Napoléon et la conquête du monde/I/03

H.-L. Delloye (p. 13-14).

CHAPITRE III.

DÉPART DE L’ARMÉE.



L’armée française avait paru devant Moscou plutôt que les Russes ne s’y étaient attendus ; aussi, au lieu de la trouver en cendres, à peine l’incendie commençait-il quand elle arriva. Les magasins militaires n’avaient pu être consumés, et d’immenses ressources furent encore trouvées dans cette ville, où la grande armée put se reposer et attendre ses renforts.

Cependant l’empereur, qui ne voulait pas laisser le temps s’écouler inutilement et qui désirait profiter de la saison encore favorable, ordonna le départ pour le 20 septembre, et après avoir assemblé un conseil, il décida qu’on marcherait sur Pétersbourg.

Le 20 au matin, la grande année, à laquelle étaient venus se réunir les corps des princes Eugène et Poniatowski, se mit en marche au nombre de cent soixante mille hommes et quatre cents pièces d’artillerie. Avant son départ, elle assista aux derniers soupirs de Moscou ; cette mer de feu s’était dévorée elle-même, et la ville palpitante ne rejetait plus que çà et là des tourbillons de fumée sur des cendres. L’empereur, la montrant avec dédain et pour la dernière fois à l’armée, dit : « Il n’y a plus qu’une capitale à la Russie, marchons-y. »