de voix reunis quon ne peut soupconer dinfidelité et qui saccordent toutes dans la deposition dun meme fait ne me laissent rien a ajouter pour en completer l’existence je ne finirais pas neantmoins sans vous prier de mhonorer toujours de vos sages reflexions vous y etes interesses autant que moy Mrs louvrage que ie vous presente est tout a la fois le fruit de vos lumieres et le tribut de ma reconnaissance

Donne en 1751 a lassemblee particuliere et en 1752 a lassemblee publique de la societe litteraire de clermont ferrand au mois Daout.