Nécrologie de M. Jean Jacques Rapet
— Le doyen du haut personnel de l’enseignement primaire, M. J.-J. Rapet, est mort à Paris le 23 juillet dernier à l’âge de de 77 ans. La laborieuse carrière du défunt avait été appréciée dans les termes suivants par M. Guizot, sur le rapport duquel l’Académie des sciences morales et politiques avait décerné en 1861 à M. Rapet le prix Halphen :
« Par la pratique comme par la théorie, M. Rapet a paru digne d’obtenir le prix fondé par M. Halphen. Directeur de l’école normale primaire de Périgueux dès 1833, M. Rapet est aujourd’hui inspecteur primaire dans toutes les communes du département de la Seine. Dans ces différentes situations, il a donné une utile impulsion à l’instruction primaire, dont il a secondé l’heureux développement de 1833 à 1847. Il a contribué plus que personne à fonder de bonnes écoles normales primaires, par l’exemple de l’école qu’il dirigeait dans la Dordogne, et qui pouvait servir de modèle aux autres. M. Rapet se recommande aussi par ses travaux variés sur l’instruction primaire, Il a obtenu six prix ou accessits à l’Institut, et l’Académie, qui les lui a accordés, lui a décerné le grand prix de 10,000 francs proposé pour un Manuel de morale et d’économie politique, à l’usage des classes ouvrières. M. Rapet est un des hommes qui ont le mieux concouru aux progrès de l’instruction primaire, soit comme directeur d’école normale, soit comme inspecteur, soit comme écrivain.
» Pendant trois ans, il a fait paraître un journal d’instruction primaire, l’Éducation, dans lequel il a traité toutes les questions les plus importantes. Au journal l’Éducation, publié de 1851 à 1833, a succédé le Bulletin de l’Instruction primaire, qui, de 1854 à 1857, a paru sous les auspices du gouvernement. M. Rapet a donné, en 1852, un Cours élémentaire de la langue française, eu trois volumes, dont le succès a été si rapide, qu’il est arrivé à la cinquième édition en quelques années. Ayant vécu quelque temps auprès du P. Girard, M. Rapet s’est initié aux méthodes comme aux connaissances grammaticales de cet homme célèbre, et à la suite de ce commerce instructif, ila publié, de concert avec M. Michel, cinq volumes contenant des notices très nettes, très simples, très pratiques et fort propres à répandre le bon usage de la langue française. »
Devenu plus tard inspecteur général de l’enseignement primaire, M. Rapet avait été désigné en 1872 pour la direction du Musée pédagogique que M. Jules Simon se proposait de créer et qui resta alors, comme on le sait, à l’état de projet. Dans ces dernière années, il s’était consacré tout entier au soin d’enrichir et de compléter son intéressante bibliothèque, dont l’État a fait l’acquisition en 1880.