Musique et Musiciens/Introduction

P. Lethielleux, imprimeur-éditeur (Premier volumep. 1--).


INTRODUCTION.


Il y a dix-huit mois, au lendemain de nos désastres j’adressais à M. Charles Blanc, directeur des Beaux-Arts la lettre suivante :

« Mon cher maître,

« En vous voyant arriver, pour la seconde fois, à la direction des Beaux-Arts, où vous appelaient vos importants travaux sur l’histoire de l’art et votre culte pour le Beau, je n’ai pas été le dernier à applaudir à une nomination que je considère comme le signal de réformes nécessaires et depuis longtemps attendues.

« En effet, si votre nom signifie : goûts élevés, travail honnête et consciencieux, profond savoir et critique sûre, il doit vouloir dire aussi : inflexibilité et lutte sans trêve contre le mauvais goût. Ceux qui connaissent et votre personne et vos écrits savent que la fortune des arts est entre des mains vaillantes : je suis convaincu, pour ma part, que vous saurez débarrasser l’État du parasitisme, véritable fléau que le budget a trop souvent entretenu et, que désormais, ses encouragements ne seront plus distribués qu’aux plus dignes pour des travaux qui les honoreront.

« Les arts plastiques vous ont occupé plus qu’aucun critique de ce temps-ci ; toutes les écoles vous sont connues, vous en avez parlé en érudit et en juge sagace ; et si un homme, tel que vous devait échouer dans sa tache, auquel donc faudrait-il s’adresser pour veiller sur nos destinées artistiques ?

« Chargé en outre de la haute direction des théâtres et de toutes nos institutions musicales, vous devez sentir votre fardeau bien lourd en présence du mal que tant de causes ont amené. En ce qui concerne la première partie de votre tache, je ne me permettrais pas de vous donner des conseils, ce serait gros Jean voulant en remontrer à son curé ; mais en ce qui regarde la seconde, j’espère que vous me les permettrez. Quels que soient les liens qui rattachent entre elles les branches de l’art et qui font qu’un artiste de votre valeur n’est étranger à aucune d’elles, cependant la musique, vous le regrettez vous-même, est celle qui vous a le moins attiré, sans pour cela diminuer en rien vos admirations pour ses grands génies. Vous avez vécu davantage parmi les lettrés, les architectes, les sculpteurs, les peintres, les graveurs, qu’au milieu des musiciens. Vous avez étudié profondément les intérêts et les talents des uns et vous connaissez moins bien ceux des autres. Cependant ces derniers, eux aussi, vous ont souhaité la bienvenue, sachant qu’il vous suffirait de vouloir pour les bien comprendre.

« Quoique indigne je vis au milieu des musiciens, servant, vous le savez, depuis longtemps leur art. Initié à leurs désirs et à leurs aspirations, j’ai pu les aider déjà, en me faisant dans la presse et dans une commission récente, le champion de leurs intérêts. C’est à ce titre, mon cher maître, à ce titre seulement, que je vous demande la permission d’en causer avec nous. Et pour vous mieux montrer ce qu’il y aurait à faire dans cet ordre d’idées, je crois indispensable de jeter un coup d’œil rapide sur la situation présente de nos théâtres lyriques et de la musique en général.

« À cette heure, il n’est pas une seule de nos scènes » lyriques, je dis — pas une seule, qui ne soit atteinte d’un mal déjà ancien dont la gravité augmente journellement, dans des proportions considérables. Les causes en sont connues. C’est d’abord, l’abandon partiel de nos principaux théâtres par l’Etat, et l’absence d’un contrôle sévère sur les actes d’industriels plus occupés de leur propre fortune que de la gloire artistique. Ces hommes profitant tantôt du succès des chefs-d’œuvre anciens pour les exploiter jusqu’à la satiété, semblables à ces fermiers sans scrupules qui épuisent par des récoltes repétées les terres quils veulent abandonner, tantôt utilisant l’engouement général pour certains virtuoses à la mode ; ces hommes, dis-je, ont compromis à la fois le passé et l’avenir prochain. Ils ont ainsi lassé le public et les exécutants des plus grands chefs-d’œuvre, les compromettant encore par des exécutions où l’ensemble était sacrifié au virtuose faisant recette. Par ce système déplorable, les directeurs peu soucieux d’un avenir compromis par leur avidité, ont, malgré eux, contribué aux exigences exorbitantes des « étoiles » qui les ruinent quand elles ne font pas leur fortune. Ils ont joué quitte ou double : mais à ce jeu c’est assurément l’art qui a le plus perdu.

