Nécrologie de M. Artidor Beurier

Nécrologie de M. Artidor Beurier
Revue pédagogique, premier semestre 1890 (p. 91-92).

A. BEURIER

Une mort prématurée a enlevé à l’Université, le 11 décembre dernier, un de ses meilleurs et plus dévoués serviteurs, M. A. Beurier, directeur du Musée pédagogique.

Né en 1842, élève du lycée de Lille, puis du lycée Louis-le-Grand et du collège Sainte-Barbe, A. Beurier entra à l’École Normale en 1864 ; il en sortit premier agrégé de philosophie. Il fut ensuite professeur, successivement, aux lycées de Chambéry, de Mont-de-Marsan, de Nîmes, enfin de Lille. Ayant sollicité un congé à la fin de l’année 1871, il entra dans la presse et passa quelques années comme rédacteur au journal la Gironde, où il défendit vaillamment la cause républicaine durant la crise de l’Ordre moral.

Rentré dans l’Université après le triomphe du parti républicain en 1877, il prit place dans l’administration, et fut nommé inspecteur d’académie dans le Pas-de-Calais, puis dans les Bouches-du-Rhône. C’est de là qu’il fut appelé à Paris, où il occupait depuis trois années les fonctions de directeur du Musée pédagogique.

Les mêmes qualités de vigueur d’esprit et de ferme conscience que Beurier avait montrées comme professeur, il les porta dans l’administration. Il se dévoua tout entier aux intérêts de l’instruction primaire, tous les instituteurs du Pas-de-Calais et des Bouches-du-Rhône en peuvent rendre témoignage. Travailleur infatigable, esprit judicieux et pratique, uniquement préoccupé du bien public, juste avant tout, Beurier avait toutes les qualités qui font le chef de service et l’administrateur. À la fermeté, il joignait la bienveillance et même l’indulgence. Il savait défendre ses subordonnés lorsqu’ils étaient victimes de tracasseries locales imméritées, et le faisait résolument à l’occasion. Il se faisait du devoir une haute idée, et par son exemple inspirait à tous le sentiment du devoir.

Beurier n’était pas seulement un honnête homme dans toute la force du mot, il était aussi bon et tendre. S’il a inspiré l’estime à tous ceux qui l’ont connu, personne n’a pu vivre quelque temps auprès de lui sans l’aimer. Il était un ami sûr, fidèle, dévoué autant que loyal. Sa mort est un deuil pour ses amis. Plusieurs pourront dire qu’il était pour eux comme leur conscience. C’est à lui que, dans les cas difficiles, ils s’adressaient le plus volontiers pour demander un conseil : sûrs que ce conseil serait toujours celui du bon sens et de la scrupuleuse droiture.