Mystère (Guaita)
Mystère
Mon Seigneur Jésus-Christ ! Depuis dix-huit cents ans,
La morne humanité vient manger et vient boire,
Avidement, à ton calice, à ton ciboire,
L’antidote sacré des instincts malfaisants.
L’ère nouvelle a lui, riche en promesses vaines,
Et le monde d’après vaut le monde d’avant. —
Comme aux brises d’été l’arôme des verveines,
Les effluves malsains roulent au gré du vent.
Il n'est d’espoir au ciel, ni de bonheur sur terre ;
Et notre pauvre front, sous le joug du mystère,
Ô blond Galiléen, se courbe bas, très bas !…
Notre esprit, qui devant ta royauté s’incline,
Voudrait enfin comprendre — et ne comprendra pas
Pourquoi ton flanc divin saigna sur la colline !
- Avril 1884.