« Sauf l’art décoratif, et la splendeur des mises en scène, inaugurée par les « féeries », tout est subordonné aux virtuoses : seconds rôles, chœurs et l’orchestre. Immobiles dans un répertoire restreint et trop souvent étranger, ces hommes ont arrêté l’essor de l’art national. Tandis que l’État faisait instruire à ses frais nos jeunes compositeurs, pleins d’ardeur à poursuivre les destinées de leurs glorieux prédécesseurs, les directeurs paralysaient ces sacrifices, en rendant leurs théâtres inaccessibles aux talents nouveaux.

« On voit aujourd’hui les effets de ce déplorable état de choses, sciemment établi par les uns et toléré par les autres avec cette indifférence et cette légèreté funestes à notre grandeur. Devant cette unique préoccupation des recettes par les « étoiles », la paresse, le découragement se sont mis partout, chez les exécutants comme chez les compositeurs. En sacrifiant tous les intérêts à des exhibitions, annoncées et soutenues par une réclame effrénée, comment pouvait-on compter sur le bon vouloir, sur le travail, sur la discipline, sur l’espérance, sur l’enthousiasme de chacun ?

« Entrez, mon cher ami, dans l’un de nos théâtres lyriques, et vous vous rendrez facilement compte de la vérité de mes observations. On sent que, depuis des années, l’ensemble des exécutions a été négligé ; que les emplois subalternes sont tenus par des malheureux sans éducation artistique, que les chœurs et les orchestres ne présentent plus ces masses disciplinées et instruites d’autrefois ; que le talent des chefs de pupitre a baissé de niveau, et que depuis le départ de quelques-uns de nos virtuoses, les premiers rôles sont remplis par des artistes bien médiocres.

« Voilà donc la triste situation de nos théâtres lyriques dont l’avenir me parait bien menacé. En revanche, que voyons-nous ? le nombre toujours croissant des cafés concerts : chaque jour en voit apparaître un nouveau ! Et tous voient arriver la foule, une foule ignorante que de bons théâtres pourraient instruire en l’amusant. Au lieu d’un enseignement sain au corps et à l’esprit, elle ne trouve, dans ces débits de musique et de boissons également frelatées, que la compagnie des Offenbach, des Hervé et des Villebichot, dont les grossières productions sont encore rendues plus ordurières par leurs ignobles paroles. Ces estaminets-chantants corrompent ainsi, chaque soir, des milliers d’oreilles en mettant de côté toute règle, travestissant les œuvres des maîtres lorsque par hasard ils y touchent, n’exploitant que le rire, et quel rire ? pervertissant le goût et abrutissant l’intelligence des masses. Dans un discours récent M. le ministre de l’Instruction publique, en réponse à certaines plaintes très-fondées d’un député, disait :

« Quant à la question générale, je dirai comme lui que rien ne serait plus déplorable que de tolérer les mauvais enseignements donnés par le théâtre ; ils font peut-être plus de mal encore que les mauvais enseignements donnés par les livres. »

« J’ajouterai avec la majorité de l’Assemblée : C’est vrai ! Et, bien que ces paroles s’appliquassent plutôt aux œuvres dramatiques qu’à la musique, il n’en est pas moins évident que le mal, pour être d’une nature différente, n’en existe pas moins. D’ailleurs nos théâtres de vaudevilles ne sont plus que des boîtes à musique où règnent la Grande Duchesse de Gérolsteïn, les Brigands et l’Œil crevé. Nous nageons dans le burlesque, dans la farce éhontée, dans la blague à outrance, et cela au beau pays de l’esprit, du goût et de la grâce ! Quelle amère ironie ! Sont-ce là les fruits que devait nous donner la liberté des théâtres ? Et cette fameuse liberté, dont les promoteurs n’avaient sans doute pas prévu les tristes conséquences, n’en sont-ils pas déjà à la déplorer ? Et, d’ailleurs, l’avons-nous bien réellement ? La Ville de Paris a-t-elle favorisé au même degré jusqu’ici les entreprises théâtrales, celles qui étaient dignes de ce privilège et celles qui ne l’étaient pas ! il y aurait là-dessus beaucoup à dire.

