Le Vigneron dans sa vigne/Murmures
MURMURES
La bêche. — Fac et spera.
La pioche. — Tu dit toujours ça, mais moi aussi.
Les fleurs. — Fera-t-il soleil aujourd’hui ?
Le tournesol. — Oui, si je veux.
L’arrosoir. — Pardon, si je veux, il pleuvra.
Le rosier. — Oh ! quel vent !
Le tuteur. — Je suis là.
La framboise. — Pourquoi les roses ont-elles des épines ? Ça ne se mange pas une rose.
La carpe du vivier. — Bien dit ! C’est parce qu’on me mange que je pique, moi, avec mes arêtes.
Le chardon. — Oui, mais trop tard.
La rose. — Me trouves-tu belle ?
Le frelon. — Il faudrait voir les dessous.
La rose. — Entre.
Le pinson. — Je trouve l’hirondelle stupide : elle croit qu’une cheminée, c’est un arbre.
La chauve-souris. — Et on a beau dire, de nous deux c’est elle qui vole le plus mal ; en plein jour, elle ne fait que se tromper de chemin. Si elle volait la nuit, comme moi, elle se tuerait à chaque instant.
Le mur. — Je ne sais quel frisson me passe sur le dos.
Le lézard. — C’est moi.
L’abeille. — Du courage ! Tout le monde me dit que je travaille bien. J’espère, à la fin du mois, passer chef de rayon.
Les violettes. — Tiens ! nous sommes toutes officiers d’académie.
Les violettes blanches. — C’est une raison de plus pour être modestes, mes sœurs.
Le poireau. — Est-ce que, moi, je me vante ?
L’asperge. — Mon petit doigt me dit tout.
L’épinard. — C’est moi qui suis l’oseille.
L’oseille. — Mais non, c’est moi.
La pomme de terre. — Je crois que je viens de faire mes petits.
Le pommier (à son voisin d’en face). — C’est ta poire, ta poire, ta poire,… c’est ta poire que je voudrais produire.
Le geai. — Toujours en noir, vilain merle.
Le merle. — Monsieur le préfet, je n’ai que ça à me mettre.
L’échalote. — Oh que ça sent mauvais !
L’ail. — Je parie que c’est encore l’œillet.
La pie. — Cacacacaca…
La grenouille. — Qu’est-ce qu’elle dit ?
La pie. — Je chante.
La grenouille. — Couac.
Les deux pigeons. — Viens mon grrros, viens mon grrros, viens mon grrros…
La taupe. — Taisez-vous donc là-haut ! On ne s’entend plus travailler.
L’araignée. — Au nom de la loi, j’appose mes scellés.
Les moutons. — Mée… Mée… Mée…
Le chien de berger. — Il n’y a pas de mais.