Chants révolutionnairesAu bureau du Comité Pottier (p. 74-75).


N’EN FAUT PLUS



À J. Joffrin, conseiller municipal.


Pas-Froid-aux-Yeux, le faubourien,
Disait : « D’un tas de propre-à-rien
» Il est rien temps qu’on se soulage,
» Sous le siège on les a bien vus,
» N’en faut plus !…
» Des asticots dans le fromage
» N’en faut plus !…
» La coterie, il n’en faut plus !… »

« Faisant sa piaffe et cassant d’or,
» Vois-tu ce crâne état-major
» S’absinthant les jours de batailles ?
» Guerriers foireux, bourreaux poilus
» N’en faut plus !…
» Des exécuteurs de Versailles
» N’en faut plus !…
» La coterie, il n’en faut plus !… »

« Et ces camelots du bon Dieu
» Battant comtois dans le saint lieu,
» Vendant la Salette salée
» Contrôlée au cœur de Jésus,
» N’en faut plus !…
» Des Mangins de l’Immaculée
» N’en faut plus !…
» La coterie, il n’en faut plus !…


« Et ces vieux larbins herminés,
» Qui, de nos Mandrins couronnés,
» Rincent cuvette et pot de chambre
» Et guillotinent les vaincus,
» N’en faut plus !…
» Des lèche…dos du Deux-Décembre
» N’en faut plus !…
» La coterie, il n’en faut plus !… »

« Et ces mercadets si rupins
» Ayant mis sur tout leurs grappins,
» Boulottant la banque en julienne
» Et l’ouvrier cuit dans son jus,
» N’en faut plus !…
» Des mange-ta-part-et-la-mienne
» N’en faut plus !…
» La coterie, il n’en faut plus !… »

« Et ces patrons de l’atelier
» Qui, se f…ichant du journalier,
» Font de la pose radicale
» Et sont chez eux rois absolus,
» N’en faut plus !…
» De tous ces czars en chrysocale
» N’en faut plus !…
» La coterie, il n’en faut plus !… »

« Peux-tu me dire ce qu’ils font ?
» Ils font leur poussière — ils en sont.
» Il faudra nous lever en masse,
» Un beau jour, et souffler dessus,
» N’en faut plus !…
» C’est sale et ça tient de la place,
» N’en faut plus !…
» La coterie, il n’en faut plus !… »