« Ainsi donc, vous le voyez, pendant que nos grandes scènes déclinent nous assistons aux débordements triomphants de l’art démocratique ! À cet art-là, puisque art il y a, dit-on, nous ne savons ce que réserve l’avenir. Dans le présent, il ne fait naître que le dégoût. Et de toutes cjs objections est sorti un orgueil affolé, insensé qui, montant au cerveau de tristes polichinels, en a fait des artistes ! Et quand un corrupteur à la mode s’apprête à vomir une nouvelle débauche, on nous annonce que « le maître a commencé ses répétitions ! » Le maître ! c’est ainsi qu’on parlait de Beethoven. Il est vrai qu’on se découvrait en le voyant passer !

« Du train où vont les choses, il ne faudrait pas beaucoup de temps pour que nous perdions dans l’art la place que nous occupons encore en Europe, comme nous avons déjà perdu celle que nous nous étions faite dans le métier des armes.

« Vous trouverez peut-être, mon cher maître, le tableau bien sombre, mais il est vrai : L’histoire nous prouve que la musique produit sur les masses des effets très opposés. Elle moralise ou elle corrompt. Lorsqu’elle chante par la voix d’un Hændel, d’un Mozart, d’un Beethoven et d’un Cherubini, elle élève nos âmes et développe en nous des sentiments délicats ou sublimes ; tantôt elle amènera sur nos lèvres un doux sourire, tantôt elle fera couler nos larmes. Mais cet art, le plus populaire de tous, peut aussi faire naître dans les foules les plus abjects instincts et les entraîner, comme par une commotion électrique, vers d’épouvantables catastrophes, ou des crimes odieux. Ces exemples sont nombreux anciens et récents. Qu’on y prenne garde, cet art à trois sous la choppe est essentiellement révolutionnaire, et si on ne l’arrête pas dans ses débordements, il achèvera de nous perdre.

« La société toute entière, et surtout à Paris, est atteinte de cette peste morale. C’est même d’en haut quelle est venue. Les débauches musicales dans lesquelles on insultait tout ce que nos pères nous avaient appris à respecter et à admirer dans le domaine de l’histoire, dans le domaine des lettres, dans le domaine de la politique, ont vu le jour dans les dix dernières années de l’empire, sur les théâtres soi-disant élégants.

« Toutefois, je me hâte de laver de cet affront la haute et vieille société française, qu’on a vu protester par son abstention contre cette dépravation du goût et des mœurs. C’est sur les parvenus, les enrichis du dernier règne, mêlés aux étrangers des deux mondes, qu’il faut en faire retomber la faute et la responsabilité. Le plus fêté de ces empoisonneurs est un Allemand d’origine auquel une ambassadrice étrangère donnait sa protection en assistant à toutes ses pièces, entourée de sa coterie, en même temps que Thérésa, reçue dans son salon, devenait l’objet de sa faveur !

« Je n’ai fait qu’esquisser le mal, mon cher ami, et il vous appartient en le regardant de près d’y porter remède sans retard, car vous êtes le directeur des Beaux-Arts, et vous ne voudrez pas que ce qu’il y a de plus noble dans les sociétés civilisées devienne un instrument de dépravation. Sans prétendre vous indiquer les moyens de sauver l’art musical en France d’un tel abaissement, je veux cependant, dans la mesure de mes forces vous soumettre mes idées à cet égard.

« À peine rentré dans Paris, après la Commune, vous vous êtes mis à l’œuvre et déjà vous avez contribué à faire rendre aux grandes scènes lyriques une partie de leurs subventions. Dans un temps prochain vous aurez loccasion de demander qu’elles soient votées dans leur intégrité, et vous y réussirez, nous Tespérons.

