Nécrologie de M. Tourasse

Nécrologie de M. Tourasse
Revue pédagogique, second semestre 1882n. s. 1 (p. 598).

M. Tourasse. — Le citoyen généreux et dévoué qui s’était mis à la tête de l’œuvre des bibliothèques cantonales, dont nous avons entretenu nos lecteurs dans notre dernier numéro, M. Tourasse, est mort à Pau le 15 novembre.

La plupart des journaux qui ont annoncé cette triste nouvelle ont publié sur M. Tourasse des détails biographiques erronés. Ils ont fait de lui un ouvrier basque qui serait revenu se fixer dans son pays natal après avoir fait fortune en Amérique. M. Tourasse était né à Paris en 1816 ; il avait été reçu bachelier, et avait toujours témoigné un goût très vif pour les choses de l’intelligence. À la mort de sa mère, en 1868, devenu possesseur d’une fortune assez importante, il la grossit rapidement par des spéculations heureuses, et en 1870 il alla s’établir à Pau, où il acheta une propriété. À partir de ce moment, il se consacra à des œuvres philanthropiques, et se fit l’infatigable propagateur des sociétés de secours mutuels, des caisses d’épargne scolaires, et des bibliothèques populaires. Il avait placé eu viager la plus grande partie de sa fortune, et cette combinaison, en augmentant ses revenus, lui permit de dépenser en dix années plus de deux millions au profit des entreprises dont il s’était fait l’initiateur. Un juste hommage a été rendu à cet homme de bien, sur sa tombe, par M. le préfet des Basses-Pyrénées, par M. Laurens, conseiller municipal de Pau, et par M. Bourguignon, rédacteur de la Gazette du village, à laquelle M. Tourasse avait abonné à ses frais les 40,000 instituteurs de France.

Nous apprenons que M. Tourasse a disposé, par son testament, qu’une somme de 200,000 francs, provenant de sa succession, devra être consacrée à la continuation de ses œuvres philanthropiques dans le département des Basses-Pyrénées.