Néologie, ou Vocabulaire de mots nouveaux/Transir

Transir. Un auteur a inventé le mot alger, pour exprimer être Transi de froid ; pourquoi ne neutraliserait-on pas le Transir, et ne dirait-on pas simplement, je Transissais, pour dire, j’étais glacé de froid ? Du moins je vois dans la racine trr, une belle onomatopée, qui me peint le frémissement d’un homme saisi par un froid très-vif. Les paysans disent, je grelottais ; la racine grr est encore le langage de la nature. (Louis Verdure.)

Transir. « Qu’on loge un philosophe dans une cage de menus filets de fer clair semez, qui soit suspendue au haut des tours de Notre-Dame de Paris ; il verra, par raison évidente, qu’il est impossible qu’il en tombe ; et si, ne saurait garder (s’il n’a accoustumé le métier de couvreurs,) que la vue de cette hauteur ne l’épouvante et ne le Transisse. » (Montaigne.)

Transir. L’empereur duquel la pompe vous éblouit en public, voyez-le derrière le rideau ; ce n’est rien qu’un homme commun, et, à l’aventure, le plus vil que le moindre de ses subjects. La fièvre, la migraine, la goutte, l’épargnent elles plus que nous ?… Quand la frayeur de la mort le Transira, se rasseurera-t-il par l’assistance des gentilshommes de sa garde. (Montaigne.)