« Vous avez entrepris la réorganisation du Conservatoire de Musique et pris de concert avec M. A. Thomas et M. de Beauplan, votre chef de service, quelques décisions dont la valeur est appréciée généralement. J’y ai fort applaudi moi-même, sauf en ce qui concerne la suppression du pensionnat, mesure sur laquelle je fais mes réserves.

« Donner des encouragements, nommer des professeurs et des directeurs, rédiger les cahiers des charges de ces derniers, c’est déjà beaucoup, mais ce n’est point assez. Si je me suis bien fait comprendre, il faut plus que tout cela pour lutter efficacement contre la perversion du goût. À l’esprit routinier et trop commercial des directeurs de théâtres, opposez non pas seulement les clauses de vos traités, njais le but plus élevé qu’ils doivent poursuivre. Faites-leur comprendre que nous sommes à une époque de crise et qu’après avoir établi la balance de leurs recettes et de leurs dépenses, ils doivent vous aider à la régénération du goût, et que, si l’État leur distribue l’argent des contribuables, c’est avant tout pour maintenir l’art dans les plus hautes régions. Faites-leur comprendre qu’ils doivent rendre aux chefs-d’œuvre du passé leur ancien éclat par de belles exécutions, soignées dans toutes leurs parties.

« Soutenez M. A. Thomas dans ses louables efforts et stimulez-le, s’il est besoin, afin que l’excellent cœur de l’homme privé n’affaiblisse par l’énergie indispensable au directeur. Reconstituez avec son aide l’unité perdue de l’enseignement au Conservatoire et les mœurs compromises. Rétablissez la discipline et imposez le respect envers les professeurs, en faisant que ceux-ci s’en montrent dignes. Ne laissez pas sortir de votre école des élèves dont l’éducation est à peine ébauchée, les sacrifices de l’État vous imposant le devoir de les retenir jusqu’au jour où ils pourront nous faire honneur. Créez des diplômes de capacité sans lesquels les élèves ne pourront débuter sur les théâtres subventionnés. C’est ainsi que vous formerez à nouveau une pépinière de jeunes talents dignes de leurs prédécesseurs dans un passé déjà loin.

« Prenez en haute considération la position de nos compositeurs nationaux ; allez au-devant du mérite inconnu qui ne peut se produire tout seul œmme celui du peintre ou du statuaire ; si les compositeurs inconnus ne viennent pas à vous faites-les rechercher par vos inspecteurs qui n’inspectent pas. Faites-vous renseigner sur eux, en un mot éclairez-vous. Ouvrez-leur d’autres voies en dehors du théâtre où si peu peuvent parvenir et auquel tous ne sont pas aptes. Pour naître à la lumière, la musique symphonique n’attend chez nous qu’un rayon de faveur. Créez un fonds destiné à la publication des œuvres instrumentales, car vous savez que les éditeurs préfèrent graver les Canards à trois becs, hélas ! trop demandés sur le marché, que les compositions artistiques. Faites décider de leur valeur et de leur impression par un comité compétent et prélevez-en le fond sur la somme considérable distribuée chaque année aux copistes, souvent sans talent, des chefs-d’œuvre de la peinture.

« Et maintenant, pour lutter contre l’envahissement des cafés-concerts, encouragez la création de sociétés chorales, de concerts populaires, vraiment dignes de ce nom, et n’accordez des privilèges qu’après examen des moyens d’exploitation ; donnez à ces établissements des primes d’encouragement, à la charge d’avoir les prix d’entrée les plus minimes. Affranchissez-les des droits qui les grèvent, à la condition de ne faire entendre que de belles et saines œuvres. Par votre énergie, débarrassez la rue de toutes les bastringues, des orchestres, des tréteaux, des hurlements et des hoquets qu’on y entend ; balayez enfin les maisons de prostitution musicale dont Paris regorge.

« Et lorsque vous aurez, mon cher maître, accompli cette rude besogne, on pourra dire de vous ; il a sauvé l’art de la ruine qui le menaçait et le pays des débauches de l’esprit où on l’avait plongé. »

Depuis un an, je me hâte de le reconnaître, de grands efforts ont été tentés par le ministre des Beaux-Arts dans le sens indiqué dans la lettre qu’on vient de lire. Et ces efforts ne sont point restés stériles. La direction de notre première scène lyrique est échue à un homme intelligent, expérimenté, artisan d’une fortune honnêtement acquise, à un homme loyal, esclave de ses engagements vis-à-vis de l’État.

M. Halanzier a inauguré sa direction en montant l’œuvre d’un de nos jeunes compositeurs, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps à l’Opéra, malgré la subvention de neuf cent mille francs, dont ce théâtre jouissait sous l’Empire ; tout récemment rhonorable successeur de M. Perrin payait une dette contractée par celui-ci en confiant aux meilleurs artistes de la compagnie, un ouvrage français couronné au concours de 1869.

L’Opéra-Comique, avec une subvention réduite de moitié, suit la même voie, et ouvre sa porte à nos compositeurs ; le petit théâtre de l’Athénée quichercbe àse substituer à l’ancien Théâtre-Lyrique, ne vit que des nouveautés toute françaises ; enfin les Bouffes-Parisiens eux-mêmes, semblent vouloir rompre avec le mauvais goût, et donner de vraie musique.

Dans un autre ordre d’idées, c’est-à-dire dans la symphonie, dans la musique chorale ou dans la musique de « chambre » des encouragements, proportionnés avec l’exiguité de nos ressources budgétaires actuelles ont été donnés par la direction des Beaux-Arts aux sociétés qui favorisent l’expansion du talent de nos compositeurs.

L’impression de quelques œuvres nationales voir même de livres et de traités sur la musique ont pu voir le jour, grâce à l’aide de l’État. Partout nos musiciens se voient accueillis avec empressement.

Un tel mouvement ne s’était pas vu encore et il faut en attribuer l’honneur au ministre des Beaux-Arts qui a su s’entourer d’hommes distingués, spéciaux et dévoués aux intérêts de l’art[1].

Jusqu’ici le Conservatoire, soûl, bien qu’il ait fondé deux cours utiles ne semble pas disposé à de sérieuses réformes. C’est là un grand malheur pourtant au point de vue de l’art du chant, tombé là, comme ailleurs, en pleine décadence.

Le lecteur trouvera le développement de nos ressources en musique, dans les pages qui vont suivre. Il y lira le compte-rendu des ouvrages nouveaux représentés à Paris depuis deux ans, celui de quelques chefs-d’œuvre, remis à la scène ou exécutés dans les concerts, ainsi que des appréciations sur quelques-uns des maîtres contemporains. Enfin et pour faire mieux connaître l’un d’eux, M. Wagner, j’ai traduit et examiné certains fragments de ses œuvres critiques.

C’est, en un mot, l’abrégé du mouvement musical des dernières années que je présente au public. Une seule lacune m’est imposée par les circonstances ; j’ai dû renoncer à parler de nos chanteurs et de nos cantatrices. Un traité passé avec l’éditeur des Étoiles du chant[2] m’oblige à réserver mes études sur ce sujet pour l’ouvrage, que j’ai entrepris avec le concours d’un graveur renommé, M. Morse. J’ignore quand il sera continué et terminé ; aussi n’est-ce pas sans regret que je renonce aujourd’hui à parler de Mme Carvalho et de M. Faure pour ne citer que nos deux plus illustres virtuoses.

Écrit au jour le jour des événements, ce petit livre n’a d’autre prétention que de présenter une réunion de documents impartiaux à ceux qui écriront, plus tard, l’histoire de la musique en France, à notre époque et d’avoir été dicté par un sentiment bien fort de la justice et de la vérité, puisé au culte du Beau.

G. C.
  1. Un compositeur distingué, M. Vaucorbeil, nommé commissaire du gouvernement près des théâtres lyriques et M. Arthur de Beauplan, chef du bureau des théâtres.
  2. Trois livraisons des Étoiles du Chant ont paru chez l’éditeur Plon, 8 rue Garancière. Elles sont consacrées à Mmes Krauss, Nilsson et Patli.